Les neuf élus du parti d'extrême droite allemand AfD ont été exclus jeudi du groupe Identité et Démocratie (ID) au Parlement européen – dont fait partie le RN français – à la suite de scandales impliquant un responsable de l'AfD, ont annoncé des membres du groupe parlementaire.
«Le groupe ID ne veut plus être associé aux incidents impliquant, tête de liste de l'AfD pour les élections européennes», a indiqué dans un communiqué la Lega italienne, qui représente la principale délégation du groupe. Les «propos inadmissibles» de Maximilian Krah «engagent à notre sens l'AfD», a déclaré à l'AFP l'eurodéputé français Jean-Paul Garraud (RN).
Banni de meeting
«Cela fait suite aux propos inadmissibles tenus dernièrement par leur tête de liste», dont les «propos engagent à notre sens l'AfD», a-t-il ajouté. Le dernier incident en date impliquant l'eurodéputé Maximilian Krah, soupçonné de proximité avec la Russie et la Chine, remonte au week-end dernier. Il a estimé qu'un SS n'était «pas automatiquement un criminel», dans un entretien avec le quotidien italien La Repubblica.
L'AfD avait banni mercredi de tout meeting électoral cet avocat de 47 ans, tout en le maintenant comme tête de liste aux élections du 9 juin. Jeudi, le parti d'extrême droite allemand a indiqué «avoir pris note» de la décision du groupe, tout en se disant «optimiste» sur la suite. «L'AfD s'efforcera bien entendu de constituer un groupe fort au Parlement européen, avec une délégation renforcée», indique le parti, affirmant sa volonté de «collaborer avec des partis voisins».
Soupçons de financements russe et chinois
Depuis plusieurs semaines, Maximilian Krah est devenu un problème pour son parti. Il est notamment visé par une enquête préliminaire pour soupçons de financements russe et chinois.
L'un de ses assistants au Parlement européen, Jian Guo, se voit reprocher par le parquet fédéral d'avoir espionné pour le compte de Pékin au cœur même de l'institution. Il a été arrêté fin avril.
Le numéro deux de la liste AfD et député du Bundestag, Petr Bystron, a par ailleurs annoncé mercredi renoncer aussi à faire campagne, invoquant auprès d'une radio bavaroise des raisons familiales. Le groupe ID, présidé par l'Italien Marco Zanni, regroupait jusque-là 59 eurodéputés, issus de huit pays. Les principales délégations proviennent de la Lega italienne (23 élus) et du RN français (18).
Rapprochement pas exclu entre Le Pen et Meloni
C'est actuellement le sixième groupe au Parlement européen, derrière l'autre famille de la droite nationaliste, les Conservateurs et réformistes européens (CRE), qui comptent dans leurs rangs Fratelli d'Italia de la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni. Les sondages prédisent une montée en puissance de ces forces, qui pourraient conquérir jusqu'à autour de 37% des sièges – contre 30% actuellement – à l'issue des élections.
L'ex-présidente du RN, Marine Le Pen, et Giorgia Meloni ont laissé entrevoir un rapprochement possible à l'issue de ces élections, malgré de profondes divergences.
Un rapprochement entre ID et CRE créerait le deuxième plus gros groupe politique à Strasbourg, derrière le Parti populaire européen (PPE, chrétien-démocrate). Mais de telles tentatives d'union se sont jusqu'à présent soldées par des échecs.
(ATS)