La société Furtenbach Adventures, basée à Rum, dans la banlieue d'Innsbruck, propose désormais des expéditions sur l'Everest qui ne durent qu'une semaine. Cette expédition ne figure pas encore sur le site Internet de l'entreprise autrichienne, mais l'annonce faite dans le «Financial Times« il y a tout juste deux semaines a déjà fait des vagues.
Et pas seulement en raison du prix exorbitant de 154'000 dollars (140'000 francs) pour l'expédition. Alors que le Népal a déjà annoncé que le permis d'ascension de la plus haute montagne du monde, culminant à 8849 mètres, serait augmenté de 35% à partir de septembre 2025 – passant de 11'000 dollars à 15'000 dollars, soit environ 13'600 francs.
En réalité, cette offre fait surtout des remous parce qu'une expédition sur l'Everest dure généralement deux à trois mois. Ce laps de temps comprend différentes phases d'acclimatation, de préparation et d'ascension proprement dite. L'acclimatation est importante pour permettre au corps de s'adapter à la faible teneur en oxygène en haute altitude. Elle minimise le risque de mal des montagnes.
Un énorme intérêt pour les excursions en altitude
Lukas Furtenbach, fondateur et directeur de Furtenbach Adventures, propose de raccourcir considérablement ce temps grâce à une astuce, comme il le raconte au «Financial Times». Selon lui, il serait possible de réduire la durée de l'expédition grâce à l'utilisation d'un gaz rare, le xénon, principal composant d'un mélange de gaz tenu secret. Le premier groupe composé de quatre Britanniques (un pilote, deux entrepreneurs et un politicien) veut tenter l'aventure pendant une semaine en mai. Ils recevront un traitement au xénon dans une clinique de Katmandou, la capitale népalaise, avant de partir directement pour le sommet.
Le xénon est censé augmenter massivement la production d'érythropoïétine, une hormone qui régule la quantité de globules rouges dans le sang. L'utilisation du xénon comme produit dopant est bien connue.
Bien sûr, les alpinistes sont surveillés pendant l'ascension, assure Lukas Furtenbach. Il a lui-même testé son mélange gazeux, mais sur le mont argentin Aconcagua, qui culmine à 6962 mètres. L'intérêt suscité par cette courte expédition est énorme, déclare l'Autrichien. Tout comme le fait qu'il est prêt à affronter les critiques de la communauté des alpinistes.
Critique de la commercialisation de l'ascension
Les alpinistes traditionnels critiquent vivement les projets de Lukas Furtenbach. Toutefois, la critique n'est pas directement dirigée contre la technique d'utilisation du xénon. Elle porte plutôt sur la commercialisation croissante de l'ascension de l'Everest. En principe, Lukas Furtenbach s'adresse aux clients qui ont plus d'argent que de temps et qui optent donc pour cette variante rapide.
Historiquement, de nombreux alpinistes de l'Everest n'avaient pas les capacités ou la forme physique nécessaires, ce qui a conduit à des situations dangereuses sur la montagne, avec des décès à la clé. Le fait de ne pas effectuer l'ascension d'acclimatation est déjà mal perçu par les alpinistes traditionnels, mais l'ascension à partir du camp de base en trois jours seulement, au lieu d'une semaine, suscite d'autres inquiétudes.
Une excursion «agressive»
Lukas Furtenbach reconnaît que l'excursion d'une semaine est «agressive», mais il balaie d'un revers de main les doutes quant à son manque de sérieux. Il assure qu'il ne proposerait pas cette offre s'il n'était pas convaincu de sa sécurité. Jusqu'à présent, son entreprise présente un bilan de sécurité sans faille.
En mai, on découvrira les premiers résultats de cette nouvelle approche radicale. Cette nouvelle méthode révolutionnera-t-elle l'ascension du plus haut sommet du monde ou n'est-elle qu'une pure folie? La diminution des obstacles à l'ascension de l'Everest a en tout cas déjà fait quelques victimes...