Une mission test inédite et digne d'un roman de science-fiction, qui doit permettre à l'humanité d'apprendre à se protéger d'une éventuelle menace future.
Le vaisseau de la mission Dart s'était délibérément écrasé contre l'astéroïde Dimorphos, qui est le satellite d'un astéroïde plus grand nommé Didymos. L'appareil de la NASA est parvenu à le déplacer en réduisant son orbite de 32 minutes, a indiqué le chef de l'agence spatiale, Bill Nelson, lors d'une conférence de presse.
«Un moment décisif pour l'humanité»
C'est «un moment décisif pour la défense planétaire et un moment décisif pour l'humanité», a-t-il salué, se félicitant que les attentes de son agence aient été dépassées.
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Cela aurait déjà été «considéré comme un énorme succès s'il (le vaisseau) avait seulement réduit l'orbite d'environ 10 minutes. Mais il l'a en fait réduite de 32 minutes», a-t-il ajouté. Avec cette mission, «la NASA a prouvé que nous étions sérieux en tant que défenseurs de la planète», a-t-il affirmé.
Dimorphos, situé à quelque 11 millions de kilomètres de la Terre au moment de l'impact, mesure environ 160 mètres de diamètre et ne représente aucun danger pour notre planète.
Il faisait jusqu'ici le tour de Didymos en 11 heures et 55 minutes, une période raccourcie à 11 heures et 23 minutes, a précisé Bill Nelson.
«Cela ressemble à un scénario de film. Mais ce n'est pas Hollywood (...). Cette mission montre que la NASA essaie d'être prête face à tout ce que l'univers pourrait nous envoyer», a-t-il déclaré.
Si l'objectif restait relativement modeste comparé aux scénarios catastrophe de films de science-fiction comme «Armageddon», cette mission sans précédent de «défense planétaire», nommée Dart (fléchette, en anglais), est la première à tester une telle technique. Elle permet à la NASA de s'entraîner au cas où un astéroïde menacerait un jour de frapper la Terre.
«A l'avenir, si nous découvrons qu'un astéroïde menace de frapper la Terre, et qu'il serait assez gros pour faire des dégâts, ce sera un soulagement d'avoir mené ce test réussi», a dit Bill Nelson à l'AFP.
Une forme d'oeuf
Pour établir de combien la trajectoire de l'astéroïde a été altérée, il a fallu attendre que les scientifiques analysent les données de télescopes au sol se trouvant au Chili, en Afrique du Sud et aux Etats-Unis.
Ces derniers ont observé la variation de l'éclat lorsque le petit astéroïde passe devant et derrière le gros.
Rapidement après la collision, de premières images – prises par des télescopes au sol et le nano-satellite embarqué pour la mission LICIACube – avaient montré un vaste nuage de poussière autour de Dimorphos, s'étendant sur des milliers de kilomètres.
Puis les télescopes James Webb et Hubble, les plus puissants observatoires spatiaux, ont révélé les vues détaillées de l'impact du vaisseau de la NASA, montrant notamment le mouvement des éjectas -- la matière arrachée à l'astre.
Tout ceci doit permettre de mieux comprendre la composition de Dimorphos, représentatif d'une population d'astéroïdes assez communs, et donc de mesurer l'effet exact que cette technique, dite à impact cinétique, peut avoir sur eux.
Des images de Dimorphos, prises peu avant l'impact, montrent que sa surface est grise et rocailleuse et qu'il a une forme d'oeuf.
La mission a permis de constater que l'astéroïde s'apparentait plus à un amalgame de gros rochers liés par leur mutuelle gravité qu'à une masse solide.
Le vaisseau kamikaze avait voyagé durant dix mois depuis son décollage, en Californie.
Près de 30.000 astéroïdes de toutes tailles ont été catalogués dans les environs de la Terre.
Aujourd'hui, aucun de ces astéroïdes connus ne menace notre planète pour les 100 prochaines années. Sauf qu'ils ne sont pas encore tous recensés.
Ceux d'un kilomètre et plus ont quasiment tous été repérés, selon les scientifiques. Mais ils estiment n'avoir connaissance que de 40% des astéroïdes mesurant 140 mètres et plus, ceux capables de dévaster une région entière.
(AFP)