Selon une étude genevoise
La production de dopamine ne serait pas corrélée à l'abus de cocaïne

La production de dopamine, dite «hormone du bonheur», dans le cerveau n'est pas liée à une vulnérabilité accrue à l'abus de cocaïne, selon une étude genevoise.
Publié: 04.03.2024 à 15:53 heures
La production de dopamine, dite «hormone du bonheur», dans le cerveau n'est pas liée à une vulnérabilité accrue à l'abus de cocaïne, selon une étude genevoise.
Photo: DUKAS

Quand une personne consomme une drogue addictive, sa libération de dopamine augmente, créant un sentiment d'euphorie. Lors d'une consommation répétée, cette libération de dopamine diminue, augmentant potentiellement la consommation de la personne désireuse de retrouver cet état, a indiqué lundi l'Université de Genève (UNIGE) dans un communiqué.

Ce mécanisme varie d'un individu à l'autre, mais les raisons de ces différences ne sont pas connues. Une équipe de l'UNIGE a voulu explorer l'interaction complexe entre différents comportements impulsifs, la production de dopamine et la consommation de cocaïne.

Les scientifiques ont étudié deux groupes de rats, l'un composé d'individus très impulsifs, l'autre d'individus moins impulsifs. Ces animaux ont été entraînés à s'auto-administrer de la cocaïne à une dose qui déclenche des neuroadaptations dopaminergiques, sans nuire à leur santé.

Les scientifiques ont mesuré le niveau de production de la dopamine à l'aide d'une technique de neuroimagerie non invasive, avant et après la prise de cocaïne, dans les deux groupes de rats.

Pas de différence

«Nous avons observé qu'il n'y avait pas de différence dans la capacité à produire de la dopamine entre les animaux très impulsifs et les animaux moins impulsifs», explique Ginna Paola Urueña-Méndez, doctorante au Département de psychiatrie et au Département des neurosciences fondamentales de l'UNIGE, première auteure de l'étude.

«En d'autres termes, l'impulsivité et la vulnérabilité à l'abus de cocaïne ne seraient pas liées à la production de dopamine, mais à des mécanismes contrôlant sa libération», ajoute la chercheuse, citée dans le communiqué. L'équipe a ensuite évalué la consommation répétée de cocaïne et son impact sur les niveaux de dopamine dans les deux groupes de rongeurs.

«Jusqu'à présent, l'idée selon laquelle la consommation régulière de cocaïne pouvait réduire la capacité à produire de la dopamine était acceptée. Nos résultats contredisent cette hypothèse puisque les deux populations de rats ont conservé la même capacité à produire de la dopamine, malgré une consommation chronique», note Nathalie Ginovart, qui a dirigé cette recherche.

Ces résultats suggèrent que la production de la dopamine n'est probablement pas le principal moteur de l'impulsivité ou de la vulnérabilité à la consommation de cocaïne. Ces travaux, publiés dans la revue eNeuro, ouvrent la porte à l'exploration d'autres mécanismes pouvant expliquer la vulnérabilité aux drogues, notamment la réactivité des neurones dopaminergiques.

(ATS)

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