Vladimir Poutine ne laisse que très peu de personnes l'approcher, et encore moins des Occidentaux. Angela Stent fait partie des rares exceptions. Cette scientifique américaine a rencontré le chef du Kremlin à plusieurs reprises au fil de sa carrière. Elle est considérée comme l'une des spécialistes les plus renommées de Poutine.
La professeure dirige le Centre pour l'Eurasie, la Russie et l'Europe de l'Est de l'université de Georgetown à Washington, D.C. Cette ancienne officière de renseignement travaillait pour le Département d'État américain.
«Plus il prenait de l'assurance, plus il devenait intimidant»
Au fil des années, le président russe a beaucoup changé, selon les observations d'Angela Stent. «La dernière fois que je l'ai rencontré, c'était en 2019. J'ai senti qu'il devenait de plus en plus paranoïaque, et de plus en plus sûr de lui-même. Il vit dans un monde à part», déclare-t-elle à «Focus».
Mais le chef du Kremlin n'a pas toujours été comme ça, se rappelle l'experte. A l'époque, il était plus timide. Mais Angela a toujours fait attention à ce qu'elle disait en sa présence: «Je ne me suis jamais sentie à l'aise en sa compagnie. Plus il prenait de l'assurance, plus il devenait intimidant.»
Poutine veut toujours plus à long terme
Selon Angela Stent, Poutine est persuadé que l'Occident a l'intention de détruire la Russie, et qu'il est de son devoir de l'en empêcher. Il souhaiterait par ailleurs le retour de l'empire russe, ce qui reviendrait à rattacher la Pologne, la Lituanie et la Lettonie à la Russie.
Tant de déclarations qui confirment que Poutine est dangereux. La spécialiste poursuit: «S'il parvenait à s'emparer militairement d'autres territoires ukrainiens, cela l'encouragerait à en vouloir plus. Pas aujourd'hui ni demain, mais à long terme.»
«Poutine interprète toute hésitation comme une faiblesse»
L'Occident doit donc représenter la force, ensemble. Le chef du Kremlin observe toujours la situation de près. «Poutine interprète toute hésitation comme une faiblesse. Il ne faut jamais lui céder, mais toujours lui tenir tête.»
Mais Angela Stent rassure: il n'y a actuellement aucune raison de paniquer. Une nouvelle guerre imminente n'est pas à craindre. Mais l'Occident ne doit pas faire de concessions à Poutine. «Il veut donner l'impression qu'il est prêt à négocier. Mais en réalité, il ne le fera jamais.»