«Poutine doit payer pour ses crimes»
Les dirigeants européens réagissent à la mort d'Alexeï Navalny

L'opposant au Kremlin Alexeï Navalny est mort vendredi en prison à l'âge de 47 ans. Ce décès suscite de nombreuses réactions dans le paysage politique européen. Si certains se gardent bien de critiquer le Kremlin, d'autres accusent directement Vladimir Poutine.
Publié: 16.02.2024 à 15:05 heures
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Selon les autorités russes, Navalny serait mort vendredi matin dans sa colonie pénitentiaire n°3.
Photo: keystone-sda.ch
Melissa Müller

Alexeï Navalny, sans doute le plus célèbre critique du Kremlin et opposant russe, est décédé. Selon les autorités russes, il serait mort vendredi matin dans sa colonie pénitentiaire n°3. Dans un message du service pénitentiaire, on peut toutefois lire que le politicien russe a commencé à «se sentir mal après une promenade». Il a alors «perdu connaissance presque immédiatement».

L'équipe d'Alexeï Navalny n'a pas encore confirmé le décès – et doute des informations russes. Le proche collaborateur du critique du Kremlin, Leonid Volkov, a ainsi écrit sur X: «Nous n'avons aucune raison de croire la propagande étatique. Je ne leur fais pas confiance pour un sou.» Selon lui, son ami n'est pas «mort», il faudrait plutôt dire «Poutine a tué Navalny».

La nouvelle fait les gros titres dans le monde entier. Avant même sa mort, on s'inquiétait déjà de la santé de cet ennemi du Kremlin. En effet, il avait déjà échappé de peu à la mort en 2020. Il avait alors été victime d'une attaque au poison. Après un séjour à l'hôpital en Allemagne, il est retourné en Russie. Il y a été arrêté, puis condamné à une longue peine de prison dans un camp pénitentiaire.

La France exprime ses condoléances

Stéphane Séjourné, ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, a exprimé sur X, au nom de la France, ses condoléances à la famille de Navalny et au peuple russe. Il a également écrit que Navalny avait payé de sa vie sa «résistance à un système d'oppression». «Sa mort dans une colonie pénitentiaire nous rappelle la réalité du régime de Vladimir Poutine», a-t-il ajouté.

Olaf Scholz et Zelensky tirent à boulets rouges sur le Kremlin

Le chancelier allemand Olaf Scholz a réagi avec horreur à ce rapport. «Nous savons maintenant très exactement quel est ce régime», a déclaré le politicien du SPD vendredi à Berlin. Lors d'une conférence de presse avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, il a rappelé comment Navalny s'était remis de l'attaque toxique en Allemagne et a vanté son grand courage pour retourner en Russie. «Et il a probablement payé ce courage maintenant, de sa vie.» Le chef de la CDU Friedrich Merz affirme également qu'Alexeï Navalny est rentré volontairement pour lutter pour la démocratie en Russie – et qu'il l'a payé de sa vie.

Olaf Scholz a poursuivi en disant que toute personne qui exprime des critiques en Russie et s'engage pour la démocratie doit craindre pour sa sécurité et sa vie. «Et c'est quelque chose de tout à fait terrible, également un signe de la manière dont la Russie a changé. Après les développements prometteurs, malheureusement déjà lointains, qui allaient dans le sens de la démocratie, ce n'est plus une démocratie depuis longtemps.»

Volodymyr Zelensky s'est exprimé de la même manière. Il a déclaré qu'il était «évident» que Navalny avait été tué par Poutine. Il demande en outre que Poutine soit tenu de rendre des comptes. Le chef du Kremlin doit «payer pour ses crimes».

«Poutine est un assassin»

Le ministre fédéral allemand de la Santé, Karl Lauterbach, a exprimé sa tristesse par X. «Aujourd'hui, on ne parle plus de héros. Mais pour moi, Navalny était un héros. Par sa résistance, il a fait comprendre au monde que Poutine est un criminel impitoyable au pouvoir», a-t-il écrit dans une contribution. Johannes Vogel, un politicien allemand du FDP, va plus loin. Il tient le président russe pour responsable. «C'est terrible. Personne ne doit jamais se tromper sur la brutalité mortelle du chef du Kremlin. Poutine est un assassin.»

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Omid Nouripour, président fédéral des Verts et député au Bundestag allemand, est, lui aussi, choqué – et part du principe qu'il s'agit d'un homicide. «Je suis consterné par la mort du critique du Kremlin, Navalny. Il a tenu tête à Poutine et à son régime corrompu et méprisant, a été injustement emprisonné pour cela et maintenant assassiné.»

La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a également pris la parole sur X. Sa déclaration laisse également entendre que le Kremlin pourrait être responsable de la mort: «Alexeï Navalny était, plus que tout autre, le symbole d'une Russie libre et démocratique. C'est précisément pour cela qu'il devait mourir.»

La Lettonie et la Norvège accusent le Kremlin

La Lettonie a également accusé le Kremlin de meurtre. Navalny a été «brutalement assassiné par le Kremlin», a déclaré le président Edgars Rinkēvičs vendredi, également sur X. «C'est un fait et quelque chose que l'on doit savoir sur la véritable nature du régime russe actuel.»

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Le gouvernement russe porte une «forte responsabilité» dans la mort de l'opposant au Kremlin, a écrit sur X le ministre norvégien des Affaires étrangères Espen Barth Eide.

Même en Russie: «Poutine porte une responsabilité personnelle»

Même en Russie, ce décès provoque des troubles. L'entrepreneur russe Mikhaïl Khodorkovski s'est exprimé par Telegram. Lui aussi accuse Poutine. «Selon les informations officielles du service pénitentiaire fédéral, Alexeï Navalny est mort aujourd'hui dans une colonie. Si cela est vrai, indépendamment de la raison formelle, Vladimir Poutine porte personnellement la responsabilité de cette mort prématurée, lui qui a d'abord autorisé l'empoisonnement d'Alexeï avant de le mettre en prison.»

Sunak se garde bien de critiquer le Kremlin

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak s'est certes montré profondément bouleversé, mais n'a pas porté d'accusations. «C'est une terrible nouvelle», a-t-il affirmé sur X. «En tant que défenseur le plus acharné de la démocratie russe, Alexeï Navalny a fait preuve d'un courage incroyable tout au long de sa vie», a poursuivi l'homme politique britannique. Ses pensées vont à l'épouse de Navalny et au peuple russe, pour qui cette mort est une «grande tragédie». De son côté, le chef de la diplomatie britannique David Cameron a averti vendredi que le président russe Vladimir Poutine devrait «rendre des comptes» pour la mort en prison d'Alexeï Navalny, rendant hommage au «courage» de l'opposant.

«Navalny a lutté avec courage contre la corruption. La Russie de Poutine a fabriqué des accusations contre lui, l'a empoisonné, l'a envoyé dans une colonie pénitentiaire dans l'Arctique et maintenant, il est mort tragiquement. Poutine doit rendre des comptes pour ce qui s'est passé, personne ne doit douter de la nature épouvantable de son régime», a déclaré David Cameron sur X.


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