Se prémunir des pertes
Comment réagir au krach boursier de Trump en tant que petit investisseur?

L'incertitude est grande au vu du séisme qui secoue les marchés mondiaux. Blick a rencontré deux experts et a exploré les questions les plus pertinentes pour les petits investisseurs. Mauvaise nouvelle: nos fonds de pension dépendent beaucoup des actions américaines.
Publié: 07.04.2025 à 11:00 heures
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Dernière mise à jour: 07.04.2025 à 15:33 heures
Depuis le début de l'année, les gains boursiers des actions en Europe et en Suisse depuis le début de l'année ont disparu en l'espace de deux jours.
Photo: Shutterstock

Il y a eu un «Black Thursday» ainsi qu’un «Black Friday» combinés: les marchés boursiers du monde entier se sont effondrés en fin de semaine dernière. Ce lundi encore, un vent de panique souffle aux quatre coins de la planète. Aussi bas que jamais depuis le début de la pandémie de Covid-19, les grands indices ont chuté de 8 à 10% en Suisse comme aux Etats-Unis. 

La course du SMI est définitivement terminée, stoppée par les nouveaux droits de douane de Donald Trump envers le reste du monde. Pas moins de 185 pays sont concernés, la Suisse ne fait pas exception avec des droits de douane de 31%. «C’est une vague de liquidation massive à l’échelle mondiale, tout simplement inédite», déclarait la légende de Wall Street Peter Tuchman dans un entretien avec Blick. 

Quelle sera l’ampleur de ce krach? Dans quelle mesure les caisses de pension suisses seront-elles touchées? Et comment réagir en tant que petit investisseur? Réponses d’experts de la Banque cantonale de Saint-Gall et de Zurich. 

La situation va-t-elle empirer?

C’est la question à un million de dollars. Partout dans le monde, les investisseurs se débarrassent massivement de leurs actions. Une certaine peur règne, non sans raison, comme le dit l’analyste boursier Omar Brem de la Banque cantonale zurichoise. «Les nouveaux tarifs douaniers du président américain sont d’une grande agressivité et ont été annoncés comme une revendication maximale.»

Bien qu’il reste encore de nombreuses incertitudes sur la nouvelle politique douanière de Trump, les dégâts sont déjà là. «L’incertitude et la nervosité sur les marchés financiers ont augmenté et continueront à le faire», déclare Omar Brem.

Wall Street souffre déjà des décisions de Donald Trump?

Il est difficile d’estimer à quel point les répercussions sur les marchés boursiers seront graves, déclare Thomas Stucki, directeur des placements de la Banque Cantonale de Saint-Gall. «L’expérience des droits de douane à l’encontre de la Chine pendant le premier mandat de Donald Trump nous montre qu’ils ont tendance à devenir permanents.» 

Toutefois, les entreprises et les consommateurs sont capables de s’adapter, mais la transition sera certainement difficile. «Ne consultez pas votre portefeuille ce week-end, il n’y a plus rien à faire », confie Peter Tuchman. «Je ne sais pas si la tempête est passée. J’ose l’espérer.»

Que faire avec mes actions?

En matière d’investissement en actions, il est particulièrement avisé de ne pas céder à la panique. C’est aussi ce que recommande Omar Brem: «Dans la mesure où la porte reste ouverte aux négociations, il est conseillé de garder son calme et de maintenir sa position pour le moment. Nous pensons qu’il est judicieux d’observer l’évolution des prochains jours et de n’agir que lorsque la situation sera plus claire.»

Cela devrait être le cas dans les prochains jours. Depuis minuit, les droits de douane de base de 10% sont entrés en vigueur. Les suivants, nettement plus élevées – 31 % dans le cas de la Suisse – suivront mercredi prochain. 

Est-ce le moment d’acheter?

Dans la phase actuelle, il n’est pas judicieux de miser sur des gains à court terme par le biais d’actions spontanées. Pour Omar Brem: «La tentation est grande, mais avec cette forte volatilité, on risque surtout de générer des frais de transaction. En revanche, ceux qui investissent sur le long terme, qui sont disposés à prendre des risques et qui ont des nerfs solides peuvent envisager d’acheter.»

