Le rire de Kamala Harris est certes contagieux, mais personne ne sait combien de temps il sera suffisant pour garder les électeurs américains de bonne humeur. Si elle veut remporter les élections présidentielles le 5 novembre, elle doit prendre position, faire des choix et s'imposer.
Donald Trump l'a bien compris. Il saisit toutes les occasions pour faire connaître sa position et sa colère à l'égard des démocrates. La semaine dernière, ce fut une conférence de presse confuse au cours de laquelle il a lancé une attaque en règle contre Joe Biden et Kamala Harris. Dans la nuit de lundi à mardi, il a fait une interview avec le milliardaire Elon Musk sur sa plateforme X.
Blick a résumé et analysé l'entretien. Force est de constater que sur des sujets comme le soutien à l'Ukraine et les voitures électriques, Donald Trump a fait des déclarations remarquables. La Suisse a également été mentionnée, et ce, de manière élogieuse.
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L'entretien
Le plus frappant a été l'hôte Elon Musk. Le fondateur de Tesla, SpaceX et d'autres produits modernes s'est révélé être un véritable lèche-bottes. Il n'a pas posé une seule question critique à son invité, mais s'est toujours mis au diapason du républicain, en bégayant nerveusement. Lorsqu'il a parlé des nombreux réfugiés à la frontière, il a qualifié la situation d'«apocalypse» et a déclaré: «Tout le reste du monde passe par cette frontière.»
La conversation de plus de deux heures a commencé avec 45 minutes de retard. Elon Musk a affirmé sur X que la plateforme avait été la cible d'une cyberattaque par DDoS (Distributed Denial of Service) massive. En gros, les sites web sont inondés de grandes quantités de demandes afin de les mettre à genoux. Cette information n'a pas toutefois pas pu être confirmée.
L'attentat
Les deux compères ont consacré un quart d'heure à l'attentat du 13 juillet, au cours duquel Donald Trump a été blessé à l'oreille. Le républicain a apprécié de passer pour une victime et un héros. Il a qualifié de «miracle, un acte de Dieu» le fait qu'il n'ait été que légèrement blessé.
La migration
Pour Donald Trump et Elon Musk, il est clair que la migration est responsable de toute la misère dans laquelle les Etats-Unis se trouvent aujourd'hui. «Beaucoup de migrants ont des maladies contagieuses», a balancé le candidat à la présidence. Et la plupart d'entre eux sont improductifs, voire criminels, comme ces «assassins du Congo».
Donald Trump a fait référence au Venezuela, où «le dictateur de gauche» Nicolás Maduro est au pouvoir. «Au Venezuela, la criminalité a baissé de 72%. Nous nous y retrouverons la prochaine fois, car c'est beaucoup plus sûr!»
Les guerres
Une fois de plus, avec Trump comme président, les guerres en Ukraine et au Proche-Orient n'auraient pas eu lieu. «J'ai une bonne relation avec Poutine, il me respecte. Nous avons souvent parlé de l'Ukraine», a déclaré l'ancien président. Selon lui, il n'est pas étonnant que le Kremlin se mette en colère lorsqu'on ferme des pipelines et qu'on promet à l'Ukraine d'adhérer à l'OTAN.
S'il avait été à la Maison Blanche, il aurait menacé les Chinois de suspendre leurs échanges commerciaux s'ils continuaient à s'approvisionner en pétrole auprès de l'Iran. «Ils n'auraient alors plus d'argent à Téhéran.» Et il aurait résolu d'autres grands problèmes, comme celui avec le «petit homme-fusée» Kim Jong Un en Corée du Nord, en un tour de main, par des discussions. Au sujet des dirigeants, Donald Trump insiste: «Je connais Kim, Xi et tout le monde. Ils aiment tous leur pays, chacun à sa manière.»
Le danger nucléaire
Ce n'est pas le réchauffement climatique qui représente la plus grande menace, mais le «réchauffement nucléaire, a abondé Trump. D'autres pays comme la Chine nous dépasseront bientôt dans la production de ce type d'armes. C'est pourquoi nous avons besoin d'un président fort.»
Selon lui, la production d'énergie nucléaire est une bonne chose. Pour la débarrasser de sa mauvaise image, il faudrait peut-être «lui donner un autre nom», a estimé Donald Trump.
Les États-Unis
Economie, sécurité... dans tous les domaines, les Etats-Unis sont au plus bas, a-t-il ajouté. Même en matière d'éducation, où les Etats-Unis obtiennent des résultats misérables, contrairement aux pays les mieux classés comme «la Norvège, la Suisse, la Suède et même la Chine». Donald Trump n'a presque plus d'espoir. «Nous devons sauver le pays. Le 5 novembre entrera dans l'histoire du pays comme le jour le plus important. Si nous ne gagnons pas, je serai désolé pour tout le monde.»
Que peut-on retenir des déclarations de Trump?
Les réponses de Donald Trump contenaient certes beaucoup de coups de gueule bien connus contre les démocrates. Mais il a aussi fait quelques déclarations remarquables, comme l'explique à Blick Philipp Adorf, spécialiste des républicains à l'université de Bonn. «Donald Trump s'est positionné de manière un peu moins critique vis-à-vis de l'Ukraine. On pouvait avoir l'impression qu'il ne laisserait peut-être pas tomber l'Ukraine tout de suite après avoir remporté les élections. Il semblait au moins montrer une certaine affinité avec l'Ukraine et ses énormes défis.»
Donald Trump a fait l'éloge d'Elon Musk pour ses «incroyables» voitures électriques, même si le républicain prévoit de supprimer des avantages pour ces véhicules introduits par le président Joe Biden. «Il est possible qu'Elon Musk tente d'utiliser sa relation désormais établie avec Donald Trump pour amorcer un revirement sur cette question», imagine l'expert.
Philipp Adorf qualifie d'«un peu étranges» les commentaires de Donald Trump sur la dernière couverture du «Time» avec Kamala Harris. Le candidat à la Maison Blanche en a fait l'éloge et a affirmé que Kamala Harris ressemblait à «la plus belle actrice qui ait jamais existé».
Donald Trump a-t-il voulu se racheter après ses récentes critiques contre son ennemie démocrate?
Prendre Harris au piège
D'autres déclarations de Donald Trump montrent toutefois comment les républicains vont attaquer la vice-présidente dans les mois à venir. Le républicain craint que Kamala Harris veuille appliquer les valeurs progressistes de la Californie à l'ensemble du pays et qu'elle n'ait pas été en mesure de limiter les flux migratoires en provenance d'Amérique latine. «Le thème de la migration sera donc, comme en 2016, un élément central de la campagne de Trump», insiste Philipp Adorf.
Avec ses apparitions, Donald Trump tente de gagner du terrain et de contrer les attaques de Kamala Harris et de son vice-président Tim Walz. «Par le biais des apparitions de Trump, les républicains souhaitent peut-être inciter Kamala Harris à s'engager dans des formats similaires, potentiellement plutôt défavorables pour eux», termine l'expert Philipp Adorf.