Mauvais équipement, manque de formation, peu de temps de préparation - les conditions dans l'armée russe seraient déplorables. De plus en plus de mobilisés ne veulent pas se laisser traiter de la sorte. Ces dernières semaines, une vague de protestations a eu lieu dans tout le pays.
Début octobre, une vidéo de soldats mobilisés dans la région de Belgorod a fait surface. Les hommes se plaignaient d'avoir reçu de vieilles armes et de ne pas être nourris. Ils auraient en outre dû dormir dehors dans le froid. «Pendant une semaine, nous avons vécu dans des conditions absolument inhumaines. Il n'y a pas d'aide matérielle, pas d'argent - rien du tout», peut-on entendre dans la vidéo. «Personne n'a besoin de nous, nous n'avons aucune formation», crient-ils.
Et à Omsk aussi, les hommes ont dû dormir à la belle étoile. Ils ont attendu plusieurs jours les tentes promises.
Grève massive à Oulianovsk et Kazan
Début novembre, un groupe de soldats mobilisés s'est mis en grève au centre de formation d'Oulianovsk. La raison: l'argent promis par Vladimir Poutine n'a pas été versé.
«Alors pourquoi devrions-nous aller à la guerre pour cet État et laisser nos familles sans soutien?», demandent les quelque 100 hommes de Tchouvachie dans un appel vidéo. Et ils précisent: «Nous refusons de participer à l'opération militaire spéciale et nous continuerons à réclamer justice jusqu'à ce que nous recevions l'argent.»
Dernièrement, les soldats ont aussi protesté à Kazan. Ils se sont plaints des mauvaises conditions sur le terrain d'entraînement, de leurs fusils rouillés, du manque d'eau, de nourriture ainsi que de bois de chauffage.
Un propagandiste insulte les soldats
Ces vidéos se sont répandues comme une traînée de poudre sur la toile. Le propagandiste en chef de Vladimir Poutine, Vladimir Soloviev, en a également eu vent.
Mardi, il s'en est pris à ces hommes dans l'une de ses émissions. «Tu racontes que ton commandant ne te convient pas et que tu n'as pas non plus été bien formé. Mais toi, comment t'es-tu préparé? Qu'as-tu fait au stand de tir pour être prêt à combattre? Ou bien penses-tu que tout le monde te doit quelque chose? Mais que dois-tu à l'État? Que dois-tu donc à la patrie?»
Les déserteurs sont des traîtres
Vladimir Soloviev insulte également ceux qui ont déjà été envoyés en Ukraine, mais qui ne veulent pas y combattre et qui ont désobéi aux ordres de guerre.
«A ceux qui ont fait dans leur froc, qui s'enfuient du front et qui racontent ensuite n'importe quelle histoire qui fait plaisir à l'ennemi, je dois vous dire: oui, la guerre est dure. Elle est douloureuse et amère. Mais tu as ton devoir sacré! Et si tu as peur, que tu t'enfuis et que tu en parles ensuite partout, alors tu trahis tes camarades!» Le propagandiste s'emporte alors vraiment: «Tu es un traître! Tu t'es enfui! Tu es un lâche et un déserteur!»
«Tu jures comme la dernière des putes»
Vladimir Soloviev insulte même la blogueuse militaire Anastasia Kaschewarowa. En octobre, elle a vivement critiqué les commandants qui, selon elle, sont responsables de la mort des soldats mobilisés de Tcheliabinsk, tombés au combat après seulement quelques jours. «Certains commandants devraient être abattus sur le champ», écrivait-elle alors sur Telegram. Cette critique n'a apparemment pas du tout plu au pro-Poutine. «Tu es journaliste, mais tu jures comme la dernière des putes», crie-t-il.
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Il qualifie les plaintes des proches des mobilisés de «glapissements» et évoque le fait que la Russie est en guerre contre l'OTAN. «C'est une situation difficile. Vous pouvez appeler ça l'opération militaire spéciale ou n'importe quoi d'autre - ça ne change rien aux faits.»
Un gouverneur s'en prend aussi aux soldats
Vladimir Soloviev n'est pas le seul à réagir aux plaintes des hommes avec une incompréhension absolue. Le gouverneur de la région russe d'Orjol, Andreï Klytchkov, a répondu lundi aux questions des habitants lors d'une émission en direct. Certains ont exprimé leur mécontentement vis-à-vis de l'équipement.
«Nous avons acheté tout ce que nous pouvions avec ce que nous avions. Il n'y avait rien d'autre. Des dizaines de millions de roubles ont été dépensés pour cela. Si quelqu'un ne l'aime pas, il peut l'acheter lui-même. On ne peut pas plaire à tout le monde», a répondu Andreï Klytchkov.