D’après l’agence de presse américaine AP, le Kremlin envisagerait de lancer une nouvelle offensive ce printemps. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky affirme, sur la base de rapports des services de renseignement ukrainiens, que la Russie planifie des attaques dans les régions de Soumy, Kharkiv et Zaporijjia, dans le nord-est du pays.
Des sources militaires et des analystes s’attendent à ce que le président russe Vladimir Poutine ordonne dans les semaines à venir des offensives coordonnées sur plusieurs fronts, le long de la ligne de contact qui s’étend sur plus de 1000 kilomètres. L'objectif est simple: accroître la pression sur Kiev et se positionner de façon stratégique en vue de futures négociations sur un éventuel cessez-le-feu.
Prédominance tactique sur le front
Lors d’un déplacement à Paris jeudi dernier, Zelensky a évoqué l’état des négociations. «La Russie fait traîner les discussions en longueur et tente d'entraîner les États-Unis dans des discussions interminables et inutiles sur de fausses 'conditions', uniquement pour gagner du temps et tenter ensuite de conquérir plus de terrain», avait-il déclaré.
Selon le chef d’Etat ukrainien, Moscou souhaite négocier en position de force, ce qui expliquerait l’intensification actuelle des attaques russes sur le terrain. L'ascendant tactique permettrait de lancer plus facilement la prochaine offensive. Le président russe a lui-même affirmé jeudi, lors d'un forum dans la ville portuaire arctique de Mourmansk, que «l'initiative stratégique est entièrement entre les mains des forces armées russes», évoquant l’ensemble de la ligne de front.
Déployer les troupes à l'est
Avec le soutien de troupes nord-coréennes, la Russie aurait repris le contrôle de vastes zones dans la région de Koursk, privant ainsi l’Ukraine d’un atout stratégique important. Toutefois, certains officiers ukrainiens estiment que le Kremlin pourrait redéployer une partie de ses forces vers l’est en vue de la nouvelle offensive.
«Ils préparent des actions offensives sur le front qui devraient durer de six à neuf mois, presque toute l'année 2025», explique l’analyste militaire ukrainien Oleksii Hetman, proche de l’état-major ukrainien. Selon lui, l’armée russe a renforcé ses activités de reconnaissance, ciblant désormais des installations stratégiques comme les positions d’artillerie ou les systèmes de défense anti-drones. «Tout cela peut être le signe qu'une attaque est en préparation dans un avenir proche», estime-t-il.
«L'effondrement des défenses ukrainiennes»
Des signes similaires sont observés dans la région de Pokrovsk, à l’est de l'Ukraine, qui abrite l’un des principaux bastions défensifs ukrainiens. Les troupes sur place signalent une activité accrue de reconnaissance russe, tandis que des interceptions radio révèlent un afflux de renforts et la constitution de réserves de munitions.
L’optimisme semble de mise à Moscou. Sergueï Poletaïev, analyste militaire basé dans la capitale russe, écrivait récemment: «Les deux parties se préparent activement à la campagne de printemps-été. On a de plus en plus l'impression que les forces armées ukrainiennes ont des difficultés à s'y préparer de manière adéquate. Bien que l'armée russe soit usée par les combats, elle a une réelle chance de remporter des succès décisifs dans les six mois à un an à venir. Cela pourrait conduire à l'effondrement des défenses ukrainiennes.»