Pour la première fois depuis 2011
Alep, la deuxième ville de Syrie, échappe au contrôle du régime selon une ONG

Une offensive rebelle éclair secoue la Syrie. Alep, ville clé, tombe aux mains des insurgés après des années sous contrôle du régime. L'Iran et la Russie, alliés de Damas, sont mis au défi par cette avancée qui redessine la carte du conflit.
Publié: 01.12.2024 à 13:44 heures
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Dernière mise à jour: 01.12.2024 à 14:48 heures
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Photo: OMAR HAJ KADOUR
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AFP Agence France-Presse

Alep, la deuxième ville de Syrie, n'est plus sous le contrôle du régime pour la première fois depuis 2011, a annoncé dimanche une ONG après une offensive fulgurante lancée par une coalition de groupes rebelles menée par des islamistes. Le président syrien Bachar al-Assad a promis après cette offensive d'utiliser la "force" pour éradiquer le "terrorisme".

Les combattants rebelles avaient lancé mercredi une offensive contre les forces gouvernementales, soutenues par la Russie et l'Iran, dans le nord-ouest de la Syrie, s'emparant de dizaines de localités avant de parvenir jusqu'à Alep, le poumon économique du pays, dominée par sa citadelle historique.

Le début de cette offensive a coïncidé avec l'entrée en vigueur d'une trêve au Liban entre Israël et le Hezbollah, allié de la Syrie et de l'Iran. Plus de 370 personnes au total ont été tuées, selon l'OSDH, une ONG basée au Royaume-Uni qui s'appuie sur un vaste réseau de sources en Syrie.

Ces combats sont les premiers de cette ampleur depuis 2020 en Syrie, où la guerre civile déclenchée en 2011, impliquant des belligérants soutenus par différentes puissances régionales et internationales, et des groupes jihadistes, a laissé un pays morcelé en différentes zones d'influence.

Avec l'appui militaire crucial de la Russie et de l'Iran, le régime syrien a lancé en 2015 une contre-offensive qui lui a permis de reprendre progressivement le contrôle d'une grande partie du pays, et en 2016 la totalité de la ville d'Alep.

Le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS) et ses alliés «contrôlent la ville d'Alep, à l'exception des quartiers contrôlés par les forces kurdes. Pour la première fois depuis le début du conflit en 2011, Alep est hors de contrôle des forces du régime syrien», a déclaré dimanche à l'AFP Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH.

En parallèle, des frappes orchestrées par l'aviation russe ont fait cinq morts ce dimanche près de l'université de la ville, ainsi que quatre autres victimes à Idleb, une ville du nord-ouest, selon l'ONG. "Nous avons entendu une explosion et les murs sont tombés sur nous. J'ai vu deux de mes petits-enfants près de moi et je les ai emmenés, a raconté à l'AFP sur son lit d'hôpital à Idleb une femme, Umm Mohamad mère de cinq enfants et qui a perdu sa belle-fille. 

«Sans aucune résistance»

Le HTS, dominé par l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, et des factions rebelles syriennes, certaines soutenues par la Turquie, avaient lancé mercredi une offensive depuis la région d'Idleb, voisine de celle d'Alep, leur dernier bastion échappant au régime.

Ils étaient entrés vendredi à Alep dont ils ont pris samedi la majeure partie «sans rencontrer de résistance significative», selon l'OSDH, atteignant la citadelle et s'emparant de bâtiments gouvernementaux, de prisons et de l'aéroport international.

L'ONG a fait état samedi de raids aériens russes sur Alep, les premiers depuis 2016. Les rebelles ont défilé dans les rues, installé leur drapeau devant un poste de police et déchiré un portrait de M. Assad, selon des images de l'AFP. Bachar al-Assad a assuré samedi que son pays était capable «de vaincre les terroristes».

Selon l'OSDH, les rebelles ont également progressé samedi dans les provinces d'Idleb et de Hama, prenant le contrôle de «dizaines de localités stratégiques sans aucune résistance».

L'armée syrienne a renforcé son déploiement autour de la ville de Hama, dans le centre du pays, a annoncé dimanche l'OSDH. L'armée a confirmé la présence de combattants hostiles au régime dans de «larges parties» d'Alep et déploré des «dizaines» de morts et de blessés dans l'offensive.

L'Iran «soutient fermement l'armée et le gouvernement» de ce pays, a affirmé dimanche son chef de la diplomatie, Abbas Araghchi, avant de partir pour Damas. Téhéran a en outre appelé samedi à une «coordination» avec Moscou face à cette offensive.

La Maison Blanche a jugé que le régime syrien subissait les conséquences de «son refus» de s'engager dans un dialogue politique et de sa «dépendance à la Russie et à l'Iran».

Le nord-ouest de la Syrie bénéficiait ces dernières années d'un calme précaire en vertu d'un cessez-le-feu parrainé par Moscou et Ankara, instauré après une offensive du régime en mars 2020.

Couvre-feu de 24 heures

Les rebelles ont instauré un couvre-feu de 24 heures à Alep, jusqu'à 17H00 dimanche (14H00 GMT), «pour assurer la sécurité des habitants».

«Les lignes du régime se sont effondrées à un rythme incroyable, qui a pris tout le monde par surprise», a estimé Dareen Khalifa, une experte de l'International Crisis Group.

Le HTS et les rebelles contrôlent des pans entiers de la province d'Idleb, ainsi que des secteurs des provinces d'Alep, de Hama et de Lattaquié. Pour leur part, les Kurdes de Syrie ont instauré une administration autonome dotée d'une force militaire dans de vastes régions du nord-est du pays.

L'armée turque, qui contrôle plusieurs zones du nord de la Syrie après en avoir expulsé les forces kurdes, avait appelé vendredi à mettre «fin» aux «attaques» sur Idleb après des raids russes et syriens.

Déclenchée en 2011 après la répression brutale de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie a fait un demi-million de morts.

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