Tensions autour de l'Ukraine
Vladimir Poutine satisfait de la réaction américaine à ses exigences

L'homme fort du Kremlin, Vladimir Poutine, a jugé jeudi «positives» les premières réactions américaines aux exigences russes pour une désescalade de la crise russo-occidentale autour de l'Ukraine, qui fait frémir l'équilibre sécuritaire européen.
Publié: 23.12.2021 à 15:55 heures
Le président russe, Vladimir Poutine, s'est exprimé jeudi lors de sa traditionnelle conférence de presse annuelle.
Photo: YURI KOCHETKOV

Lors de sa traditionnelle conférence de presse de fin d'année, qui aura duré près de quatre heures, le président russe a abordé jeudi le risque d'un conflit armé en Europe, mais aussi son rapport au Père Noël.

Moscou a présenté deux projets de traités pour bannir tout élargissement de l'Alliance atlantique, notamment à l'Ukraine, et mettre fin aux activités militaires occidentales à proximité des frontières russes. Selon le Kremlin, il s'agit du seul moyen de juguler l'escalade des tensions.

Menaces de «mesures militaires et techniques»

«Il ne doit y avoir aucune avancée de l'Otan vers l'Est, la balle est dans leur camp, ils doivent nous répondre, a-t-il affirmé. J'espère que la première réaction positive (ndlr: des Etats-Unis), avec l'annonce du début des négociations en janvier, va nous permettre d'aller de l'avant.» Ces tractations doivent se tenir à Genève.

Il a répété que la Russie ne tolèrerait aucun système d'armements occidentaux «sur le pas de (sa) porte». Mardi, Vladimir Poutine avait menacé ses rivaux de «mesures militaires et techniques» si ses revendications n'étaient pas acceptées. Lourdes de conséquences pour l'architecture sécuritaire européenne, ses exigences ont été jugées «inadmissibles» par de nombreuses voix diplomatiques.

L'armée russe à la frontière ukrainienne

La Russie est suspectée de préparer une invasion de l'Ukraine, une ex-république soviétique désormais pro-occidentale dont une partie du territoire, la Crimée, a déjà été annexée par la Russie en 2014. Plus de 100'000 soldats russes seraient déployés à la frontière.

Vladimir Poutine a estimé que la politique de l'Ukraine et de ses alliés occidentaux, notamment concernant la guerre contre des séparatistes pro-russes dans l'Est ukrainien, constituaient une menace pour Moscou. «Nous ne pouvons pas vivre en regardant au-dessus de notre épaule en se disant: que va-t-il se passer, quand vont-ils cogner?»

Répression de l'opposition intensifiée

Interrogé par la suite sur la répression de l'opposition russe, qui s'est considérablement accentuée en 2021, Vladimir Poutine a jugé qu'il ne s'agissait pas de museler des détracteurs, mais de contenir des opérations d'influence étrangères. «Je vous rappelle ce que disent nos adversaires depuis des siècles: la Russie ne peut être vaincue, elle ne peut être détruite que de l'intérieur», a-t-il dit. Selon lui, c'est ce qui a entraîné la chute de l'URSS il y a trente ans.

Tout au long de l'année, médias, ONG, journalistes, avocats et militants ont été visés par diverses poursuites. Dernière cible en date: l'ONG Memorial, pilier de la défense des droits en Russie, est visée par deux procès visant à la dissoudre.

L'année avait commencé par l'arrestation du principal opposant, Alexeï Navalny. Puis tout son mouvement a été interdit pour «extrémisme». Le président russe l'a qualifié jeudi de criminel, en référence à sa condamnation dans une affaire de fraude, jugée montée de toutes pièces par l'opposition: «Des taulards, il y en a toujours eu. Il ne faut pas commettre de crimes.»

Faible couverture vaccinale en Russie

Questionné sur les ravages de l'épidémie de Covid-19, il a noté une «espérance de vie en baisse» et «une mortalité en hausse». La faible couverture vaccinale, nourrie par la méfiance de la population, et l'absence de restrictions sanitaires ont engendré un lourd bilan humain.

Vladimir Poutine a dit viser une immunité collective avec 80% de la population vaccinée ou guérie du Covid-19 «à la fin du 1er trimestre ou au 2e trimestre». Actuellement, le gouvernement estime cet indicateur à moins de 60%, avec 44% de la population vaccinée.

Plus de 520'000 personnes sont mortes du Covid depuis 2020, selon les statistiques officielles de l'agence Rosstat, renforçant le déclin démographie de la Russie qui a perdu plus d'un million d'habitants en moins de deux ans.

Le président a fait feu de tout bois

Autre thème abordé, Vladimir Poutine a dénoncé la décision «inacceptable et erronée» des Etats-Unis de boycotter au niveau politique les Jeux olympiques d'hiver de Pékin, martelant que le sport devait «unir».

Il a aussi revendiqué sa vision conservatrice, s'en prenant à «l'obscurantisme» transgenre. «J'ai une approche traditionnelle: une femme est une femme, un homme est un homme.»

Sur un ton plus léger, Vladimir Poutine a remercié «Ded Moroz», Grand-père Gel, le Père Noël russe qui distribue les cadeaux du Nouvel an, de l'avoir aidé à devenir président. «Je lui suis reconnaissant du fait de pouvoir vous parler en ma qualité (ndlr: de président), mais je suis plus reconnaissant encore au peuple russe, qui m'a fait confiance pour cette fonction», a-t-il déclaré, presque 22 ans après son accession au Kremlin, le 31 décembre 1999.

(ATS)

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