Une décision explosive
Jugé pour monopole publicitaire, le démantèlement de Google se rapproche

Une juge américaine a statué que Google a monopolisé le marché de la publicité en ligne. Le géant technologique est accusé d'actions anticoncurrentielles délibérées pour maintenir sa position dominante. La décision pourrait entraîner des changements majeurs sur le web.
Publié: 17.04.2025 à 19:06 heures
«Les plaignants ont prouvé que Google avait sciemment entrepris une série d'actions anticoncurrentielles», a conclu la juge fédérale.
Photo: keystone-sda.ch

Le web tel que nous le connaissons va-t-il disparaître? C'est en tout cas la direction que semble indiquer le jugement aussi historique qu'explosif tombé ce jeudi. Google a monopolisé le marché de la publicité sur internet, a tranché une juge fédérale, estimant que les plaignants avaient prouvé que le géant américain des technologies avait «sciemment entrepris une série d'actions anticoncurrentielles» pour parvenir à ses fins. L'administration de Joe Biden avait assigné Google en janvier 2023 devant un tribunal fédéral de Virginie (Est des Etats-Unis), réclamant que le groupe soit contraint de céder des actifs. Un procès s'est tenu en novembre 2024.

«Les plaignants ont prouvé que Google avait sciemment entrepris une série d'actions anticoncurrentielles pour atteindre et conserver un pouvoir de monopole dans le serveur de publications publicitaires et dans les marchés d'échanges de publicités sur internet», a conclu la juge fédérale Leonie Brinkema, dans une décision de 115 pages rendue publique jeudi. «Pendant plus d'une décennie, Google a lié son serveur de publication de publicités et les échanges de publicités à travers des clauses contractuelles et une intégration technologique, ce qui a permis à l'entreprise d'établir et de protéger sa position monopolistique dans ces deux marchés», a-t-elle poursuivi.

Google a empêché à ses rivaux de lui faire concurrence

Selon elle, le groupe a également «assuré son monopole en imposant des politiques anticoncurrentielles à ses clients et en éliminant des caractéristiques favorables de certains produits». Elle a conclu que, ce faisant, Google avait notamment causé des «dommages importants» à ses clients et avait empêché ses rivaux de lui faire concurrence. La juge a donné sept jours aux parties pour lui remettre un calendrier pour la suite de la procédure, afin de déterminer les «remèdes» à cette situation.

Le gouvernement américain avait accusé notamment Google de contrôler le marché des bannières publicitaires sur les sites web, y compris ceux de nombreux médias, et d'en profiter pour pratiquer des prix artificiellement élevés et un partage des revenus inéquitable. Selon l'accusation, le groupe s'appuyait sur trois logiciels de gestion de la publicité considérés comme incontournables par la majorité des sites internet. «Google a un triple monopole», avait fait valoir le représentant du ministère de la Justice, Aaron Teitelbaum, en audience.

Vers un démantèlement de Google?

L'avocate de Google Karen Dunn avait dénoncé une interprétation erronée du droit par le ministère. L'entreprise avait affirmé que l'affaire était basée sur une version dépassée d'internet, ignorant le contexte actuel, où les publicités sont aussi placées dans les résultats de recherche, les applications mobiles et les réseaux sociaux.

En août, rappelle le «New-York Times», un autre juge fédéral avait statué que l'entreprise détenait un monopole dans le domaine de la recherche en ligne. Il examine actuellement une demande du ministère de la Justice visant à démanteler l'entreprise, et une audience de trois semaines sur cette question doit débuter lundi. La juge Brinkema aura également l'occasion d'imposer des changements à Google. Dans son procès, le ministère de la Justice envisage le démantèlement de Google qui consisterait à forcer l’entreprise à se séparer de certaines de ses activités, notamment dans le domaine des technologies publicitaires. L

L’objectif serait de briser le contrôle intégré que Google exerce sur l’achat, la vente et la diffusion de publicités en ligne, afin de rétablir une concurrence équitable. Ce démantèlement viserait à affaiblir sa capacité à imposer ses conditions aux éditeurs et annonceurs, en rendant le marché plus ouvert à d’autres acteurs. Si la justice donne suite à cette demande, cela marquerait un tournant historique dans la régulation des grandes entreprises technologiques.

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