Il est six heures du matin, mardi 17 décembre lorsqu'Igor Kirillov est tué sur le coup lors d'un attentat à la trottinette piégée. L'histoire fait grand bruit, car l'homme de 54 ans dirige depuis 2017 le Département de radioprotection, de protection chimique et biologique des forces armées russes (RKhBZ). Une attaque de cette ampleur contre un militaire de ce rang sur le sol russe est inédite, rapporte franceinfo.
Cette opération a été officieusement revendiquée par l'Ukraine. La Russie a annoncé ce mercredi 18 décembre l'arrestation d'un suspect d'origine ouzbèke. Elle accuse également les alliés de Kiev «d'approuver les crimes de guerre». Les Etats-Unis, eux, ont assuré ne pas être au courant tout en en profitant pour dénoncer l'implication de ce militaire dans des «atrocités». «C'était un général qui était impliqué dans un certain nombre d'atrocités. Il était impliqué dans l'utilisation d'armes chimiques contre l'armée ukrainienne», a assuré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller.
Utilisation d'armes chimiques?
Le Service de sécurité (SBU) de Kiev avait publié la veille de sa mort un communiqué pour annoncer que le haut gradé russe faisait l'objet d'une plainte pénale pour «utilisation massive d’armes chimiques interdites contre les forces de défense sur les fronts est et sud de l’Ukraine.» Le SBU y dénonce plus de 4800 attaques à l'arme chimique depuis le début de la guerre. Toujours selon le communiqué, à la même période, plus de 2000 militaires aurait été hospitalisés, à la suite d'empoisonnement chimique.
Le militaire, formé à l’Ecole supérieure de commandement militaire de protection chimique de Kostroma en Russie, était également dans le collimateur de la Grande-Bretagne. Il avait été sanctionné, il y a deux mois, pour «le déploiement d'armes chimiques barbare», rapporte franceinfo.
«Désinformations du Kremlin»
Le Foreign Office lui reprochait en plus d'être un pilier de «la désinformation du Kremlin». En effet, Igor Kirillov était connu pour relayer des thèses confuses auprès des médias russes. Il avait notamment multiplié les allégations au sujet de menaces chimiques et bactériologiques que Washington et Kiev faisaient peser sur la Russie.
Depuis juin 2023, il martelait dans les médias russes que les Etats-Unis avaient installé des laboratoires en Ukraine pour développer des virus à utiliser contre les militaires. A cette occasion, il avait expliqué que des drones transportaient des moustiques et des oiseaux migrateurs pour infecter les soldats russes au front. «L’une des contre-vérités les plus notoires du Kremlin» ironisait le Département d'Etat américain.
Une obsession pour les Etats-Unis
Le haut gradé russe avait également accusé à plusieurs reprises les Etats-Unis d'être à l'origine du Covid-19. Dans un rapport présenté en 2022, il avait ensuite accusé les autorités ukrainiennes de transmettre aux Américains «plusieurs milliers d’échantillons prélevés chez des patients 'principalement issus de l’ethnie slave'». Le but selon lui était de développer des armes biologiques.
De son côté, les Etats-Unis taclait en mars 2023 le haut gradé russe, dans une note intitulée «Les inlassables tentatives de désinformation du Kremlin sur les armes biologiques»: «Le Kremlin propage ces discours parmi la population russe afin de créer une fausse réalité dans laquelle il a été 'contraint' d’intervenir pour défendre les citoyens russes contre des ennemis étrangers.»
Igor Kirillov était «décoré entre eux de l'ordre du mérite de la patrie et de l'ordre du mérite», relève «Le Monde». Si les hommages officiels affluent pour saluer la mémoire du militaire, en Ukraine, des blogueurs célèbre cette «trotinette de Noël» qui a permis de le faire taire.