Polémique à Bornéo
Le rôle controversé de la Suisse dans le commerce mondial du charbon

Le groupe IMR, acteur majeur du commerce des matières premières, affirme ne plus être impliqué dans la déforestation de la forêt tropicale. Cependant, des preuves et enquêtes suscitent des doutes quant à cette déclaration.
Publié: 18.06.2023 à 06:04 heures
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Dernière mise à jour: 18.06.2023 à 08:30 heures
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Hans-Rudolf Wild est président du groupe zougois de matières premières IMR.
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Danny Schlumpf

La Suisse s'engage envers la neutralité climatique, exigeant une transition vers les énergies renouvelables et l'abandon des énergies fossiles. Cependant, en tant que plaque tournante mondiale, le pays abrite environ 250 entreprises qui tirent profit de l'extraction et du commerce du charbon. Des noms tels que Glencore, Suek et Trafigura ont leur siège à Zoug, Genève et Lugano.

La Suisse, plaque tournante mondiale pour les matières premières

La Suisse est responsable de 40% du commerce mondial du charbon, générant plus d'émissions de CO2 que les États-Unis, soit 5,4 milliards de tonnes par an. Malgré cela, les affaires prospèrent, car la demande est en constante augmentation. En 2022, la consommation mondiale de charbon a atteint huit millions de tonnes, un record jamais égalé. Les prix du charbon ont triplé par rapport à l'année précédente.

Parmi ceux qui profitent de cette situation se trouve Hans-Rudolf Wild, ancien président du PLR zougois, directeur et président du conseil d'administration d'IMR Holding, une société regroupant une vingtaine d'entreprises liées aux matières premières. Jusqu'en 2021, le groupe IMR possédait 49% de PT Borneo Prima, une entreprise minière qui déboise la forêt tropicale de l'île de Bornéo, en Asie du Sud-Est, pour extraire plus de deux millions de tonnes de charbon par an.

Les recherches des ONG suscitent des doutes

Suite aux enquêtes du SonntagsBlick, Hans-Rudolf Wild a déclaré en début d'année 2022 que son groupe IMR n'était plus impliqué dans le déboisement de la forêt de Bornéo. Cependant, les recherches menées par l'ONG Public Eye remettent en question cette affirmation. Les données des registres du commerce d'Indonésie et de Singapour révèlent que la participation a simplement été transférée au sein du groupe IMR à une autre société, IMR Asia Holding basée à Singapour.

IMR Asia Holding est dirigée par Anirudh Misra, un négociant en matières premières résidant à Londres, qui siège également au conseil d'administration et qui est l'ayant droit économique d'IMR Holding en Suisse, présidée par Hans-Rudolf Wild. De plus, la société IMR Metallurgical Resources AG, également présidée par Hans-Rudolf Wild, mentionne sur son site web «notre mine de charbon Prima en Indonésie».

Les preuves des inscriptions au registre du commerce, des liens personnels et des informations fournies par l'entreprise elle-même indiquent clairement une participation de l'entreprise suisse dans la mine de charbon de Bornéo. Cependant, Hans-Rudolf Wild nie toute implication, affirmant que IMR Holding AG, basée à Zoug, n'a actuellement aucune participation dans PT Borneo Prima, que ce soit directement ou par le biais d'une filiale.

Les groupes doivent prendre leurs responsabilités

Il est évident que la pression s'intensifie en Suisse pour que les entreprises assument leurs responsabilités. En 2020, 50,7% des électeurs suisses ont soutenu l'initiative sur la responsabilité des multinationales, bien qu'elle n'ait pas obtenu la majorité des cantons. La conseillère fédérale Karin Keller-Sutter a souligné la nécessité de dispositions internationales uniformes lors de la campagne de vote.

Ces dispositions sont maintenant disponibles grâce à la directive européenne sur la chaîne d'approvisionnement, adoptée début juin. Cette nouvelle mesure oblige les entreprises à respecter les droits de l'homme, à protéger l'environnement et à réduire les émissions de CO2 tout au long de leur chaîne d'approvisionnement.

Cela renforce la Coalition pour la responsabilité des multinationales en Suisse, qui lance des initiatives dans les cantons de Bâle-Ville et de Genève pour responsabiliser les entreprises. Une décision concernant le lancement d'une nouvelle initiative populaire à l'échelle nationale sera prise à l'automne.

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