Le dictateur de Biélorussie a appelé aux urnes. Lorsque le dirigeant de longue date Alexandre Loukachenko se fera à nouveau proclamer vainqueur d'élections fictives dimanche prochain, des politiciens suisses se présenteront également devant les caméras de la télévision à Minsk.
Des documents montrent que le ministère des Affaires étrangères biélorusse a recruté au moins trois «observateurs» électoraux de notre pays. Le régime leur paie les frais de voyage et d'hôtel, mais attend en contrepartie des propos aimables sur le régime. Les premiers rendez-vous pour des interviews télévisées sont déjà en préparation.
Le trublion politique Eric Weber présent
Les candidats sérieux de l'opposition ne sont pas autorisés à se présenter aux élections de dimanche prochain. Alexandre Loukachenko refuse également de laisser entrer dans le pays des observateurs électoraux indépendants, comme ceux de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Il privilégie les étrangers qu'il a lui-même recrutés et qui lui sont favorables.
Trois d'entre eux sont originaires de Suisse. Il s'agit du Bâlois Eric Weber, de Patrik Kretz, un conseiller cantonal de l'Union démocratique du centre (UDC) zougois, et de Wilhelm Wyss, un autre Bâlois, ancien membre du comité directeur de l'UDC Münchenstein et fondateur de l'association «Amitié russo-suisse» (VRSF).
Blick a pu consulter une lettre personnelle du ministre biélorusse des Affaires étrangères Maxim Ryzhenkov adressée à Eric Weber, dans laquelle il invite le député bâlois à voter. «J'espère qu'il vous sera possible de visiter notre pays. Veuillez être assuré de ma plus haute considération.»
Condamné pour fraude électorale
L'invitation d'Eric Weber en Biélorussie par l'«Action populaire contre trop d'étrangers et de demandeurs d'asile dans notre pays (VA)» ne manque pas d'ironie. Le politicien bâlois fait l'objet d'une procédure pour fraude électorale et a déjà été condamné en 2014. Il avait poussé plusieurs personnes à retirer une deuxième enveloppe de vote et à voter pour lui.
Eric Weber a bien confirmé qu'il se rendra lundi à Minsk pour une semaine. «Les médias ont une image erronée de la Biélorussie. Là-bas, beaucoup de choses sont plus modernes qu'en Suisse», a-t-il affirmé.
«On peut exprimer librement»
Deux autres politiciens suisses engagés par la Biélorussie ont fait le voyage à Minsk. Patrik Kretz et Wilhelm Wyss ont déjà tenté de redorer les élections parlementaires biélorusses d'il y a un an. «Après tout ce que nous avons vu aujourd'hui, nous pouvons dire que tout est bien organisé», avait alors déclaré Patrik Kretz, cité par des médias locaux. Les citoyens du pays se sont rendus aux urnes «motivés et de bonne humeur».
Le député UDC n'a pas souhaité s'exprimer auprès de Blick. Contrairement à Wilhelm Wyss qui s'enthousiasme: «Minsk est une ville extrêmement propre et bien organisée. On peut exprimer librement son opinion.»
Mais les faits sont contre Wilhelm Wyss. Alexandre Loukachenko emprisonne les opposants politiques, fait arrêter ceux qui osent critiquer le régime. Après les élections présidentielles de 2020, lors desquelles il a été prouvé qu'il y avait eu des manipulations des résultats, il a brutalement réprimé les manifestants de l'opposition, et ce, à plusieurs reprises.
Rencontre avec l'ambassadrice suisse
Wilhelm Wyss occulte ce fait. «Les élections sont libres et équitables», assure-t-il, et les protestations «orchestrées par l'Occident». Le jeune politicien n'admire pas seulement le dictateur de Biélorussie, mais aussi son plus puissant soutien, le dirigeant russe Vladimir Poutine.
Le 7 octobre 2023, il a posé sur Instagram avec un portrait du chef du Kremlin. Avec comme légende: «Je souhaite au président de la Fédération de Russie, Vladimir Vladimirovitch Poutine, mes meilleurs vœux et les riches bénédictions de Dieu pour son 71e anniversaire!»
Le Département des affaires étrangères (DFAE) souligne que la Confédération n'est pas impliquée dans cette affaire. Mais manifestement, des contacts existent. Lorsque le trublion politique Eric Weber s'est rendu à Minsk cet été, il a été accueilli personnellement par l'ambassadrice suisse Christine Honegger Zolotukhin.
Un porte-parole du DFAE a alors donné des précisions. «Il est courant que des représentants élus du peuple suisse soient reçus par des ambassadeurs suisses à l'étranger pour un échange de politesse.» La rencontre n'avait toutefois rien à voir avec les élections en Biélorussie.