Procès de Meta à Washington
A la barre, Mark Zuckerberg défend les rachats de WhatsApp et Instagram

Mark Zuckerberg a à nouveau témoigné à la barre, mardi, à Washington. Le PDG a défendu les acquisitions d'Instagram et WhatsApp, affirmant qu'elles ont bénéficié aux consommateurs. Meta est accusé d'avoir voulu éliminer la concurrence à travers ces rachats.
Publié: 04:02 heures
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Dernière mise à jour: 04:40 heures
Mark Zuckerberg est revenu à la barre d'un tribunal de Washington mardi, au deuxième jour du procès de son entreprise Meta.
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AFP Agence France-Presse

Mark Zuckerberg est revenu à la barre d'un tribunal de Washington mardi, au deuxième jour du procès de son entreprise Meta, la maison-mère de Facebook, accusée d'avoir acheté Instagram et WhatsApp pour étouffer des concurrents potentiels. Après avoir évoqué lundi les débuts de Facebook, le patron du géant californien, qui avait tout fait pour éviter ce procès, a assuré mardi que les deux app n'auraient pas autant prospéré sans les investissements du groupe.

«L'intégration d'Instagram s'est très bien passée, au final», a-t-il déclaré. «Nous avons réussi à ajouter beaucoup plus de valeur au service que je n'aurais initialement pensé.» Après cette acquisition, «nous avons gagné en confiance dans notre capacité à identifier des applis à fort potentiel que nous pourrions faire croître plus rapidement en les rachetant», a-t-il ajouté.

Le procès a lieu cinq ans après la plainte déposée sous le premier gouvernement Trump. Le juge a huit semaines d'audience pour déterminer si le géant des réseaux sociaux a enfreint le droit de la concurrence et devrait être forcé de se séparer de ses deux plateformes phares.

«Eliminer les menaces»

L'agence de protection des consommateurs, la FTC, estime que Meta, alors Facebook, a abusé de sa position dominante lors du rachat d'Instagram en 2012, pour un milliard de dollars, et de WhatsApp en 2014, pour 19 milliards. Ces achats ont permis à Meta «d'éliminer des menaces immédiates», a accusé lundi le représentant de la FTC. Ils ont à l'inverse été «des réussites» pour les consommateurs, a plaidé de son côté un avocat de Meta.

Daniel Matheson, l'avocat de la FTC, a montré mardi à Mark Zuckerberg des courriels de 2012, où l'ancien directeur financier de Facebook évoque des raisons possibles d'acheter des start-up comme Instagram, y compris «neutraliser un concurrent». Dans sa réponse à l'époque, le dirigeant avait reconnu ce facteur de décision, parmi d'autres. «Je ne sais pas ce que je pensais exactement à ce moment-là», a-t-il éludé mardi.

Il a expliqué que ses équipes avaient pesé le pour et le contre de développer une application photo pour Facebook, un projet qui était en cours. «J'ai trouvé qu'Instagram était meilleur dans ce domaine, donc je me suis dit qu'il valait mieux l'acheter». Mark Zuckerberg a multiplié les avances à l'égard de Donald Trump depuis la seconde élection de ce dernier en novembre, dans l'espoir notamment de régler cette procédure à l'amiable.

Youtube et TikTok, principaux concurrents

Mais la FTC, même sous présidence républicaine, semble décidée à poursuivre les différentes grandes actions antitrust lancées ces dernières années par le gouvernement américain dans le secteur des technologies. Google a été reconnu coupable d'abus de position dominante sur le marché de la recherche en ligne en août dernier, tandis qu'Apple et Amazon font également l'objet de poursuites.

Le procès de Meta va se jouer en partie sur la définition du marché concerné. Pour le gouvernement américain, les services de Meta relèvent des «réseaux sociaux personnels», qui permettent de rester en contact avec la famille et les amis. Les autres grandes plateformes telles que les très populaires TikTok et YouTube n'appartiennent pas à la même catégorie.

Une perspective que la firme de Menlo Park (Silicon Valley) rejette comme périmée. Selon Mark Zuckerberg, TikTok et YouTube sont les principaux concurrents de Facebook et Instagram, «parce que la vidéo est le médium le plus prisé des gens pour partager des contenus». «Et ils sont bien plus gros, nous avons du retard à rattraper», a-t-il déclaré mardi.

Un monopole sur le marché?

La défense de Meta va également insister sur la compétition existante entre ses applications et leurs concurrentes, qui innovent et ajoutent régulièrement des fonctionnalités pour «gagner en minutes d'attention des utilisateurs». Instagram compte aujourd'hui 2 milliards d'utilisateurs à travers le monde. Un succès que l'entrepreneur milliardaire attribue aux investissements substantiels du groupe.

Il a même assuré que si Snapchat avait accepté de rejoindre Facebook, «nous aurions certainement accéléré leur croissance». «Je me souviens que j'avais dit: 'Avec nous, Snapchat aurait des milliards d'utilisateurs'. Et je crois qu'ils n'y sont toujours pas arrivés, 10 ans plus tard». 

La FTC va chercher à l'inverse à démontrer que le monopole de Meta sur le marché des «réseaux sociaux personnels» se traduit par un usage dégradé pour les usagers, contraints de tolérer trop de publicités et de changements abrupts.


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