Ulrich Schmid, expert de la Russie, parle des prochaines élections
Poutine quittera-t-il le pouvoir en mars prochain?

On ne sait pas si le président russe se présentera à nouveau aux élections de 2024. Mais même sans la présidence, il voudrait continuer à exercer son pouvoir. Ulrich Schmid, expert de la Russie, explique comment.
Publié: 30.08.2023 à 12:00 heures
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Dernière mise à jour: 30.08.2023 à 12:38 heures
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Se représente-t-il ou non? Vladimir Poutine n'a pas encore pris sa décision.
Photo: AFP
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Guido Felder

2024 n'est pas seulement une année électorale aux Etats-Unis, la Russie devrait également élire son président le 17 mars. Il ne fait aucun doute que Vladimir Poutine sera le vainqueur, à condition qu'il se représente. Or il n'est pas encore certain qu'il le fasse vraiment.

Le spécialiste de la Russie Ulrich Schmid de l'université de Saint-Gall déclare à Blick: «Il est possible que Poutine renonce à une candidature à la présidence et se retire à un poste représentatif en arrière-plan – par exemple en tant que président du Conseil d'État.» Les gouverneurs des régions russes font partie de cet organe qui n'a jusqu'à présent qu'un rôle consultatif.

Parmi les autres options, on peut également envisager le poste de Premier ministre ou de chef de parti, d'où Poutine pourrait définir les lignes directrices de la politique russe.

Qui prendrait la relève?

En cas de démission, un successeur «issu du système Poutine» serait mis en place, estime le professeur Schmid. Une procédure envisageable serait la répétition de la propre élection de Poutine fin 1999: le président en exercice se retire à la fin de l'année, le Premier ministre – actuellement Mikhaïl Michoustine – devient président par intérim conformément à la Constitution et est ensuite régulièrement élu président en mars.

Ulrich Schmid désigne comme autre candidat possible le ministre de l'Agriculture Dmitri Patrouchev, protégé par son puissant père et confident de Poutine, Nikolaï Patrouchev.

Un soutien important

Si Vladimir Poutine ne se représentait effectivement pas à la présidence en mars, cela aurait peut-être des répercussions sur la guerre en Ukraine: «Un éventuel nouveau président aurait certes peu de marge de manœuvre en Ukraine et ne retirerait pas non plus l'armée, car les dirigeants russes se sont eux-mêmes mis sous pression en annexant des territoires», explique Ulrich Schmid. «Il serait toutefois possible, sous une nouvelle présidence, de réduire les opérations de combat actives.»

Si Vladimir Poutine se représente toutefois, le soutien lui serait assuré: le parti Russie Juste a ainsi annoncé qu'il renonçait à présenter son propre candidat et qu'il soutiendrait Poutine et son parti Russie unie.

L'élection présidentielle serait en même temps un indicateur de l'opinion des Russes sur la guerre de Poutine en Ukraine. Ulrich Schmid: «Si Poutine se représente, l'élection équivaudrait à un plébiscite sur le système Poutine et sur l'opération spéciale en Ukraine.» Selon les sondages, plus de 80% des Russes approuvent l'action de leur président.

Interrogatoires et concurrents castés

Pourtant, la nervosité semble régner. En Russie, les autorités ont pris des mesures contre des collaborateurs de l'ONG indépendante d'observation des élections appelée Golos. Selon les médias, plusieurs collaborateurs ont été emmenés dans des postes de police pour y être interrogés. Il semblerait que Gregory Melkoyants, l'un des dirigeants de Golos, ait participé aux activités d'une organisation indésirable en Russie, ce qui pourrait donner lieu à des poursuites pénales.

Golos avait été déclaré «agent de l'étranger» en Russie après avoir reçu le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit en 2012. Un tribunal de Moscou a même ordonné la dissolution du mouvement.

Une information de l'agence de presse russe indépendante meduza.io, basée en Lettonie, est également intéressante: elle rapporte que l'administration présidentielle russe a choisi des «sparring-partners» qui doivent concurrencer Poutine lors des élections. On aurait délibérément choisi des candidats âgés de plus de 50 ans pour que Poutine ne paraisse pas vieux. Cette sélection de candidats doit convaincre les électeurs que Poutine «n'est plus l'homme qui est arrivé au pouvoir d'une main ferme».

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