Réguler les contenus haineux et malfaisants en ligne «n'est pas de la censure», a affirmé vendredi le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, quelques jours après la volte-face de Meta sur le fact-checking.
«Autoriser les discours de haine et les contenus malfaisants en ligne a des conséquences concrètes. Réglementer ces contenus n'est pas de la censure» et le Haut-Commissariat «appelle à la responsabilité et à la gouvernance dans l'espace numérique, dans le respect des droits humains», a affirmé M. Türk, sur le réseau social X.
Fin au programme de fact-checking chez Meta
Le géant de la tech Meta, maison mère de Facebook, a annoncé mardi qu'il mettait fin à son programme de fact-checking aux États-Unis pour le remplacer par un système de notes de contexte, semblable à celui du réseau social X.
A l'appui de sa décision coup de théâtre, le patron de Meta a affirmé que «les fact-checkers ont été trop orientés politiquement et ont plus participé à réduire la confiance qu'ils ne l'ont améliorée, en particulier aux Etats-Unis». Ainsi «nous restaurons l'expression libre sur nos plateformes», a-t-il asséné.
L'annonce de Meta survient alors que les républicains américains ainsi que Elon Musk, le propriétaire de X et proche du président élu américain Donald Trump, se sont plaints à de multiples reprises ces dernières années des programmes de fact-checking, qu'ils assimilaient à de la «censure».
L'AFP participe dans plus de 26 langues à un programme de fact-checking développé par Facebook, qui rémunère plus de 80 médias à travers le monde pour utiliser leurs «fact-checks» sur sa plateforme, sur WhatsApp et sur Instagram.
«Autoriser la haine peut nuire dans le monde réel»
Développant des arguments sur le réseau social professionnel LinkedIn, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme a expliqué qu'"autoriser la haine en ligne limite la liberté d'expression et peut nuire dans le monde réel».
Les réseaux sociaux «façonnent la société et disposent d'un immense potentiel pour améliorer nos vies et nous connecter» mais «ils ont également démontré leur capacité à alimenter les conflits, à inciter à la haine et à menacer la sécurité», a-t-il assuré.
Et l'absence de réglementation «signifie que certaines personnes sont réduites au silence - en particulier celles dont les voix sont souvent marginalisées», a-t-il indiqué.
Interrogé sur la présence de l'ONU sur les réseaux X et de Meta, un porte-parole de l'ONU à Genève, Michele Zaccheo, a indiqué lors d'un point de presse que les Nations unies «surveillent et évaluent constamment cet espace» en ligne.
«Il est important pour nous d'être présents avec des informations basées sur des faits, et c'est ce que nous défendons», a-t-il ajouté.
«Nous ne savons pas encore comment cela va évoluer» mais «à l'heure actuelle, nous pensons toujours qu'il est important d'être présent sur ces plateformes, de présenter des informations fondées sur des preuves», a-t-il dit.
Présente au point de presse, une porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Harris, a renchéri: «Notre rôle est de fournir de bonnes informations scientifiques sur la santé, et nous devons le faire là où les gens les cherchent» et «nous seront donc présents sur toutes les plateformes, dans la mesure du possible».