Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, est arrivé mercredi matin en Russie pour assister au sommet des Brics à Kazan, où il devrait s'entretenir jeudi de l'Ukraine avec Vladimir Poutine, une rencontre qui serait une première sur le sol russe depuis 2022.
Avec ce sommet des Brics, Vladimir Poutine entend faire la démonstration de l'échec de la politique occidentale quant aux sanctions économiques et de l'isolement diplomatique visant son pays depuis l'assaut des troupes russes en Ukraine en février 2022.
Avant l'ouverture formelle du sommet mercredi matin, le dirigeant russe a mené mardi un marathon de rencontres bilatérales, s'entretenant notamment avec le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi. La Chine est son grand partenaire asiatique qui lui apporte un soutien économique crucial dans le contexte des sanctions occidentales, et l'Inde est critiquée par les Occidentaux pour ses achats de grandes quantités de pétrole russe depuis 2022.
Poutine en quête d'un monde multipolaire
Illustration de sa volonté de battre en brèche l'"hégémonie» occidentale sur les relations internationales et de pousser sa vision d'un monde multipolaire, Vladimir Poutine doit rencontrer mercredi les présidents vénézuélien et iranien, Nicolas Maduro et Massoud Pezeshkian, dont les pays sont résolument dans le camp anti-occidental.
Une rencontre avec le président turc Recep Tayyip Erdogan est également au programme mercredi. Membre de l'OTAN, la Turquie n'est pas membre des Brics et entretient des relations complexes tant avec la Russie que l'Occident. Elle a toutefois annoncé début septembre vouloir rejoindre le bloc, un calcul d'abord économique, en ligne avec «l'autonomie stratégique» recherchée par Ankara, soulignent des observateurs.
Le bloc des Brics représente près de la moitié de la population mondiale et près du tiers du PIB de la planète. Comptant quatre membres (Brésil, Russie, Inde, Chine) à sa création en 2009 et ayant intégré l'Afrique du Sud en 2010, le bloc désormais dit des Brics (les initiales de ces Etats en anglais) a été rejoint cette année par quatre autres pays (Ethiopie, Iran, Egypte et Emirats arabes unis).
Guterres est arrivé à Kazan
Selon le Kremlin, jeudi, ce sera au tour d'Antonio Guterres, arrivé à Kazan, de s'entretenir avec Vladimir Poutine, avec l'Ukraine comme sujet de discussion. L'ONU n'a pas formellement confirmé cette rencontre mais a fait savoir mardi que le secrétaire général s'entretiendrait avec un «grand nombre de dirigeants participant au sommet».
Cet entretien serait une première en Russie entre les deux hommes depuis avril 2022, deux mois après l'assaut des troupes russes en Ukraine. Vladimir Poutine lui avait alors affirmé croire en une issue «positive» des négociations avec l'Ukraine. Depuis, Moscou et Kiev ont cessé toute négociation officielle et leurs positions semblent en l'état irréconciliables.
Gutteres compte réaffirmer ses positions
A Kazan, «le secrétaire général réaffirmera ses positions bien connues sur la guerre en Ukraine et les conditions d'une paix juste fondée sur la charte et les résolutions des Nations unies et le droit international», a souligné mardi l'un de ses porte-parole, Farhan Haq.
Antonio Guterres, qui s'est présenté en médiateur disponible, a régulièrement souligné que l'annexion de territoires ukrainiens n'avait «pas de place dans le monde moderne». «La guerre en Ukraine demeure une plaie ouverte au coeur de l'Europe», a-t-il encore dit en février.
Le ministère ukrainien des Affaires étrangères avait estimé lundi soir que Guterres avait fait «le mauvais choix» en acceptant de se rendre à Kazan. «Cela ne fait que nuire à la réputation de l'ONU», a critiqué le ministère sur X.
Rencontre entre les dirigeants de la Chine et de l'Inde
En marge du sommet, Xi Jinping et Narendra Modi doivent tenir mercredi leur première rencontre bilatérale en cinq ans, selon le ministère indien des Affaires étrangères. Il s'agit d'un possible réchauffement entre la Chine et l'Inde, les deux pays les plus peuplés du monde, après un accord sur un différend frontalier. Ils partagent une frontière de 3.500 kilomètres.
Des affrontements à la frontière de la région chinoise du Tibet et de celle, indienne, du Ladakh avait fait en juin 2020 au moins 20 morts côté indien et quatre parmi les Chinois. Cet épisode avait très fortement tendu les relations bilatérales et l'Inde a cherché à limiter les investissements chinois, interdisant en particulier des applications chinoises comme TikTok.
Mais l'Inde a déclaré lundi avoir conclu un accord avec la Chine, qui avait confirmé le lendemain, sur des patrouilles dans des zones frontalières disputées.