Le fabricant du vermifuge ivermectine a de quoi se frotter les mains: depuis plusieurs semaines, son produit se vend comme des petits pains, y compris en Suisse. La raison de cette hausse? Les achats frénétiques de la part des sceptiques de la vaccination qui sont convaincus que le médicament est une alternative contre le Covid-19.
En Autriche, où les personnes non vaccinées sont confinées depuis lundi, le médicament est même en rupture de stock, notamment depuis qu’une figure politique influente du pays l’a recommandé comme traitement contre le Covid-19.
Le vermifuge comme plan B à la vaccination
C’est au début du mois de novembre que Herbert Kickl, le leader du Parti libéral autrichien (FPÖ), a présenté l’ivermectine comme un plan B à la vaccination.
Le politicien de droite est d’ailleurs actuellement en quarantaine après avoir contracté le Covid-19. «C’est à mon tour d’être frappé, comme tant d’autres avant moi», écrit Herbert Kickl sur Facebook. «J’ai des symptômes légers et je n’ai actuellement pas de fièvre.» Nul ne sait s’il a lui-même recours à de l’ivermectine pour soigner ses maux.
Même le fabricant déconseille son utilisation
Du côté des professionnels de santé autrichiens, les recommandations sont aux antipodes: la Chambre autrichienne des pharmaciens rapporte que la prise inconsidérée de l’ivermectine aurait déjà provoqué des empoisonnements dans le pays. «Beaucoup de gens prennent le médicament de manière complètement erronée», rapporte le chef de la Chambre, Thomas Veitschegger, au portail «OÖ Nachrichten». Les gens prennent une dose beaucoup trop élevée, dont la quantité est généralement destinée aux chevaux…
Si l’ivermectine est utilisée en Suisse depuis des décennies en médecine vétérinaire et humaine, elle n’est toutefois pas approuvée pour le traitement des patients atteints par le Covid-19. Les résultats probants du vermifuge n’ont pu être observés que lors de tests in vitro dans des cellules de tubes à essai en laboratoire. L’ivermectine n’est autorisée pour le traitement et la prévention du Covid-19 que dans certaines régions de l’Inde, de la Slovaquie, du Zimbabwe, de l’Afrique du Sud et de certains pays d’Amérique du Sud. Les autorités sanitaires ne sont d’ailleurs pas les seules à mettre en garde sur le recours à l’ivermectine puisque même son fabricant, Merck, en a déconseillé l’usage en cas d’infection au Covid-19.
(Adaptation par Louise Maksimovic)