Dans ce magazine d'investigation que l'AFP a pu visionner, Mathilde (prénom modifié), à l'origine de la nouvelle plainte, dénonce un viol dans les locaux de TF1 à Boulogne-Billancourt en février 1995. A l'époque âgée de 24 ans, journaliste tout juste diplômée, elle déclare avoir été invitée dans le bureau de PPDA où il l'aurait «embrassée» puis «basculée sur la moquette». «Il a enlevé mon pantalon, il a enlevé son pantalon et il m'a violée. Je n'avais plus aucun réflexe», décrit-elle.
Celle qui est désormais quinquagénaire a porté plainte pour viol à Paris. Dans l'émission, Mathilde poursuit: quelques jours après la première agression, il «m'a attrapée par les cheveux et a approché mon visage de son sexe. Là, je me suis débattue». Une plainte pour tentative de viol a également été déposée, selon une source proche du dossier.
Contactée par l'AFP, l'avocate de PPDA Jacqueline Laffont a indiqué ne pas souhaiter réagir. Quelques jours avant la diffusion de Complément d'enquête, mardi, l'ancien animateur avait lui-même déposé une plainte avec constitution de partie civile pour dénonciation calomnieuse contre 16 femmes ayant auparavant porté plainte contre lui pour violences sexuelles ou harcèlement sexuel.
«éconduites ou ignorées»
D'après des passages publiés par franceinfo, il y fustige le «lot d'excès et de dérives» du mouvement social #MeToo. Il décrit aussi «un retour du puritanisme et de la censure, habilement parés de la prétendue protection des femmes».
A ses yeux, les 16 accusatrices sont des femmes «éconduites ou ignorées», nourrissant une «amertume qui les conduit à commettre, par vengeance tardive, le délit de dénonciation calomnieuse». «On ne peut pas accuser faussement et impunément», avait commenté mercredi auprès de l'AFP Me Philippe Naepels, avocat de Patrick Poivre d'Arvor. Le journaliste avait déjà déposé une plainte similaire en février, classée sans suite.
Hélène Devynck, l'une des femmes visées, y voit une «procédure bâillon» qui «fait des victimes les coupables», et se fonde sur une «domination par l'argent»: «On n'a pas forcément toutes les moyens de se payer des avocats», a-t-elle déclaré mercredi à l'AFP.
La plainte pour viol de Hélène Devynck, journaliste et scénariste, avait été classée sans suite en juin 2021 pour prescription. «J'attends que cette procédure bâillon (de dénonciation calomnieuse) se transforme en procès et qu'on puisse toutes défiler à la barre. Ça va être difficile de faire croire que 16 femmes mentent», dit-elle.
Procédure judiciaire en cours
Depuis le début de l'affaire, l'ancienne star du JT et écrivain à ses heures, a été progressivement écarté des cercles mondains et littéraires qu'il avait assidûment fréquentés, d'après Paris-Match qui lui a consacré sa Une en avril sous le titre «PPDA, sa nouvelle vie de paria». Selon l'hebdomadaire, le journaliste, absent des écrans depuis l'arrêt de «Vive les livres» sur CNews début 2021, «semble vivre un long confinement médiatique».
L'affaire avait éclaté en février 2021 quand l'écrivaine et journaliste Florence Porcel avait porté plainte, en l'accusant de lui avoir imposé un rapport sexuel en 2004 et une fellation en 2009.
Une enquête préliminaire avait été menée pendant quatre mois par le parquet de Nanterre et 23 femmes avaient témoigné. La majorité des faits dénoncés étant prescrits, l'enquête avait été classée sans suite en juin. La plainte de PPDA à l'encontre de Florence Porcel, pour dénonciation calomnieuse, avait également été classée.
Fin novembre, Florence Porcel s'était constituée partie civile afin de provoquer la saisine d'un juge pour enquêter de nouveau sur les faits non prescrits dénoncés. L'information judiciaire, ouverte en décembre 2021, suit son cours.
(ATS)