«A la suite de pourparlers, la République islamique d'Iran et le royaume d'Arabie saoudite sont convenus de reprendre leurs relations diplomatiques et de rouvrir les ambassades et représentations (diplomatiques) dans un délai maximum de deux mois», a indiqué l'agence iranienne Irna, citant un communiqué commun publié par les médias d'Etat des deux pays.
L'Arabie saoudite sunnite et l'Iran chiite ont rompu leurs liens il y a plus de sept ans après l'attaque de missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants dans la République islamique à la suite de l'exécution par Ryad d'un célèbre religieux chiite.
D'autres pays du Golfe parmi lesquels les Emirats arabes unis, le Koweït et Bahreïn avaient par la suite réduit leurs liens diplomatiques avec Téhéran pour soutenir Ryad.
Le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale iranien Ali Shamkhani se trouvait à Pékin depuis lundi «pour des négociations intensives avec son homologue saoudien en Chine visant à résoudre les (derniers) différends entre Téhéran et Ryad», a rapporté Irna.
«Des relations normales»
Les ministres des Affaires étrangères des deux pays vont «mettre en œuvre cette décision et prendre les dispositions nécessaires pour l'échange des ambassadeurs», a ajouté le communiqué, sans plus de précision.
Le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, a salué sur Twitter «le retour à des relations normales» entre son pays et l'Arabie saoudite.
«Le retour à des relations normales entre Téhéran et Ryad offre de grandes possibilités aux deux pays, à la région et au monde musulman», a-t-il indiqué, ajoutant que son ministère allait «lancer activement d'autres initiatives régionales», sans donner de détails.
Son homologue saoudien, le prince Fayçal ben Farhane, a indiqué que l'accord reflétait la tendance du royaume à privilégier les «solutions politiques et le dialogue», une approche qu'il souhaite voir devenir la norme dans la région.
Salué par la Suisse et les Etats-Unis
La Maison Blanche a également «salué» l'annonce de vendredi mais «il reste à voir si l'Iran remplira ses obligations», a déclaré un porte-parole.
La Suisse salue aussi le retour de relations normales entre l'Arabie saoudite et l'Iran, a fait savoir vendredi le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
Le rétablissement des relations diplomatiques contribuera à réduire les tensions et à renforcer la stabilité et la sécurité dans la région, a précisé le DFAE. Depuis 2017, la Suisse représente les intérêts iraniens en Arabie saoudite ainsi que les intérêts saoudiens en Iran.
Une «nouvelle page»
L'Irak a salué la «nouvelle page» dans l'histoire des relations diplomatiques entre Téhéran et Ryad qui soutiennent des parties rivales dans plusieurs conflits dans la région, notamment au Yémen.
A partir d'avril 2021, l'Irak a accueilli une série de réunions entre responsables de la sécurité des deux puissances rivales pour rapprocher ses deux voisins.
Dans leur communiqué conjoint, l'Iran et l'Arabie saoudite ont remercié Bagdad et le sultanat d'Oman pour «avoir accueilli des pourparlers entre les deux parties en 2021 et 2022.»
L'Iran entretient des liens très étroits avec l'Irak, où le Parlement est dominé par des partis pro-iraniens et le gouvernement est issu de cette majorité.
D'autres pays arabes comme les Emirats arabes unis, le Qatar, la Jordanie ou encore le Liban ont également salué l'annonce.
La Chine comme entremetteur
Un autre allié de Téhéran, le mouvement chiite libanais Hezbollah, a qualifié l'annonce de vendredi de «bon développement.» Son chef Hassan Nasrallah a estimé dans un discours que la reprise de ces relations pourrait «aider» à la résolution des crises «au Liban, en Syrie, au Yémen et dans la région.»
Dans leur communiqué, l'Iran et l'Arabie saoudite ont aussi remercié la Chine «pour avoir accueilli et soutenu les discussions menées dans ce pays.»
Pékin avait signé en 2021 un vaste accord stratégique sur 25 ans avec Téhéran dans des domaines aussi variés que l'énergie, la sécurité, les infrastructures et les communications.
«Les trois pays (Iran, Arabie saoudite, Chine) déclarent leur ferme volonté de déployer tous les efforts pour renforcer la paix et la sécurité régionales et internationales», a indiqué le communiqué conjoint publié vendredi.
A la mi-février, le président iranien, Ebrahim Raïssi, a effectué une visite d'Etat de trois jours en Chine, la première d'un président iranien dans ce pays depuis plus de 20 ans.
Mauvaise nouvelle pour Israël
Ces derniers mois, les Emirats et le Koweït avaient aussi repris leurs relations diplomatiques avec l'Iran.
En Israël par contre, pays ennemi juré de l'Iran et du Hezbollah, le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, a jugé que «l'accord entre l'Arabie saoudite et l'Iran (était) un échec total et dangereux de la politique étrangère du gouvernement israélien.»
(ATS)