Un pays en crise
En Chine, les corps des victimes du Covid doivent être brûlés dans la rue

Après les assouplissements soudain de sa politique sanitaire contre le Covid, la Chine est en état d'urgence. Les hôpitaux et les crématoriums sont débordés. Malgré cela, le gouvernement maintient le cap.
Publié: 05.01.2023 à 12:07 heures
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Etat d'urgence en Chine: les familles doivent brûler leurs proches décédés du Covid dans les rues. Les crématoriums sont débordés.
Photo: Twitter
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Chiara Schlenz

Des scènes terribles se déroulent actuellement dans les villes chinoises. Les familles doivent brûler les corps de leurs proches dans les rues. Pourquoi en arriver là? Les crématoriums sont surchargés. Les morts dues au Covid-19 sont trop nombreuses.

Presque du jour au lendemain, la politique zéro Covid du gouvernement chinois a été levée. Depuis, le chaos semble régner dans le pays. Les mesures imposées par le dirigeant Xi Jinping ont fait des dégâts, tant sur le plan social qu’économique. Dans certains secteurs comme la restauration, plus d’un million d’entreprises ont fait faillite. Chez les jeunes, le chômage atteint presque 20%. La conséquence d’une politique sanitaire très stricte – avec des couvre-feux, des interdictions de contact et des mesures de quarantaine strictes pour les visiteurs. Des villes entières ont été confinées.

«Des interruptions aussi profondes du quotidien causent d’énormes dommages à la société chinoise. L’économie et la population en souffriront encore longtemps», déplore Yufan Jiang (66 ans), expert de la Chine à la Haute école spécialisée du nord-ouest de la Suisse (FHNW), interrogé par Blick. Il compare l’assouplissement soudain des mesures sanitaires à une haute digue qui vient de céder.

Un tsunami infectieux s’abat sur le pays

Mais le gouvernement n’avait pas d’autre choix. «L’assouplissement était inévitable», poursuit le spécialiste de la Chine. La pression était devenue trop forte, la colère des Chinois montait. Des manifestations ont eu lieu dans tout le pays. Fait très rare en Chine, des milliers de personnes sont descendues dans la rue. Xi Jinping a tout d’abord tenté de réprimer les émeutes. Finalement, son gouvernement a cédé. Depuis, le Covid-19 dans toute la société à un rythme effréné.

Malgré la situation visiblement précaire, le président Xi Jinping tente de minimiser la crise. Selon lui, les mesures de prévention et de surveillance du virus entrent dans une «nouvelle phase». «Tout le monde travaille avec détermination» dans la lutte contre le virus, a-t-il souligné.

Yufan Jiang estime que cette «nouvelle phase» a déclenché un tsunami infectieux. Selon ses estimations, 248 millions de personnes, soit 18% de la population, ont été infectées par le Covid-19 au cours des trois premières semaines de décembre. Les statistiques officielles ne font état que de 62’000 infections à l’échelle nationale pour la même période. Début janvier, le pays a même cessé de diffuser le nombre de nouveaux malades.

«La Chine tente de rattraper le temps perdu»

Le nombre de travailleurs manquants est similaire à celui pendant le confinement forcé des dernières années. «Il est certain que les absences dues au Covid pèsent beaucoup sur l’économie, surtout dans la production ou dans le service où la présence physique est nécessaire.»

Pour Yufan Jiang, il est clair que le gouvernement doit trouver une solution durable, et pas seulement se contenter de limiter les dégâts. Mais pour les entrepreneurs chinois, il s’agit maintenant de «récupérer le temps perdu». A peine les mesures Covid ont-elles été assouplies que des délégations commerciales ont été envoyées des provinces côtières vers l’Europe et le Japon, dans l’espoir de «ramener des commandes pour les entreprises qui souffrent d’un manque à gagner».

Rien d’étonnant à cela, car les mesures sanitaires n’ont pas permis à l’Etat chinois de se rapprocher de son ambition, qui est de surpasser économiquement l’Occident. «Cet objectif s’est bel et bien éloigné», conclu le spécialiste de la Chine.

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