Un rapprochement stratégique
Voici ce qui se cache derrière la rencontre Meloni-Trump

Donald Trump n'a pas voulu rencontrer Olaf Scholz, mais a reçu jeudi passé la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, à la Maison Blanche. Le président américain envoie un signal clair.
Publié: 06:06 heures
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Dernière mise à jour: 08:06 heures
Donald Trump apprécie beaucoup Giorgia Meloni.
Photo: Getty Images
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Guido Felder

Lorsque la Première ministre italienne Giorgia Meloni est venue à la Maison Blanche, le maître des lieux est tombé des nues. «Meloni est une amie, l'une des vraies dirigeantes du monde. Elle fait un travail remarquable», s'est enthousiasmé Donald Trump, qui l'appelle habituellement Giorgia.

La populiste de droite a été reçue jeudi 17 avril à Washington. L'ambiance était cette fois bien plus chaleureuse qu'avec Volodymyr Zelensky, qui s'était assis sur le même fauteuil sept semaines auparavant. Contrairement au président ukrainien, Giorgia Meloni a su comment flatter le président américain tout en poursuivant ses propres intérêts. 

En promettant d'augmenter le budget militaire, d'investir dix milliards d'euros aux Etats-Unis et d'augmenter les importations de gaz naturel liquéfié américain, Giorgia Meloni a marqué des points auprès de son interlocuteur. Sans compter sur son slogan «Mon objectif est de rendre sa grandeur à l'Occident», une adaptation du slogan de son hôte, qui a forcément dû lui plaire. 

En retour, elle a arraché à Trump la promesse de lui rendre visite à Rome et de rencontrer les dirigeants de l'Union européenne (UE) pour négocier les droits de douane commerciaux. «Je suis convaincu qu'il y aura un accord commercial avec Bruxelles», a déclaré Trump. On ne sait pas à quoi ressemblera un «accord équitable», compte tenu de son slalom en matière de politique douanière. Mais au moins, Europe et Etats-Unis arrivent enfin à dialoguer. 

Un point de discorde

Si les deux dirigeants parlent d’une même voix sur l’immigration, la lutte contre les «wokes» et le rejet des élites, ils sont toutefois divisés sur un sujet: la guerre en Ukraine. Lors de la visite de Zelensky à la Maison Blanche le 28 février, Trump avait défendu le président russe Vladimir Poutine et avait fait porter à son invité la responsabilité de la guerre.

Une position qui contraste avec celle de Giorgia Meloni, qui n'a cessé de s'engager pour l'Ukraine ces dernières années, en rencontrant notamment Zelensky à plusieurs reprises. Face à Trump, elle a su faire preuve de retenue. Stratégique, elle ne voulait en aucun cas risquer de le froisser. 

Les populistes de droite dominent

Cette rencontre montre deux choses. D'une part, elle montre où se situe le véritable problème entre Trump et l'Europe: dans la migration. «L'Europe a beaucoup de problèmes, et une grande partie d'entre eux sont liés à l'immigration», a déclaré le président américain. Cela explique pourquoi il apprécie tant la ligne dure de Giorgia Meloni.

Mais surtout, la rencontre confirme une tendance globale: le fait que les populistes de droite s'imposent comme les nouveaux leaders de la politique mondiale. Eh oui, ce n'est pas la présidente libérale-conservatrice de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a été invitée par l'homme le plus puissant du monde. Ce n'est pas non plus le chancelier social-démocrate du moteur économique européen qu'est l'Allemagne, Olaf Scholz, qui a essuyé un refus pour une rencontre.

C'est Giorgia Meloni, qui n'est sur la scène internationale que depuis 2020, d'abord en tant que cheffe du parti européen Conservateurs et réformistes européens (CRE), puis depuis 2022 en tant que Première ministre.

Trump oblige l'Europe à se réorienter

Ces dernières années, l'Europe a vu des partis d'extrême droite comme l'AfD en Allemagne, le FPÖ en Autriche, le Rassemblement national en France ou encore Fratelli d'Italia en Italie se renforcer. 

Pour ne pas tomber dans l'extrémisme, les Etats européens doivent veiller à ne pas creuser davantage leurs fossés internes. Cela signifie qu'il faut faire monter à bord les dissidents – qu'ils soient de droite comme de gauche – et leur confier des responsabilités. Ce n'est que de cette manière que l'Occident pourra retrouver sa grandeur.

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