La Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé mercredi avoir baissé pour la troisième fois consécutive ses principaux taux, de 25 points de base, les ramenant dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%, en ligne avec les attentes des marchés.
Une décision qui n'a cependant pas fait l'unanimité parmi les membres du Comité de politique monétaire de l'institution (FOMC), une de ses membres, Beth Hammack, se prononçant contre une nouvelle baisse des taux. Le président de la Fed, Jerome Powell, aura l'occasion d'expliquer la décision du Comité lors de sa conférence de presse, qui débute à 14h30 (19h30 GMT), alors que les marchés s'interrogent sur l'opportunité d'une telle baisse, dans la mesure où l'inflation est repartie à la hausse ces deux derniers mois aux Etats-Unis, après avoir suivi une trajectoire encourageante vers l'objectif de 2% l'an fixé par la Fed.
Doute sur une nouvelle baisse
La progression de l'indice CPI des prix à la consommation – sur lequel sont indexées les retraites – a rebondi en novembre à 2,7% sur un an. L'indice d'inflation PCE, dont la Fed veut ramener la progression à 2%, sera publié le 20 décembre. Côté producteurs, les prix ont même grimpé en novembre au plus haut depuis près de deux ans, à cause notamment des conséquences de la grippe aviaire, selon l'indice PPI.
«On peut douter de l'intérêt d'une nouvelle baisse (des taux d'intérêt) car l'économie se porte bien, elle ne semble pas avoir besoin d'un stimulus», a souligné avant la réunion Nathan Sheets, économiste pour Citi, interrogé par l'AFP. Mais la Fed prévoit désormais d'aller plus lentement, n'envisageant que deux baisses de taux pour 2025, de 25 points de base chacune.
Et les prévisions de la Fed semblent accréditer les interrogations des analystes: la banque centrale ne prévoit en effet pas de retour de l'inflation à sa cible de 2% avant fin 2026 désormais, et a même révisé sensiblement sa prévision d'inflation pour 2025, qu'elle attend à présent autour de 2,5%, alors qu'elle espérait la ramener à 2,1% lors de sa précédente prévision, en septembre.
Une inflation persistante
Une inflation persistante qui ne devrait cependant pas peser sur l'activité économique, puisque la Fed s'attend désormais à une croissance de 2,1% pour 2025 (contre 2% prévu trois mois plus tôt), avec un taux de chômage qui reste faible et quasi stable, à 4,3%, soit tout juste 0,1 point de pourcentage de plus que cette année.
Jerome Powell a récemment estimé que la Fed «pouvait se permettre d'être un peu plus prudente» du fait de la vigueur de l'activité économique. Et l'une des gouverneures, Michelle Bowman, avait jugé les risques liés à l'inflation «plus importants» que ceux liés au chômage.
Trump au centre des discussions
La gouverneure a également estimé à plusieurs reprises que le taux neutre, c'est-à-dire celui qui n'a pas d'influence, en soutien ou en ralentissement, sur l'activité économique, pourrait être plus haut qu'attendu initialement et peut-être même proche du niveau actuel. Mais cela dépendra également de la politique économique mise en place par le président élu Donald Trump, qui retournera à la Maison Blanche à partir du 20 janvier.
Or, entre la dérégulation promise en termes de normes, l'expulsion voulue d'une partie des migrants entrés illégalement sur le territoire, les baisses d'impôts ou encore la hausse des droits de douane, les effets sur l'économie pourraient être majeurs et sont difficiles à prévoir en l'état.
Des effets et des chocs
Les dirigeants de la Fed «ne sont pas là pour préjuger des effets de ces politiques, mais ils devront tenir compte des effets possibles. Les propositions de ce gouvernement peuvent provoquer un choc d'offre comme de demande et il y a tout une gamme de conséquences possibles à ces chocs», juge Nathan Sheets.
Selon une enquête réalisée auprès de 500 entreprises américaines par la société de recrutement Resume Templates, 82% d'entre elles envisagent d'augmenter leurs prix si de nouveaux droits de douane sont effectivement mis en place.
Donald Trump a ainsi déjà annoncé des droits de douane de 25% contre ses voisins du Canada et du Mexique, ce qui pourrait pousser les prix à la hausse pour le consommateur américain.