À l’issue d’un sommet Asie-Pacifique dominé par des préoccupations autour du protectionnisme et de l'isolationnisme, amplifiées par la réélection de Donald Trump, les présidents chinois Xi Jinping et américain Joe Biden se sont rencontrés ce samedi à Lima. Ce face-à-face sera leur ultime rendez-vous officiel avant de tourner une nouvelle page des relations internationales.
Joe Biden est arrivé un peu avant 16h00 heure locale (22h00 suisses) à l'hôtel où loge Xi Jinping, dans le quartier huppé de San Isidro, pour cette dernière rencontre avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Les deux dirigeants sont arrivés jeudi dans la capitale péruvienne pour participer avec d'autres chefs d'Etat et de gouvernement à la 31e édition du sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (Apec), qui regroupe 21 pays réalisant 60% du PIB mondial.
Avant leur tête-à-tête, au cours d'une session d'échanges à huis clos, le président Xi a évoqué les «défis tels la géopolitique, l'unilatéralisme et le protectionnisme montant». Dans ce contexte, «nous devons nous unir et coopérer», a-t-il lancé à l'adresse des Etats de la région Asie-Pacifique.
Xi a exhorté Washington à ne pas franchir la ligne rouge avec Taïwan
A deux mois du retour de Donald Trump, Xi Jinping a affirmé que «la question de Taïwan, la démocratie et les droits de l'homme» ainsi que le système politique et économique chinois et ses intérêts en matière de développement «sont les quatre lignes rouges de la Chine qui ne doivent pas être remises en question», a rapporté la télévision d'Etat chinoise CCTV. «Il s'agit des garde-fous et du filet de sécurité les plus importants pour les relations entre la Chine et les Etats-Unis», a ajouté Xi Jinping selon CCTV. Il a condamné les «actions séparatistes» des dirigeants de Taïwan en estimant qu'elles étaient «incompatibles avec la paix et la sécurité» dans la région.
La Chine revendique Taïwan comme une partie de son territoire et a dit ne pas écarter l'usage de la force pour ramener l'île sous son contrôle. Ces dernières années, elle a renforcé sa pression militaire en envoyant presque quotidiennement avions de guerre, drones et navires autour de l'île. Les Etats-Unis sont le principal soutien de Taïwan en matière de sécurité, même s'ils ne reconnaissent pas diplomatiquement l'île.
Xi Jinping a également affirmé que Washington «ne devrait pas intervenir dans des contentieux bilatéraux [...] et ne pas tolérer ou soutenir des actions provocatrices» en mer de Chine méridionale, selon CCTV. Pékin revendique, au nom de raisons historiques, sa souveraineté sur la quasi-totalité des récifs et îlots inhabités de la mer de Chine méridionale, ignorant une décision de justice internationale de 2016 selon laquelle ses prétentions ne reposent sur aucune base juridique.
Les Philippines, le Vietnam, la Malaisie, Brunei et l'Indonésie affichent des prétentions rivales, dans cette zone maritime aux forts enjeux commerciaux et stratégiques. La situation s'est envenimée ces derniers mois. Plusieurs épisodes de violences ont opposé des navires chinois d'un côté et vietnamiens et philippins de l'autre.