En règle générale, les marchés réagissent fortement au premier choc, explique Thomas Stucki. Vendre dans la panique à ce stade n’est donc pas une option pour lui. «Les fortes baisses de cours des actions individuelles, par exemple dans le domaine technologique, offrent des opportunités aux investisseurs prêts à prendre des risques.» En revanche, il est encore trop tôt pour revenir sur les marchés ou y entrer à nouveau.

Comment se prémunir contre les pertes?

«La nervosité sur les marchés est générale», explique Omar Brem, il est donc conseillé de rester diversifié dans son propre profil de risque. Et d’ajouter: «Ceux qui suivent déjà une stratégie défensive peuvent profiter de cette correction des évaluations pour prendre davantage de risques à meilleur prix.» Son conseil: convertir une partie des obligations en actions, car la reprise se fait toujours via les actions.

Nos caisses de pension et notre prévoyance vieillesse sont-elles touchées?

Le krach de jeudi et vendredi a une influence directe sur ces dernières. Les actions américaines représentaient 72% de l’indice boursier mondial fin 2024. «Étant donné que de nombreux investisseurs, notamment des caisses de pension, s’alignent sur cet indice boursier, l’exposition aux actions américaines sera considérable», déclare l’expert Thomas Stucki.

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Les risques politiques sont difficiles à prévoir et donc difficiles à couvrir
Omar Brem, analyste boursier de la Banque cantonale zurichoise
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Les gains boursiers des actions en Europe et en Suisse depuis le début de l'année ont disparu en l'espace de deux jours. Néanmoins, «les obligations sont devenues plus précieuses dans les portefeuilles, car les taux d'intérêt sur ces dernières ont baissé», explique Thomas Stucki. «Ainsi, la correction reste jusqu'à présent modérée.» Cependant, les chiffres exacts ne sont pas encore disponibles.

Une alternative viable face à la bourse?

Aucune, selon les deux experts. «Dans le contexte actuel, il n’existe pas d’alternatives à faible risque qui promettent un rendement attrayant après avoir tenu compte de l’inflation», affirme Thomas Stucki. Mais il existe un complément: l’immobilier suisse. «Par exemple, via les fonds immobiliers.»

Un investisseur peut-il réellement se prémunir contre les interventions de Donald Trump?

«Les risques politiques sont difficiles à prévoir et donc difficiles à couvrir», estime Omar Brem. Thomas Stucki va encore plus loin : «On ne peut pas se protéger contre les risques politiques. Ces événements n’affectent normalement les actions que de manière temporaire. Le cours de l’économie mondiale est déterminant pour l’évolution des marchés boursiers. Etant donné que les droits de douane peuvent peser lourdement sur l’économie, et cela sur une longue période, il faut suivre de près cette évolution», prévient Thomas Stucki. 

Sommes-nous face à une récession?

Mieux vaut attendre. D'un point de vue économique, il est clair que les droits de douane sur les importations agissent comme une taxe sur la consommation et freinent ainsi la croissance économique, car les prix augmentent. Avec la guerre commerciale, désormais une réalité, Trump se tire une balle dans le pied: « Les plus grandes conséquences seront pour l’économie américaine elle-même», déclare Omar Brem. 

Bien que les Etats-Unis soient la plus grande économie mondiale, leurs importations ne représentent qu’environ 13% du commerce mondial de biens. Et même si le président américain a brandi son épouvantail tarifaire lors de son «Liberation Day», «cela ne suffira pas, à court terme, à provoquer une récession mondiale. Ce qui sera déterminant, c’est la réaction des principaux partenaires commerciaux», juge Omar Brem. La Chine a réagi avec des contre-tarifs de 34%, tandis que l’Europe et la Suisse attendent encore. »

Une recommandation pour les investisseurs?

Cet article est uniquement à titre informatif et ne constitue pas un conseil en investissement. Les opinions et évaluations présentées sont fondées sur des recherches approfondies, mais ne peuvent remplacer l’examen individuel et les conseils d’experts. 

’évolution des marchés boursiers dépend de nombreux facteurs et n’est pas prévisible. Les investissements en actions, crypto-monnaies et autres produits financiers comportent des risques, y compris la perte du capital investi.

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