«A 4H50, vendredi 30 août, il y a eu un sabotage électrique au Venezuela, un sabotage contre le système électrique national qui a affecté presque tout le territoire, les 24 états signalent une perte totale ou partielle de l'approvisionnement en électricité», a déclaré le ministre de la Communication Freddy Nanez à la télévision publique.
Ce black-out survient alors que le pays est plongé dans une crise post-électorale un mois après la présidentielle du 28 juillet alors que l'opposition revendique la victoire. Le pays connait régulièrement de petites coupures de courant localisées et des délestages mais rarement de coupure généralisée. Le Venezuela avait toutefois été traumatisé par une énorme coupure d'électricité de cinq jours en mars 2019.
Une crise sans précédent
Le pouvoir attribue régulièrement ces pannes à des «attaques» orchestrées par les Etats-Unis et l'opposition pour le renverser. Cependant, l'opposition et de nombreux spécialistes estiment qu'elles résultent d'une mauvaise gestion de l'appareil industriel, qui s'est détérioré avec la crise économique.
Le pays a connu lors de la dernière décennie une crise sans précédent avec une contraction du PIB de 80%, que la timide reprise des deux dernières années n'a pas compensée. Quelque 7 millions de Vénézuéliens ont fui le pays.
«C'est compliqué de se déplacer sans courant. On ne sait pas ce qui va se passer pendant la journée», explique à Caracas, dans le quartier populaire de Petares, Anyismar Aldana, une caissière de 27 ans en route pour son travail. «Les gens ont peur que ca se reproduise (comme en 2019). (Avec une coupure), on ne travaille pas, on ne sait pas comment faire pour la nourriture», poursuit-elle.
A Maracaibo (ouest), la capitale de la région de Zulia, la population est déjà habituée. «Tous ces jours, il y a eu des +brown-outs+ (baisses de tension) et ce matin, il n'y avait plus d'électricité. Ici, l'électricité est coupée tous les jours pendant au moins deux heures à trois heures. Il n'y a pas d'heure fixe pour la coupure», explique Bereniz Hernández, 70 ans.
«Une nouvelle forme de sabotage de l'électricité»
«C'est une nouvelle forme de sabotage de l'électricité», a assuré le ministre Freddy Nanez. «Nous l'avons vécue en 2019, nous savons ce que cela nous a coûté en 2019 (...) ce que nous avons activé est un plan anti-coup d'État». Le ministre a accusé «le fascisme d'extrême droite» – termes utilisés par le pouvoir pour qualifier l'opposition – d'avoir voulu «détruire notre système électoral et provoquer la violence et la mort dans les rues».
«Aujourd'hui ils ont tenté une action désespérée qui ne mène nulle part pour voler la paix aux Vénézuéliens et aux Vénézuéliennes», a-t-il ajouté, assurant que «tous les services publics» travaillaient pour résoudre le problème.
Sur le plan politique, le candidat de l'opposition Edmundo Gonzalez Urrutia est convoqué vendredi par la parquet qui a menacé de lancer un mandat d'arrêt à son encontre s'il ne se présentait pas à cette troisième citation à comparaitre. Vivant dans la semi-clandestinité, cet ancien ambassadeur de 75 ans n'est plus apparu en public depuis le 30 juillet et n'avait pas honoré les deux précédentes convocations. Dimanche, il avait souligné craindre une justice «sans garantie d'indépendance».
Des élections truquées
Le parquet dit enquêter sur le site internet de l'opposition qui donne Edmundo Gonzalez Urrutia comme vainqueur des élections. Le procureur liste plusieurs crimes et délits «présumés», dont l'«usurpation de fonctions» et l'«incitation à désobéir aux lois».
Après l'annonce de la réélection du président socialiste, des manifestations spontanées ont fait 27 morts et 192 blessés, tandis que quelque 2'400 personnes ont été arrêtées, de source officielle.
Nicolas Maduro, dont la victoire a été validée par la Cour suprême le 22 août, a été proclamé vainqueur avec 52% des voix par le Conseil national électoral, qui n'a cependant pas divulgué les procès-verbaux des bureaux de vote, se disant victime d'un piratage informatique.
Une telle attaque est jugée peu crédible par l'opposition, qui a rendu publics les procès-verbaux obtenus grâce à ses scrutateurs et qui donnent Edmundo Gonzalez Urrutia vainqueur de la présidentielle avec plus de 60% des voix.