Pour épauler Pedro Sanchez
En Espagne, un gouvernement au profil très «politique»

Reconduit à la tête d'un pays plus divisé que jamais, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a maintenu lundi à leur poste la plupart des poids lourds du gouvernement. L'opposition est elle remontée à bloc contre son projet controversé d'amnistie.
Publié: 20.11.2023 à 15:04 heures
Samedi, près de 170'000 personnes ont manifesté à Madrid à l'appel de la droite, en accusant Pedro Sánchez de «trahison».
Photo: Alicia Leon

«Au même titre que l'Europe et le monde, l'Espagne est confrontée à d'énormes défis», a justifié le chef de file socialiste, investi jeudi par le Parlement pour un nouveau mandat de quatre ans grâce à l'appui des indépendantistes catalans, en échange d'une amnistie pour les responsables de la tentative de sécession de la Catalogne en 2017.

Le nouveau gouvernement offre donc «un profil très politique», avec des ministres capables d'«offrir de la sécurité» et de «la stabilité au pays», a ajouté le responsable de 51 ans, en dévoilant les noms de ses 22 ministres, parmi lesquels figurent douze femmes.

Ce nouveau gouvernement Sánchez intègre cinq ministres issus des rangs de Sumar, plateforme d'extrême gauche dirigée par la communiste Yolanda Díaz, avec laquelle les socialistes ont conclu un accord de gouvernement et qui se voit elle-même reconduite au ministère du Travail.

Des poids lourds confirmés

Parmi les autres poids lourds confirmés à leur poste figurent le ministre des Affaires étrangères José Manuel Albares, la ministre de la Transition écologique Teresa Ribera, celle de la Défense Margarita Robles et celui de l'Intérieur Fernando Grande-Marlaska.

La ministre de l'Economie et vice-présidente sortante Nadia Calviño conserve également son portefeuille, dans l'attente de son éventuelle élection courant décembre à la présidence de la Banque européenne d'investissement (BEI).

Des membres du premier cercle de Sánchez se sont vus par ailleurs confier plus de responsabilités à l'image de la ministre du Budget Maria Jesus Montero, qui hérite de l'une des quatre vice-présidences de l'exécutif.

Felix Bolaños, jusqu'ici ministre de la Présidence, se retrouve lui à la tête d'un «super-ministère» élargi au portefeuille de la Justice après s'être fortement investi dans les négociations avec les indépendantistes catalans.

Parmi les nouveaux venus au sein de l'exécutif figurent deux proches de Yolanda Diaz, membres de Sumar: Ernest Urtasun, chargé de la Culture, et Mónica García, anesthésiste de formation, qui hérite de la Santé.

Le nouveau gouvernement Sánchez ne comprend en revanche aucun ministre issu de Podemos, formation de gauche radicale avec laquelle le socialiste gouvernait depuis trois ans sur fond de tensions récurrentes.

Podemos pas dans le gouvernement

Podemos n'est plus maintenant que l'une des composantes de Sumar et essaie tant bien que mal de maintenir son autonomie. Le parti, qui dispose de cinq députés, avait menacé ce week-end de ne pas soutenir l'exécutif en cas de «veto» à sa présence au sein du gouvernement.

«Podemos n'est pas présent dans le gouvernement parce que Pedro Sanchez et Yolanda Diaz ne l'ont pas souhaité, ni plus ni moins», a dénoncé lundi l'un des porte-paroles de cette formation, Pablo Fernandez, sans préciser à ce stade s'il allait continuer de soutenir l'exécutif.

Le nouveau gouvernement aura la lourde tâche d'apaiser le pays, confronté à de vives tensions en raison de la décision prise par Pedro Sánchez de concéder l'adoption prochaine d'une loi d'amnistie aux séparatistes catalans.

Sanchez accusé de «trahison»

Samedi, près de 170'000 personnes ont ainsi manifesté à Madrid à l'appel de la droite, en accusant Pedro Sánchez de «trahison». Et des rassemblements parfois émaillés de violences ont lieu quotidiennement, depuis plus de deux semaines, devant le siège du Parti socialiste à Madrid.

Ce nouvel exécutif «est un navire à la dérive qui fait le pari de la confrontation» entre les Espagnols, a dénoncé Borja Semper, le porte-parole du Parti Populaire (PP), principale formation de l'opposition de droite.

Et il «ne sera qu'une parenthèse», a voulu croire, dans le quotidien El Mundo, le chef du PP, Alberto Núñez Feijóo, arrivé en tête des élections de la fin juillet mais incapable de se hisser au pouvoir faute de soutiens suffisants au Parlement.

(ATS)

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