Les émissions de gaz à effet de serre liées au tourisme ont représenté 8,8% des émissions mondiales en 2019 et ont augmenté de 3,5% par an entre 2009 et 2019, soit deux fois plus que les émissions de l'économie mondiale (+1,5%), selon une étude publiée mardi dans Nature Communications.
La croissance touristique a surpassé celle de l'économie mondiale, avec des revenus qui ont quasiment doublé en une décennie, passant de 3500 milliards de dollars en 2009 à 6000 milliards en 2019, ce qui représente un taux de croissance annuel de 5,5 %, selon cette étude.
L'empreinte du tourisme s'agrandit chaque année
Cette consommation est associée à une empreinte carbone touristique de 5,2 gigatonnes (Gt) d'équivalent CO2 en 2019. Celle-ci se répartit entre les émissions directes qui s'élevaient à 1,8 Gt (52% provenant de l'aviation, 18% du transport routier), les émissions indirectes qui représentaient 2,5 Gt (34% provenant des services, 14% de la production pétrolière) et les émissions des véhicules privés (0,9 Gt).
Au total, le tourisme mondial en 2019 était responsable de «8,8 % du réchauffement anthropique mondial», selon l'étude. «Entre 2009 et 2019, les émissions du secteur ont augmenté de 1,5 Gt d'équivalent CO2, ce qui équivaut aux émissions annuelles produites par l'ensemble de l'Amérique latine et des Caraïbes», estiment les auteurs du rapport.
L'empreinte carbone du tourisme s'est élargie à un rythme (3,5% par an) deux fois supérieur à celui de l'économie mondiale (1,5% par an). Les touristes des États-Unis représentaient à eux seuls 19% de l'empreinte totale du tourisme mondial en 2019, les Chinois 15% et les Indiens 6%.
Les dépenses touristiques domestiques de la Chine ont augmenté de 17% par an au cours de la dernière décennie, contribuant à une hausse de 0,4 Gt d'équivalent CO2 des émissions mondiales, suivies par le tourisme domestique aux États-Unis (0,2 Gt) et en Inde (0,1 Gt). Les voyages des Chinois à l'étranger ont également causé une augmentation notable des émissions (0,1 Gt).
L'aviation reste le talon d'Achille des émissions
L'équipe internationale de rédacteurs du rapport prévoit «des augmentations annuelles des émissions de 3 à 4% si les tendances actuelles se maintiennent». Or, pour atteindre l'objectif de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C comme le prévoit l'accord de Paris, les 5,2 Gt d'émissions de gaz à effet de serre du secteur devraient être réduites de plus de 10% par an jusqu'en 2050.
Une simple réduction du volume de tourisme (par exemple que tous les pays réduisent la demande touristique de 5%) n'est «pas une approche idéale», selon cette étude de Nature Communications, car elle est n'est pas «juste et équitable» selon les pays.
Si des efforts sont faits sur l'électrification des transports et la technologie, l'aviation reste le talon d'Achille des émissions du tourisme mondial. Limiter la croissance de la demande de transport aériens, en particulier les longs courriers internationaux, «permettrait d'obtenir des résultats souhaitables d'un point de vue climatique et social», propose l'équipe internationale de rédacteurs de cette étude.
«L'inégalité des émissions de carbone dues aux voyages découle de l'écart entre ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas se permettre de voyager à l'étranger», relèvent les auteurs. «Se concentrer sur la limitation de la croissance continue des voyages aériens internationaux plutôt que sur le tourisme intérieur offrirait une approche plus équitable sur le plan social», estiment-ils.