Les dirigeants ukrainiens se trouvent à un moment fatidique. Après un an et neuf mois de guerre, les critiques s'accumulent contre la stratégie militaire du pays et contre le président Volodymyr Zelensky. Le commandant en chef de l'armée ukrainienne Valeri Zaloujny a déclaré cette semaine dans «The Economist» qu'il voyait une «guerre enlisée» avec la Russie se profiler à l'horizon. Volodymyr Zelensky a, à son tour, rejeté ces craintes en déclarant qu'il n'y aurait pas d'«impasse». Pour de nombreux observateurs, c'est le signe même d'un fossé entre les dirigeants militaires et civils dans une période déjà difficile pour l'Ukraine. Selon un rapport du «New York Times», les réprimandes mutuelles indiqueraient même une possible scission au sein de l'équipe dirigeante.
Les déclarations de Valeri Zaloujny sur une guerre «enlisée» faciliteraient «le travail de l'agresseur», a commenté samedi Igor Zhovkva, chef adjoint du bureau présidentiel. «Les commandants en chef ne devraient pas rendre public ce qu'il se passe sur le front», ajoute-t-il. Valeri Zaloujny avait auparavant indiqué qu'aucun des deux camps n'avançait, car ils disposaient des mêmes moyens technologiques.
Possible scission au sein du commandement militaire ukrainien?
Le «New York Times» voit des signes indiquant qu'une scission du commandement militaire ukrainien a failli avoir lieu vendredi. En effet, le général Viktor Horenko, un haut adjoint de Valeri Zaloujny, a été limogé vendredi sans donner d'autres raisons. Cela a froissé les alliés occidentaux. Les militaires américains qui ont travaillé avec Viktor Horenko ont en effet décrit des échanges «étroits et efficaces». Après les déclarations du commandant en chef de l'armée ukrainienne, la Maison-Blanche a réaffirmé son soutien à l'Ukraine, car le pays n'a de chances de réussir que s'il continue à être soutenu par les États-Unis.
Le licenciement de Viktor Horenko a également suscité l'étonnement dans ses propres rangs, écrit le journal. Certes, la décision de mener une attaque sur le fleuve Dnepr dans le sud de l'Ukraine n'a pas suscité l'enthousiasme de tous, mais ce licenciement est arrivé sans préavis.
«Les gens sont fatigués»
Cette brouille intervient au moment même où l'Ukraine doit se battre sur le plan militaire et diplomatique. Les combats sur le front n'ont pas donné de résultats significatifs et ont entraîné de lourdes pertes des deux côtés. En outre, l'Ukraine est confrontée à un nombre accru d'attaques russes à l'est. Bien que Volodymyr Zelensky ne veuille pas entendre parler d'une «impasse», il constate une lassitude face à la guerre: «Après une si longue période, les gens sont fatigués. Quelle que soit la position dans laquelle ils se trouvent, c'est compréhensible», a-t-il déclaré samedi.
À cela s'ajoute le fait que la lassitude de la guerre se répand également chez les partenaires. Le scepticisme à l'égard de l'aide à l'Ukraine a augmenté dans certaines capitales européennes et également parmi les membres du parti républicain aux Etats-Unis. Les dirigeants ukrainiens sont en outre préoccupés par le fait que l'attention des alliés occidentaux s'est déplacée vers le conflit entre Israël et le Hamas: «Le conflit au Proche-Orient accapare l'attention», a poursuivi le président ukrainien.
