Procès de Koba LaD
Les coulisses crapuleuses du rap

Procès tendu à Melun : Koba LaD jugé pour séquestration et agression de son ex-manager. Le rappeur et ses complices auraient violenté Marvin I. pour obtenir un remboursement et rompre leur contrat, dans un contexte de soupçons d'escroquerie.
Publié: 14.11.2024 à 23:38 heures
Photo: imago/PanoramiC
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AFP Agence France-Presse

Rap, gros sous et baston: le tribunal de Melun (Seine-et-Marne) jugeait jeudi le rappeur Koba LaD pour la séquestration et le passage à tabac en 2022 de son manager historique, que le musicien accuse de l'avoir escroqué.

Dans une salle sous tension et pleine à craquer, où proches et fans du rappeur côtoient un lourd déploiement policier, le chanteur de 24 ans originaire d'Évry (Essonne) et ses trois complices présumés sont poursuivis pour avoir violenté son mentor, Marvin I. dit «Deuspi», afin de l'obliger à rembourser de l'argent et rompre leurs liens contractuels.

En milieu de soirée, huit heures après le début du procès, l'audience se poursuivait et l'interrogatoire du musicien aux fines dreadlocks n'avait toujours pas débuté. Grand gaillard affûté, doudoune Louis Vuitton sur les épaules, la victime, Marvin I., concède du bout des lèvres à la barre «quelques différends qui se sont réglés» avec son «petit frère» de la cité du Parc aux Lièvres, dont il a accompagné la percée dans le rap depuis 2018.

«Ils pensaient que j'allais m'en prendre à eux. C'est n'importe quoi», affirme «Deuspi», guère loquace, objet d'une plainte de Koba LaD pour des soupçons de détournement de centaines de milliers d'euros issus des revenus de sa musique. L'enquête sur ce volet est toujours en cours.

Selon le récit du manager, au retour d'un showcase dans une boîte de Lille, il est emmené au petit matin du 18 avril 2022 par des membres de l'entourage de Koba LaD, dans un entrepôt désaffecté de l'Essonne. Là, il est passé à tabac et perd connaissance.

Sa famille séquestrée

Lorsqu'il reprend conscience, il se trouve avec un groupe de «six-sept» personnes devant le domicile de sa compagne Sarah B. au Vert-Saint-Denis, commune de l'agglomération de Melun (Seine-et-Marne). A l'intérieur sa compagne et son petit frère sont séquestrés.

Pendant plusieurs heures, les violences pleuvent sur «Deuspi. «Il commence à convulser, à trembler. Il était en sang, il avait la tête qui commençait à doubler, voire tripler de volume», décrit d'une voix chevrotante sa compagne Sarah B., interrogée pendant deux heures à la barre par les avocats de la défense.

«Ils disaient 'il faut qu'il signe, il faut qu'il signe'. Ils voulaient que Monsieur I. signe une rupture de contrat», relate la jeune femme, au bord des larmes. Depuis qu'elle est partie civile dans cette affaire, cette amie d'enfance de Koba LaD dit être régulièrement menacée, allant jusqu'à trouver un chat égorgé sur sa place de parking, et avoir dû déménager deux fois. Sitôt sa déposition achevée, les policiers l'exfiltrent sous escorte du tribunal par une porte dérobée.

Un casier judiciaire aussi fourni que sa carrière musicale

Lunettes à monture dorée et verres fumés sur le nez, l'oreille percée d'un anneau doré, les co-prévenus de Koba LaD dénoncent des faits «totalement faux» et nient en bloc.

Dans le box des détenus, en raison de son placement en détention provisoire en septembre pour un homicide involontaire dans le Val-de-Marne, le musicien aux trois albums certifiés platine affiche régulièrement un sourire narquois, rit avec une partie de la salle aux saillies de ses avocats.

Le casier judiciaire de Koba LaD est aussi fourni que sa jeune carrière musicale. Outre cette affaire de séquestration et l'homicide involontaire de septembre, il a été condamné cet automne à Paris à deux ans de prison dont un ferme pour des violences dans une boîte de nuit. En 2020, il avait écopé de trois mois de prison avec sursis à Marseille pour un accident de voiture après lequel il avait pris la fuite.

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