Une «militante des droits de l'homme»y est détenue
Le Venezuela expulse des membres de l'ONU de son territoire

Le Venezuela suspend les activités du bureau de l'ONU pour les droits de l'homme et ordonne le départ de son personnel, suite à des critiques sur la détention d'une avocate accusée de terrorisme.
Publié: 15.02.2024 à 21:18 heures
Le ministre Yvan Gil a dénoncé le «rôle inapproprié que cette institution a développé, qui loin de se montrer comme une entité impartiale, l'a conduite à devenir le bureau privé des putschistes et des terroristes qui complotent en permanence contre le pays» (archives).
Photo: Andre Borges

Le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Yvan Gil, a annoncé jeudi «suspendre les activités» du bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) dans le pays. Il a ordonné le départ de son personnel sous 72 heures. Le HCDH, dirigé par Volker Türk, avait sur le réseau X exprimé sa «profonde inquiétude» après le placement en détention de l'avocate «militante des droits de l'homme» Rocio San Miguel, poursuivie pour «terrorisme», demandant «instamment sa libération immédiate et le respect de son droit à la défense».

Le ministre Gil a dénoncé le «rôle inapproprié que cette institution a développé, qui loin de se montrer comme une entité impartiale, l'a conduite à devenir le bureau privé des putschistes et des terroristes qui complotent en permanence contre le pays».

La suspension restera en vigueur «jusqu'à ce qu'ils rectifient publiquement devant la communauté internationale leur attitude colonialiste, abusive et violant la Charte des Nations unies», a-t-il ajouté.

Mme San Miguel, de nationalité vénézuélienne et espagnole, est accusée de «trahison», «terrorisme» et «conspiration», car «directement liée» à un attentat qui visait à assassiner le président Nicolas Maduro, selon le procureur général du Venezuela Tarek William Saab qui a fustigé mardi «une campagne féroce menée depuis l'étranger contre la justice et l'Etat vénézuéliens».

L'Union européenne et les Etats-unis avaient également fait part de leur «préoccupation» concernant le sort de l'avocate, directrice d'ONG et spécialiste des questions militaires, arrêtée le 9 février à l'aéroport de Caracas. Son ex-mari a également été placé en détention dans cette affaire de complot pour laquelle 19 personnes ont été arrêtées.

Le bureau du Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a été installé au Venezuela en 2019, sous la direction de l'ancienne présidente du HCDH, Michelle Bachelet. Sa tâche principale est de «fournir un soutien à la mise en oeuvre effective des recommandations émises» dans les rapports que le Haut-Commissaire présente au Conseil des droits de l'homme.

Depuis 2019, il y a eu au moins six rapports sur la situation au Venezuela.

Volker Türk s'était rendu en janvier 2023 au Venezuela, sur invitation de Caracas, et s'était entretenu avec le président Nicolas Maduro pour évoquer la situation des droits humains dans le pays.

M. Türk et sa délégation avaient rencontré également des ONG, des représentants de la société civile et des victimes dénonçant «des violations systématiques».

Le Conseil des droits de l'homme des Nations unies, organe intergouvernemental des Nations unies composé de 47 Etats, a pour sa part établi, en 2019 également, une mission d'enquête indépendante d'établissement des faits sur la République bolivarienne du Venezuela.

Dans un rapport mardi, la mission a dénoncé une «vague de répression contre les opposants» qui s'intensifie dans le pays.

Selon la présidente de la mission d'enquête, Marta Valinas, «il ne s'agit pas d'incidents isolés, mais plutôt d'une série d'événements qui semblent faire partie d'un plan coordonné visant à réduire au silence les critiques et les opposants présumés».

Francisco Cox, membre de la mission, a soutenu que «l'Etat vénézuélien a violé les droits de l'homme de dizaines de personnes en enquêtant sur des groupes de conspirateurs présumés, privant les personnes faisant l'objet d'enquêtes, détenues et poursuivies des droits les plus élémentaires».

«Si l'Etat a le droit d'enquêter, il doit le faire dans le plein respect des droits de l'homme et sans commettre de crimes internationaux», a-t-il ajouté, en référence notamment aux «détentions et menaces de détention de membres de la Commission nationale des primaires, ainsi que de militants du parti politique vainqueur des élections primaires de l'opposition, et la disqualification de dirigeants politiques, y compris du chef de l'opposition Maria Corina Machado, de leurs fonctions publiques».

(ATS)

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