Dans la nuit de dimanche à lundi, l'armée israélienne a continué à attaquer le Hezbollah pro-iranien. Objectif cette fois: les sources financières des terroristes, qui constituent un pilier important du pouvoir de la milice chiite. Une série d'attaques ciblées a été menée contre des dizaines d'installations et de sites utilisés par le Hezbollah «pour financer ses activités terroristes contre l'Etat d'Israël», a annoncé l'armée.
Les attaques ont été menées dans les environs de Beyrouth, dans le sud du Liban et dans les profondeurs du pays. Le but est d'empêcher la reconstruction et le réarmement du Hezbollah. Et ce même après la guerre, a déclaré un haut responsable militaire israélien au «Wall Street Journal». Mais est-ce suffisant? Un expert en doute. Car le Hezbollah s'est transformé depuis longtemps en une organisation agissant à l'échelle mondiale. Ses apports financiers ne proviennent plus seulement d'Iran.
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Un trafic de drogue florissant
En Amérique latine, l'organisation terroriste libanaise entretient des liens avec plusieurs cartels de la drogue. «Les réseaux du Hezbollah soutiennent les cartels en matière de transport et de logistique, mais aussi en blanchissant l'argent illégal», explique Emanuele Ottolenghi du think tank «Foundation for Defense of Democracies» à Washington au «Tagesanzeiger». Le trafic de drogue y est florissant. Des documents judiciaires américains révèlent que le Hezbollah a gagné 400 millions de dollars (346 millions de francs) en un an rien qu'avec la cocaïne et autres substances similaires. Ces chiffres datent de 2015, et depuis, la somme devrait avoir augmenté.
Par ailleurs, le Hezbollah exerce déjà une influence sur le trafic de drogue au Proche-Orient. On sait que le commerce de l'amphétamine fénétylline, également appelée captagon, est contrôlé par les islamistes radicaux. Depuis la Syrie, la drogue est exportée vers les pays voisins et l'Europe.
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Selon l'analyse d'Emanuele Ottolenghi, il y a trois raisons pour lesquelles le Hezbollah a pu s'implanter en Amérique latine, à des milliers de kilomètres de Beyrouth. Depuis la fin des années 1970, le Hezbollah y a infiltré une grande communauté libanaise. A cela s'ajoute, selon l'expert, le fait que l'Amérique latine offre aujourd'hui encore de nombreuses possibilités de gagner de l'argent en pratiquant des activités illégales. De plus, l'Iran et le Hezbollah se sont fixés pour objectif depuis longtemps d'exporter leur idéologie dans les pays parfois instables d'Amérique latine. Le but: se positionner comme une alternative aux Etats-Unis.
Le Hezbollah a-t-il acheté des hommes politiques paraguayens?
Dans l'entretien avec le «Tagesanzeiger», le scientifique cite le triangle Argentine, Brésil, Paraguay comme hotspot du Hezbollah. L'ambassadeur américain au Paraguay, Marc Ostfield, a affirmé l'année dernière que le Hezbollah avait acheté des hommes politiques paraguayens. Même l'ancien président Horacio Cartes aurait été corrompu. Ce dernier nie tout lien avec les ennemis d'Israël.
Le Hezbollah se fait également de l'argent avec les migrants. Les médias latino-américains ont rapporté que les terroristes guident les migrants à travers la jungle entre la Colombie et le Panama et perçoivent une commission en échange. Des centaines de milliers de réfugiés affluent chaque année vers les États-Unis depuis l'Amérique du Sud et l'Amérique centrale.
Selon Emanuele Ottolenghi, les attaques israéliennes ne changeront pas grand chose à la situation, du moins à l'étranger. «Les affaires criminelles du Hezbollah continueront», conclut-il, convaincu.