Sans la Russie
De nouveaux pourparlers sur l'Ukraine ont eu lieu à Malte

Les représentants de plus de 60 pays se sont réunis ce samedi à Malte pour une troisième session de pourparlers soutenus par l'Ukraine. La Russie s'indigne en qualifiant la rencontre «d'événement profondément antirusse».
Publié: 28.10.2023 à 23:08 heures
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Dernière mise à jour: 29.10.2023 à 13:30 heures
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a pris la parole au premier de ces deux jours de discussions à huis clos, visant à obtenir un soutien en faveur de son plan en 10 points pour mettre un terme à la guerre déclenchée par l'invasion russe de février 2022.
Photo: KEYSTONE/EPA/ROBERT GHEMENT

Une troisième session de pourparlers soutenus par l'Ukraine pour mettre un terme à l'invasion russe a débuté samedi à Malte avec des représentants de plus de 60 pays. La Russie, absente, dénonce «un événement profondément antirusse».

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a pris la parole au premier de ces deux jours de discussions à huis clos, visant à obtenir un soutien en faveur de son plan en 10 points pour mettre un terme à la guerre déclenchée par l'invasion russe de février 2022. Dans un message posté sur les réseaux sociaux, il s'est félicité de la participation de conseillers diplomatiques de 66 pays, dont la Suisse, à la réunion qui intervient après celles de Jeddah et Copenhague cet été. Preuve selon lui que le plan de paix ukrainien «est progressivement devenu global».

«La réunion a confirmé un large intérêt et un soutien croissant pour les éléments clés de la formule de paix ukrainienne», a estimé un représentant de l'Union européenne. Quelque 40 nations avaient pris part au sommet saoudien en août.

Plan de paix en 10 points

Dans le contexte de la guerre entre le Hamas et Israël, la rencontre montre «que la restauration d'une paix juste est importante au-delà de l'Ukraine; il s'agit d'un plaidoyer global pour le respect du droit international», selon la même source européenne.

Volodymyr Zelensky pousse son plan de paix en 10 points, qui demande à la Russie de retirer toutes ses troupes hors des frontières internationalement reconnues de l'Ukraine.

Mais la Russie - qui a proclamé l'annexion des quatre régions ukrainiennes de Lougansk, Donetsk, Kherson et Zaporijjia en septembre 2022 et celle de la Crimée en 2014 - a rejeté tout règlement qui impliquerait de céder ces territoires.

«Il est évident que des démarches (comme la réunion de Malte, ndlr) n'ont absolument aucun avenir, elles sont juste contreproductives», avait déclaré jeudi la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, qualifiant cette rencontre d'«évènement profondément partial et antirusse, qui n'a rien à voir avec un règlement pacifique de la crise ukrainienne».

La Chine absente

Les soutiens de Kiev tels que les Etats-Unis, l'UE ou le Royaume-Uni, participent à la rencontre de Malte. La Turquie, qui s'est proposée comme médiatrice entre l'Ukraine et la Russie, est également représentée, selon une liste consultée par l'AFP avant l'ouverture de la réunion. La Suisse y a envoyé le chef de la division Sécurité internationale (DSI) du Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE), l'ambassadeur Gabriel Lüchinger.

Mais ces discussions, où il est notamment question de l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ont la particularité de voir aussi participer des pays qui se sont gardés de condamner l'invasion russe, comme l'Afrique du Sud et l'Inde. Ou qui ont refusé de se joindre aux nations occidentales pour envoyer des armes à l'Ukraine ou imposer des sanctions à la Russie, comme le Brésil.

La Chine, qui refuse de condamner l'invasion russe, n'a pas envoyé de délégation à Malte, selon le responsable de l'UE, alors qu'elle était représentée à Jeddah.

Sécurités alimentaire et énergétique

Les organisateurs espèrent une déclaration conjointe du sommet de Malte, contrairement aux deux réunions précédentes.

Andriï Iermak, le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, a rapporté sur son compte Telegram des discussions «animées», portant notamment sur cinq domaines clés: la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique, la sécurité nucléaire, les questions humanitaires et le rétablissement de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.

Les discussions de Malte doivent également porter sur la sécurité nucléaire - en particulier celle de la centrale ukrainienne de Zaporijjia - et sur la protection des infrastructures énergétiques du pays.

Selon le DFAE, la Suisse est membre du groupe «Sécurité nucléaire», en complément aux travaux de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), soulignant que les attaques contre des installations nucléaires civiles violent les principes de la Charte de l'ONU, du droit international et des Conventions de Genève ainsi que des statuts de l'AIEA.

Les questions de sécurité alimentaire et humanitaire sont également à l'agenda de la rencontre, alors que Moscou entrave les exportations de céréales ukrainiennes, et la libération de prisonniers ou le retour d'enfants ukrainiens emmenés en Russie. Berne s'est déclarée prête à rejoindre les groupes «Sécurité alimentaire» et »Confirmation de la fin de la guerre», a précisé le DFAE dans un communiqué samedi.

L'Ukraine se prépare à un hiver éprouvant après plus d'un an et demi d'une guerre sanglante et de bombardements russes meurtriers, Kiev anticipant de nouvelles frappes massives sur ses infrastructures énergétiques alors que sa contre-offensive a échoué pour l'instant à percer en profondeur les défenses russes.

La réunion devait avoir lieu dans un pays du Proche-Orient, mais a été déplacée à Malte après le déclenchement de la guerre entre le Hamas et Israël, selon un diplomate européen.

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