A peine assis dans le Bureau oval de la Maison Blanche, lundi 20 janvier, que Donald Trump donne le ton: il a signé environ 200 décrets, illustrant sa volonté de bouleverser les politiques existantes.
Certaines de ses mesures, prises seulement quelques heures après son investiture, feront probablement l'objet de contestations devant les tribunaux, tandis que d'autres resteront avant tout symboliques. Mais dans son ensemble, ces décrets prouvent de la volonté du 47e président des Etats-Unis de rompre avec les politiques de l'administration Biden. Un virage à 180 degrés. Tour d'horizon des mesures les plus marquantes.
Immigration
Une grande partie du programme de Donald Trump lors de sa première journée en tant que président des Etats-Unis a été consacrée à la question de l'immigration. Lundi soir, il a décrété, comme annoncé lors de sa campagne, l'état d'urgence à la frontière mexicaine. De cette manière, il a débloqué un financement fédéral pour la construction du mur frontalier et pour le déploiement de forces armées.
Quelques minutes après la signature de la mesure, une application lancée par l'administration Biden pour permettre aux migrants de déposer leur demande d'asile avant d'entrer aux Etats-Unis, a cessé de fonctionner. La situation a déclenché des scènes de désespoir du côté mexicain de la frontière, à la découverte de l'annulation de leurs rendez-vous.
Donald Trump a également signé un décret visant à redéfinir le droit du sol qu'il a qualifié de «ridicule» face à la presse dans le Bureau ovale. Revenir sur cette disposition prévue par le 14e amendement de la Constitution promet d'inévitables contestations judiciaires. Le nouveau président des Etats-Unis a également promulgué une loi classant deux grands cartels de la drogue comme organisations terroristes, ouvrant potentiellement la voie à l’usage de la force militaire américaine sur le sol mexicain.
Ces premières mesures interviennent alors que les passages à la frontière mexicaine sont en baisse, amorcés par les mesures restrictives sur l'asile mises en place sous Biden. Trump retrouve la Maison Blanche en héritant d’une frontière où le nombre de passages est moins élevé qu'à la fin de son premier mandat.
Grâces présidentielles
Une des premières mesures annoncée par Donald Trump lors de son accession au pouvoir a été la grâce de 1500 participants à l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Pour les 14 autres personnes condamnées pour leur rôle dans l'attaque, leur peine a été commuée en période de prison déjà purgée. Il s'agit de membres de milices d'extrême droite des Proud Boys et des Oath Keepers. «Nous espérons qu'ils sortiront cette nuit», a déclaré Donald Trump. Les poursuites encore en cours contre quelques centaines de personnes sont également annulées.
Ces grâces sont la concrétisation d'une promesse faite par Donald Trump a plusieurs reprises lors de sa campagne électorale et ces derniers jours. Le nouveau président n'avait cependant jamais donné la moindre indication sur l'ampleur des grâces qu'il envisageait.
Accords internationaux
Donald Trump a également signé lundi soir un décret retirant une nouvelle fois les Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat. Ce pacte mondial vise à limiter le réchauffement climatique à moins de deux degrés par rapport aux niveaux préindustriels.
Le Républicain, climatosceptique notoire, s'était déjà retiré de cet accord lors de son premier mandat. Une des premières actions de Joe Biden lorsqu'il était devenu président en 2021 avait été de le rejoindre à nouveau.
En revanche, Trump a déclaré lundi soir l'état d'urgence énergétique aux Etats-Unis. Une première dans l'histoire du pays qui lui permettrait ainsi de débloquer de nouveaux pouvoirs pour suspendre certaines règles environnementales ou accélérer l'autorisation de certains projets miniers. «Nous allons forer à tout-va», a-t-il répété, une formule devenue un de ses slogans de campagne.
Le milliardaire américain, s'est également retiré de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) lundi soir. «L'OMS nous a escroqués», a-t-il accusé, après avoir déclaré au moment où il signait ce décret que la contribution des Etats-Unis à l'organisation internationale était beaucoup plus importante que celle de la Chine.
Réseaux sociaux
Fidèle à sa promesse faite la veille de sa prise de fonctions, Trump a signé lundi un décret ordonnant à son gouvernement de suspendre pour 75 jours l'application de la loi interdisant le réseau social TikTok aux Etats-Unis. Cette loi, votée par le Congrès en 2024 et entrée en vigueur dimanche, impose à la maison mère de la plateforme de la vendre sous peine d'interdiction sur le territoire américain.
L'application avait été inaccessible aux Etats-Unis durant quelques heures ce week-end. Donald Trump entend également utiliser ce délai supplémentaire pour évaluer les risques que posent TikTok et son actionnaire chinois en matière de sécurité et «déterminer si les mesures déjà prises par TikTok sont suffisantes».
Administration fédérale
Devant la foule de ses partisans à Washington, et dans une mise en scène dont il a le secret, Trump a signé un décret pour mettre fin au télétravail des fonctionnaires fédéraux. Ce décret «impose aux fonctionnaires fédéraux de revenir travailler au bureau à plein temps avec effet immédiat», a déclaré un responsable au micro, pendant que Donald Trump brandissait un document signé de sa main dans une grande salle de la capitale accueillant des milliers de ses partisans célébrant son retour au pouvoir.
Le multimilliardaire Elon Musk, à qui Donald Trump a confié une mission consultative au gouvernement, avait suggéré de revenir sur le principe du télétravail, ce qui «entraînerait une vague bienvenue de départs volontaires» au sein d'une administration jugée trop lourde et dispendieuse.
Donald Trump a également gelé les embauches d'employés dans l'administration fédérale. Les membres de l'armée ou les postes «liés à l'application des lois sur l'immigration, la sécurité nationale ou la sécurité publique» ne sont pas concernés.
Ere Biden
Trump a annulé 78 décrets de l’ère Biden. Parmi les politiques révoquées figurent: l’interdiction de la discrimination basée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans les agences fédérales, l’autorisation des personnes transgenres à servir dans l’armée américaine, l’interdiction de renouveler les contrats des prisons privées, ainsi que l’engagement éthique imposé aux membres de l’exécutif.
D’autres décrets annulés incluent le retrait de Cuba de la liste des Etats sponsors du terrorisme, l’application de sanctions contre certains colons en Cisjordanie, et des mesures visant à encadrer les risques de l’intelligence artificielle.