Événement géopolitique majeur, quatre énormes fuites de gaz précédées d'explosions sous-marines s'étaient produites le 26 septembre 2022 à quelques heures d'intervalle sur Nord Stream 1 et 2, conduites reliant la Russie à l'Allemagne et acheminant l'essentiel du gaz russe vers l'Europe.
À cette époque, Moscou avait déjà cessé de livrer du gaz via Nord Stream 1, sur fond de bras de fer énergétique avec les pays européens qui soutiennent l'Ukraine. Nord Stream 2 n'est jamais entré en service.
Trois enquêtes ont été ouvertes, en Allemagne, en Suède et au Danemark. L'enquête suédoise est la première à s'achever.
«La conclusion de l'enquête est qu'elle n'est pas du ressort de la juridiction suédoise et que l'enquête doit donc être clôturée», a dit le procureur suédois Mats Ljungqvist dans un communiqué. Et de poursuivre: «Rien n'indique que la Suède ou des citoyens suédois aient été impliqués dans cette attaque qui s'est déroulée dans les eaux internationales.»
Selon Mats Ljungqvist, un «grand nombre» de mouvements de bateaux ont été analysés et «une enquête approfondie a été menée sur la scène du crime».
Les services de renseignements suédois Säpo ont précisé, dans un communiqué séparé, que le sabotage ne visait pas la Suède et ne menaçait pas la sécurité du pays.
Qui a saboté les gazoducs?
Les fuites de gaz se sont produites dans les eaux internationales, au large de l'île danoise de Bornholm et des côtes du Sud de la Suède.
La responsabilité des explosions a été attribuée, selon différentes enquêtes de médias, à l'Ukraine, à la Russie ou aux Etats-Unis, mais tous ont nié.
La «principale hypothèse est qu'un État est derrière» le sabotage, avait affirmé en avril 2023 le procureur suédois Ljungqvist, ajoutant que ses auteurs savaient «très bien qu'ils laisseraient des traces».
Dans le cadre de sa coopération judiciaire avec l'Allemagne, le parquet suédois a «pu remettre des documents qui peuvent être utilisés comme preuves dans l'enquête allemande», a ajouté Mats Ljungqvist mercredi.
«Notre enquête se poursuit», a réagi une porte-parole du parquet fédéral allemand interrogé par l'AFP. «Aucune information complémentaire ne sera pour le moment livrée».
Les autorités russes ont salué la décision suédoise
«C'est une décision remarquable», a dit le porte-parole du Kremlin Dmitry Peskov. «Il sera intéressant de voir avec quelle rigueur les autorités allemandes aborderont cette enquête», a-t-il poursuivi, estimant que «de nombreuses informations ont été publiées sur les personnes qui pourraient être à l'origine de cette affaire».
En novembre, une enquête conjointe du quotidien américain Washington Post et du magazine allemand Der Spiegel assurait qu'un commandant des forces spéciales ukrainiennes avait joué un rôle clé dans le sabotage, en tant que «coordinateur» de cette action.
Selon le Washington Post, l'opération de sabotage aurait été conçue en maintenant le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans l'ignorance.
M. Zelensky a nié à plusieurs reprises que son pays puisse être impliqué. «Je ne ferais jamais cela», a-t-il déclaré en juin dernier au quotidien allemand Bild, ajoutant qu'il «aimerait voir des preuves».
Fortement dépendant du gaz russe avant la guerre en Ukraine, l'Allemagne a dû le remplacer au pas de course par d'autres fournisseurs, au prix d'une envolée des coûts de l'énergie dans la première économie européenne.