A-t-il rendu l'impossible possible? Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a annoncé ce lundi qu'Israël avait accepté un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Les combats doivent cesser pendant six semaines afin de sauver les otages israéliens retenus dans la bande de Gaza.
Jusque-là, tout va bien. Mais le Hamas ne le voit pas du même œil, dénonçant un accord qui sert les intérêts d'Israël.
Mais Blinken tire la sonnette d'alarme: «C'est probablement la meilleure chance de parvenir à un accord. Mais cela pourrait aussi être la dernière.» Blick vous explique ce que signifie cet accord — et pourquoi rien n'est encore gagné.
Que pensent Israël et le Hamas de l'accord ?
Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, se dit satisfait de l'accord. «J'apprécie le fait que les États-Unis respectent nos intérêts vitaux en matière de sécurité», a-t-il déclaré lundi. Mais c'est justement une épine dans le pied du Hamas, pouvant faire capoter l'accord.
Osama Hamdan, 59 ans, fait partie de l'aile politique du Hamas. Il n'est pas satisfait de la proposition américaine. «Le fait que Netanyahu veuille accepter la proposition actuelle signifie que les États-Unis n'ont pas réussi à faire passer l'accord initial.» Il fait référence à un accord proposé en mai dernier par le président américain Joe Biden, qui a été accepté par les deux parties dans une première étape. Mais selon le Hamas, le texte actuel est trop proche de la position d'Israël. Il est donc inacceptable pour l'organisation.
Il est clair que le dernier cycle de négociations est un «bluff» d'Israël afin de gagner du temps pour son offensive militaire dans la bande de Gaza, selon le chef du Hamas Yahya Sinwar, dont les propos ont été rapportés par le Wall Street Journal.
La mise en œuvre d'un cessez-le-feu est-elle réaliste ?
L'accord négocié par Blinken semble mal parti. Joe Biden a fait savoir mardi que le Hamas s'en distançait de plus en plus. «Cela pourrait encore marcher, mais on ne peut pas le savoir.»
Mercredi et jeudi, les parties impliquées doivent poursuivre les négociations en Égypte sous la direction du Qatar. Toutefois, le Hamas ne sera pas directement sur place – il sera simplement informé par l'Égypte de l'évolution des négociations. Ce ne sont pas de bonnes conditions pour la mise en œuvre de l'accord.
Pourquoi les derniers accords ont échoué ?
Les discussions entre Israël et le Hamas sont dans l'impasse depuis des mois, les deux parties n'ayant pas la même vision du cessez-le-feu. Pour le Hamas, le cessez-le-feu annonce la fin prochaine de la guerre. Israël, en revanche, refuse de promettre la fin des combats.
La question de savoir si Israël se retirera de la frontière entre la bande de Gaza et l'Égypte, conquise en mai passé, a été le point brûlant des négociations. Le Hamas exige un retrait complet d'Israël. Netanyahu refuse de son côté que l'armée israélienne abandonne le «corridor de Philadelphie» même après un cessez-le-feu, pour empêcher la contrebande d'armes par exemple.
Pourquoi est-ce la «dernière chance» d'un accord ?
La situation est tendue. Selon Blinken, ce sont les discussions de «la dernière chance» pour parvenir à un accord. L'expert du Proche-Orient Erich Gysling explique au Blick: «Il n'y a plus de marge de négociation. Les deux parties ont mentionné leurs conditions à plusieurs reprises. Il s'agit maintenant d'agir.» Jusqu'à présent, l'une des deux parties s'est toujours opposée à l'autre.
À cela s'ajoute la menace d'une escalade au Proche-Orient. L'Iran, allié du Hamas, menace d'attaquer Israël après que Tsahal a tué le chef politique du Hamas Ismaël Haniyeh, lors d'une visite officielle en Iran. Plus on s'éloigne d'un cessez-le-feu entre le Hamas et Israël, plus il est probable que l'Iran se lance dans des représailles. «Si un accord est conclu maintenant, l'Iran peut et doit se distancer d'une attaque de représailles.»