En un seul post sur les réseaux sociaux, Donald Trump a clairement indiqué ce mercredi dans quel camp il se trouvait: sur sa plateforme Truth Social, il a qualifié le président ukrainien Volodymyr Zelensky de «dictateur sans élections», répétant ainsi le narratif du Kremlin.
Les partenaires occidentaux des Etats-Unis ont vite réagi avec consternation. Le chancelier allemand Olaf Scholz a ainsi tweeté qu'il était «faux et dangereux» de nier la légitimité démocratique de Zelensky. De son côté, le Premier ministre norvégien, Jonas Gahr Støre, a déclaré: «L'affirmation selon laquelle l'Ukraine a commencé la guerre est historiquement fausse et ne constitue pas un bon point de départ pour y mettre fin.»
Trump en voyage
Un chapitre du passé de l'actuel président américain permet d'un peu mieux comprendre la situation. Dans les années 1980, plusieurs oligarques russes, qui dominaient très largement la Russe avant l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, l'ont aidé financièrement à plusieurs reprises, comme l'a rapporté la chaîne de télévision allemande ZDF il y a des années déjà.
Ainsi, dès 1984, Donald Trump s'est retrouvé dans le collimateur des services secrets russes, alors encore soviétiques. Il a donc été décidé d'attirer ce gros poisson américain à Moscou en 1987. Yuri Dubinin, qui était alors ambassadeur russe à l'ONU à New York en 1986, a noué un premier contact et a couvert Trump de compliments lors d'une rencontre dans sa tour new-yorkaise.
«Il a tout de suite fondu sous mes éloges. C'est un homme émotionnel, très impulsif. Il a besoin de reconnaissance, et quand il l'obtient, c'est la fête. La visite de mon père a eu sur lui le même effet que du miel pour une abeille», se souvient la fille de Yuri Dubinin, Natalia, qui était présente lors de la rencontre, dans un entretien avec le quotidien russe «Komsomolskaya Pravda».
«Une expérience extraordinaire»
Yuri Dubinin avait auparavant écrit une lettre à Donald Trump, en janvier 1986. On y lit que la principale agence publique soviétique pour le tourisme international, Goskomintourist, avait manifesté son intérêt pour une joint-venture pour la construction et la gestion d'un hôtel à Moscou. Comment le savons-nous? C'est Trump lui-même qui l'écrit, dans son livre «The Art of the Deal» («L'art de la négociation» en français).
Selon des sources des services secrets russes, l'agence mentionnée fonctionnait comme une succursale du KGB. Le voyage à Moscou a été «une expérience extraordinaire», écrit Trump dans ses mémoires. Lui et toute sa famille ont pu séjourné dans la suite de Lénine au National Hotel. De quoi faire se retourner le révolutionnaire communiste dans sa tombe...
Mafia russe à la Trump Tower
A son retour sur le sol américain, l'attitude politique de Trump a sensiblement changé: dans les journaux, il fait paraître des articles pleine page où il s'insurge contre l'OTAN. Lorsqu'il remporte les élections présidentielles en 2016, cela fait donc des décennies qu'il entretient déjà des liens de confiance avec de nombreux hommes d'affaires hauts placés du Kremlin.
L'un d'entre eux est le Canadien Alex Shnaider, né en Ukraine. Son beau-père, l'homme d'affaires israélo-suisse Boris Birshtein, né en Union soviétique, entretiendrait des relations étroites avec la mafia russe, selon le «Financial Times».
Dès l'automne 2016, les services de renseignement américains sont parvenus à la conclusion suivante dans un rapport commun: Vladimir Poutine a ordonné une opération de renseignement pour faire élire Trump président à l'aide de piratages informatiques, de fausses informations et d'attaques contre le système électoral américain. Le fait qu'il menace désormais Zelensky, l'homme à abattre de son compère russe, ne doit donc rien au hasard.