Le gouvernement de Trump compte bien lever l'omerta sur tous les secrets fédéraux, ou presque, qu'il pense enfouis dans les dossiers de Washington. Tous les secrets doivent être dévoilés. Qui a assassiné John F. Kennedy, Robert F. Kennedy et Martin Luther King Jr.? Que sait le gouvernement sur les objets volants non identifiés (OVNI) et les phénomènes sous-marins non identifiés? Qui figure sur la liste Jeffrey Epstein? Qu'est-ce qui n'a pas encore été dit dans le cadre des attentats terroristes du 11 septembre 2001? La pandémie Covid-19 est-elle d'origine humaine?
En février 2025, le président du House Oversight Committee, James Comer, a annoncé avec la députée Anna Paulina Luna la création d'une Task Force pour la «déclassification des secrets fédéraux». Sur ordre du président Donald Trump, des documents jusqu'ici gardés sous clé vont être déclassifiés et rendus accessibles au public.
Mais un secret vient de faire son apparition à l'ordre du jour: l'or. Le sénateur Rand Paul demande à Elon Musk et à son équipe du Département de l'efficacité gouvernementale (DOGE) un audit de Fort Knox. Il veut savoir si les 4580 tonnes d'or sont toujours bien au chaud. Dans les années 1930 et 1940, de nombreux pays ont mis leur or physique à l'abri dans des coffres-forts américains pour des raisons de sécurité. Même pendant la guerre froide, les Etats-Unis (et l'Angleterre) étaient considérés comme un lieu de stockage sûr, et la Fed de New York offrait des lieux de stockage solides.
La confiance, c'est bien, le contrôle, c'est mieux
Lors de la conférence du 1er juillet 1944 à Bretton Woods, il avait été décidé que le dollar américain serait lié à l'or et que les autres monnaies seraient solidement arrimées au dollar américain. Le président français Charles de Gaulle se méfiait toutefois du nouveau système de Bretton Woods et a envoyé dans les années 1960 un sous-marin à travers l'Atlantique pour récupérer l'or conservé aux Etats-Unis. En raison de l'endettement croissant des Etats-Unis, il craignait qu'un jour le dollar américain ne soit plus suffisamment couvert par l'or.
Et c'est ce qui s'est passé. En 1971, le président américain Richard Nixon a mis fin à l'étalon-or de Bretton Woods pour financer la guerre du Vietnam et des promesses électorales impossibles à tenir. Le prix d'une once d'or était de 35 dollars. Depuis le «choc Nixon», la valeur du dollar n'est plus basée sur l'or mais sur la confiance, et nombreux sont ceux qui partagent l'avis de Voltaire selon lequel l'argent papier revient tôt ou tard à sa valeur intrinsèque – à savoir zéro!
L'or, en revanche, conserve la valeur du métal contenu dans les pièces et les lingots d'or. La confiance, c'est bien, le contrôle, c'est mieux. Le fait que le gouvernement américain refuse jusqu'à présent de procéder à un contrôle complet et indépendant des stocks d'or étrangers dans les coffres de la Fed, la banque centrale, alimente des spéculations qui sont encore aujourd'hui rejetées comme des «théories du complot».
Que se passe-t-il si l'or n'est plus là?
Mais des rumeurs persistantes laissent entendre que les Etats-Unis auraient prêté la majeure partie de l'or étranger stocké par le biais de ce que l'on appelle des swaps d'or ou des opérations de leasing. Si c'était effectivement le cas, les Etats-Unis ou la banque centrale, la Fed, devraient racheter l'or manquant au prix actuel du marché pour le restituer. Cela entraînerait une hausse massive du prix de l'or et les Etats-Unis devraient dépenser des milliards pour honorer leurs engagements. La confiance dans les Etats-Unis en tant que lieu de stockage sûr serait fortement entamée. Certains pays réclameraient également leur or, ce qui pourrait déclencher une réaction en chaîne, semblable à un bank run (une ruée sur les banques).
Il est probable que les Etats-Unis sous Donald Trump exerceraient plutôt une pression politique ou économique pour empêcher le rapatriement. Tout serait possible, des obstacles diplomatiques aux sanctions en passant par des tactiques de retardement. Ce dernier scénario s'est déjà produit avec le Venezuela, dont les réserves d'or ont ensuite été gelées en Grande-Bretagne. Plusieurs banques centrales semblent anticiper ce qui se passera demain. L'or devient plus rare et plus convoité.
Le dernier contrôle complet à Fort Knox remonte à 1953
Si une once d'or en dollars coûtait encore environ 35 dollars US en 1971, son prix se situe actuellement autour de 2900 dollars US. Mais pour une once d'or physique, il y a, selon les experts, environ 200 onces d'or papier sous forme d'Exchange-Traded Fund (fond de placement) et de certificats. Qui croit encore que, dans le pire des cas, il obtiendra de l'or véritable pour son or papier?
La perte de confiance dans notre société a de nombreux visages. Il a depuis longtemps atteint les investisseurs privés. En Angleterre, de plus en plus de clients veulent soudain échanger leur or papier contre de l'or physique. La livraison est retardée. La Banque d'Angleterre est donc confrontée à des critiques croissantes. A une époque où les gouvernements occidentaux misent de plus en plus sur les monnaies numériques et poussent à l'abolition de l'argent liquide contre la volonté populaire, le désir des investisseurs privés d'échanger du papier contre du métal rappelle les précurseurs historiques des crises monétaires.
La question n'est pas tant de savoir si Elon Musk et son équipe DOGE peuvent forcer Fort Knox, mais s'ils en ont le droit. Le dernier audit complet a été réalisé en 1953, le dernier audit partiel en 1974. Et s'il n'y avait plus ce qu'ils cherchent, cela coûterait plusieurs milliards aux Etats-Unis et provoquerait des turbulences économiques et politiques.