Il porte plutôt bien son nom, qui signifie «source d'espoir». Car même si la situation peut sembler désespérée, ses sauveteurs ne lui ont jamais tourné le dos. Voilà près de deux ans que le jeune phoque gris Hopewell apparaît ponctuellement à Landévennec, dans la rade de Brest, la chair à vif, un cordage de pêche enserré autour de son cou.
Alors que l'animal s'étrangle petit à petit, à mesure que la circonférence de son cou augmente, les équipes de Sea Shepherd se sont lancées dans une véritable course contre-la-montre pour le sauver. «Hopewell est condamné à mourir d’une mort lente et douloureuse si nous ne parvenons pas à le libérer du filet qui lui enserre le cou de plus en plus», précise l'association dans un communiqué.
Trop lourd pour être capturé
La mission constitue «un vrai défi», pour plusieurs raisons. À commencer par le poids de Hopewell, qui s'avère bien trop corpulent pour être simplement approché, capturé ou sédaté: «On estime son poids à 90-100 kg, peut-être un peu plus», précise Enrique Petit, soigneur animalier chez Sea Shepherd, auprès de Sciences et Avenir.
Sans oublier que le jeune phoque ne semble pas faire confiance aux humains: trop méfiant pour s'approcher de la plage, il n'apparaît qu'en été, lorsqu'il peut se prélasser sur les parcs ostréicoles flottants, très loin de la plage. En hiver, l'animal lève les voiles pour se diriger vers la mer, ce qui limite drastiquement les opportunités de lui venir en aide, pointe le média français.
Dans l'incapacité d'approcher Hopewell pour le libérer, Sea Shepherd France n'a eu d'autre choix que de s'appuyer sur une ruse ingénieuse: «Nos équipes ont imaginé une plateforme flottante, placée sur les lieux fréquentés par Hopewell, avec un système de trappe coulissante qui servirait à l’enfermer», précise le communiqué. Une fois en sécurité dans la trappe, le phoque pourrait être libéré de ses cordages, soigné et aussitôt être remis en liberté.
Il snobe les tentatives de sauvetage
Or, bien qu'il l'ait «parfaitement repérée», le petit têtu s'évertue à snober royalement le dispositif... et cela depuis plusieurs mois, si bien que les autorisations obtenues par Sea Shepherd pour installer leur plateforme sont arrivées à terme.
Le phoque refuse en effet de s'y installer, tandis que ses blessures deviennent toujours plus béantes et que le cordage s'avère plus serré de jour en jour L'association a lancé une cagnotte, dans l'espoir d'optimiser la qualité de la plateforme, de la rendre plus attrayante et moins intimidante pour Hopewell. Elle devra toutefois recevoir l'autorisation de la Préfecture et du Ministère pour prolonger l'opération et réinstaller une plateforme flottante améliorée.
Même face à l'obstination du phoque, Sea Shepherd est loin de perdre espoir: «Avec l'aide des personnes sur place, on peut y arriver, conclut l'association, toujours auprès de Sciences et Avenir. Nous avons déjà beaucoup appris ces trois derniers mois: on observe, on apprend, on s'adapte et on avance».