La religieuse italienne a été nommée Préfet du Dicastère pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, le «ministère» de la Curie (gouvernement du Vatican) chargé des ordres et congrégations religieux. Il s'agit d'une «première» historique, a confirmé mardi à l'AFP un responsable du Vatican.
Le Vatican, dont l'italien est la principale langue de travail et de communication, ne féminise pas les titres et fonctions de son administration. Soeur Brambilla, une ancienne infirmière de 59 ans qui a été également missionnaire au Mozambique, était numéro deux de ce dicastère depuis octobre 2023.
Elle est «considérée comme modérée et conciliante», avec «une expérience respectable comme missionnaire en Afrique et comme administratrice», a commenté la vaticaniste Franca Giansoldati dans le quotidien romain Il Messaggero.
Réduite à un rôle de représentation?
Mais à l'instar d'autres experts du Vatican, elle s'interroge sur la décision du pape de nommer un cardinal comme «pro-préfet» au côté de la religieuse. Le Vatican n'a pas expliqué quel serait le rôle du cardinal espagnol Angel Fernandez Artime, âgé de 65 ans. Le terme «pro-préfet» désigne traditionnellement une personne amenée à prendre éventuellement le rôle de préfet, selon le site religieux spécialisé Cruxnow.com.
Selon Franca Giansoldati, ceux qui militent pour un rôle accru des femmes au sein de l'Eglise sont «perplexes» face à cette double nomination, inquiets de voir le cardinal détenir le vrai pouvoir et soeur Brambilla réduite à un rôle de représentation.
Selon Cruxnow, «comme les dirigeants de certains ministères du Vatican prennent des décisions au nom du pape (...) ils doivent être par conséquent membres d'ordres religieux, c'est à dire ordonnés prêtres».
Au sein de l'Eglise, les femmes sont bien plus nombreuses que les hommes: 559'228 contre 128'559, selon des chiffres officiels du Vatican de 2024. Mais les femmes ne peuvent toujours pas devenir prêtres, malgré de nombreux appels en ce sens.
Manque de visibilité
Née à Monza dans le nord de l'Italie, Simona Brambilla a été infirmière avant d'entrer dans les ordres. Elle a ensuite obtenu un doctorat en psychologie avant de diriger l'Institut des soeurs missionnaires Consolata de 2011 à mai 2023.
Selon Vatican News, média officiel du Vatican, depuis l'élection de François en 2013 et jusqu'en 2023, la proportion de femmes occupant des fonctions au Saint-Siège et dans l'administration de l'Etat du Vatican dont le souverain pontife est le chef, est passée de 19,2% à 23,4%.
Le pape, chef des quelque 1,4 milliard de catholiques, a déjà nommé des femmes à des postes à responsabilité, dont Barbara Jatta en 2016, «directeur» des prestigieux musées du Vatican, et Raffaella Petrini, devenue «secrétaire général» du Gouvernorat, fonction généralement réservée à un évêque.
Toutefois le dernier synode, assemblée mondiale de laïcs et religieux réfléchissant à l'avenir de l'Eglise, qui s'est tenu fin 2024, a reconnu le manque de visibilité des femmes dans l'Eglise et son gouvernement.
Un système encore beaucoup dominé par les hommes
Si «les femmes et les hommes ont une dignité égale en tant que membres du peuple de Dieu», «les femmes continuent à rencontrer des obstacles pour obtenir une plus grande reconnaissance» de leur rôle, constate le document final, approuvé par le pape.
Des associations, actives notamment en Europe et en Amérique du Nord, déplorent la marginalisation des femmes par un système jugé patriarcal, malgré leur rôle central dans les paroisses du monde entier.
A l'issue du synode, la question de l'ordination des femmes (accès au rôle de prêtre) a été laissée en suspens, les participants constatant encore de nombreuses réticences, notamment chez une frange conservatrice de l'Eglise et dans certaines régions.