Selon un communiqué du Ministère russe de la défense, une escadrille de bombardiers stratégiques russes et chinois «a effectué une patrouille aérienne au-dessus de la mer du Japon et de la mer de Chine orientale». Le vol commun a duré environ huit heures et sur certaines étapes de leur itinéraire, les bombardiers russes et chinois ont été «escortés par des avions de chasse d'États étrangers», a expliqué le ministère russe.
De son côté, l'armée sud-coréenne a annoncé avoir fait décoller des avions de combat après que six avions de guerre russes et deux chinois ont pénétré sans préavis dans sa zone de défense aérienne. Les appareils ont finalement tous quitté la zone et n'ont pas violé l'espace aérien de la Corée du Sud, a-t-elle précisé. «Aucune violation d'un espace aérien étranger n'a été commise», a d'ailleurs souligné le ministère russe, assurant que ces patrouilles ont été effectuées dans le cadre d'un plan de coopération militaire russo-chinoise pour 2022 et «ne sont pas dirigées contre des pays tiers».
Moscou lorgne l'Asie
Cette annonce intervient sur fond d'un virage de plus en plus accentué de la Russie vers l'Asie, dans le contexte d'un isolement croissant de Moscou sur la scène internationale et des sanctions occidentales sans précédent la visant en raison du conflit en Ukraine.
Les patrouilles surviennent aussi alors que les rivalités entre la Chine et les États-Unis s'intensifient, notamment dans la région de l'Asie-Pacifique où Washington et Pékin sont en concurrence croissante. Chacun veut affirmer son influence, en particulier sur la question de la Corée du Nord, dont la Chine est le principal allié alors que Washington est le principal allié de la Corée du Sud.
La Corée du Sud et le Japon ont réagi
Selon l'état-major interarmées sud-coréen (JCS), les bombardiers chinois H-6 sont entrés et sortis à plusieurs reprises de la zone d'identification de défense aérienne de la Corée (KADIZ), près des côtes sud et nord-est de la Corée du Sud, tôt mercredi. Quelques heures plus tard, ils sont revenus dans la zone depuis la mer de l'Est, également appelée mer du Japon, accompagnés d'avions militaires russes, dont deux chasseurs SU-35 et quatre bombardiers TU-95, a ajouté l'état-major sud-coréen. «Nos militaires ont déployé des avions de chasse de l'armée de l'air avant même que les avions chinois et russes ne pénètrent dans la KADIZ afin de prendre des mesures tactiques en cas d'imprévu», a indiqué le JCS dans un communiqué.
Au Japon, l'état-major a confirmé que deux bombardiers chinois H-6 «sont entrés en mer du Japon puis ont volé vers le nord» mercredi matin. «À peu près au même moment, ce qui semble être deux avions russes ont volé vers le sud au-dessus de la mer du Japon puis fait demi–tour», a-t-il ajouté en disant avoir fait décoller des avions de chasse en réponse.
En toile de fond, la question nord-coréenne
L'incident survient alors que Washington pousse la Chine à user de son influence pour aider à contenir la Corée du Nord, qui a procédé cette année à une série record de tirs de missiles. Le président chinois, Xi Jinping, a donc récemment proposé au dirigeant nord-coréen Kim Jong-un de coopérer pour «accélérer la paix» dans le monde.
Washington a cependant accusé la Chine et la Russie de protéger Pyongyang contre toute nouvelle sanction. En mai, les deux pays avaient opposé leur veto à une initiative américaine visant à renforcer les sanctions à l'encontre de la Corée du Nord, en réponse à ses précédents tirs de missiles.
(AFP)