Plus d'un million d'hommes
Poutine prévoit-il une méga-mobilisation pour le printemps?

Les craintes d'une deuxième vague de mobilisation en Russie s'intensifient. Les experts pensent que Vladimir Poutine veut enrôler beaucoup plus d'hommes qu'auparavant. Plus d'un million de personnes seraient concernées.
Publié: 25.11.2022 à 21:59 heures
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Depuis l'automne, Poutine a envoyé d'innombrables Russes à la guerre dans le cadre de la mobilisation.
Photo: Anadolu Agency via Getty Images
Anastasia Mamonova

Fin octobre, le ministère russe de la Défense avait annoncé la fin de la mobilisation partielle. Près de 300'000 hommes avaient rejoint les rangs des troupes russes. Est-ce vraiment la fin? Les Russes peuvent-ils enfin être soulagés? Il est possible que ce ne soit pas le cas.

Une guerre encore longue

Stefan Meister, un expert russe de la Société allemande de politique étrangère, assure que Vladimir Poutine a pour objectif d'«enrôler plus d'un million d'hommes» et de transformer le pays en une économie de guerre. «Je pars actuellement du principe que la Russie pourrait lancer une nouvelle offensive au printemps, lorsque les nouveaux soldats seront entraînés», déclare-t-il à «Focus». Ce qui aurait de graves conséquences pour les habitants du pays. La société devrait alors «se préparer à une guerre plus longue» et s'attendre à «déplorer davantage de victimes», ajoute-t-il.

Le gouvernement russe lui-même conteste depuis plusieurs jours la probabilité d'une mobilisation générale. Lundi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré qu'il n'y avait «aucune discussion» à Moscou sur une deuxième vague de mobilisation des réservistes. Entre-temps, le portail «Pravda», proche du Kremlin, a rapporté que Vladimir Poutine prévoyait d'annoncer une deuxième vague de mobilisation avant la fin de l'année. Là encore, Dmitri Peskov a démenti. Il déclare à l'agence de presse Ria Novosti que les informations concernant un discours du président sur la mobilisation sont fausses.

Le mécontentement grandit

La politologue russe renommée Ekaterina Schulmann s'est exprimée à ce sujet il y a quelques jours dans une interview à «Ostoroschno Novosti». «Si la mobilisation a été motivée par une nécessité militaire, le nombre de mobilisés doit être reconstitué à mesure qu'elle diminue, a-t-elle avancé. Et si c'était pour des raisons politiques, les gens pourront maintenant être tranquilles.»

Ekaterina Schulmann, politologue russe, pense qu'une deuxième vague serait possible.
Photo: Telegram

Car le mécontentement de la population depuis l'annonce de la mobilisation partielle ne cesse de croître. Notamment en raison du mauvais approvisionnement et de la mauvaise formation des soldats. «Il est clair qu'une deuxième vague de mobilisation serait beaucoup plus difficile à organiser et à gérer politiquement que la première, analyse la politologue. Les gens savent déjà où ils seront envoyés et ils connaissent le sort des personnes mobilisées jusqu'à présent.»

De plus, tous ceux qui voulaient partir à la guerre «par conviction, par naïveté ou par intérêt financier» y sont déjà. Ekaterina Schulmann précise que les hommes qui sont restés sont «les plus méfiants». Il sera donc difficile les traîner au bureau de recrutement.

Plus aucun matériels

Mais La mauvaise volonté des hommes n'est pas le seul facteur qui pourrait contrecarrer les potentiels plans de Vladimir Poutine. Le problème résiderait également dans les ressources organisationnelles et matérielles.

Le portail russe indépendant «Vjorstka» rapporte, en citant des sources au sein de la Douma et de l'administration présidentielle, qu'un scénario de mobilisation totale a certes été envisagé. Toutefois, ce plan serait difficilement réalisable dans les conditions actuelles, car l'argent et les capacités manquent pour approvisionner les Russes déjà mobilisés. «Il y a beaucoup de gens, mais pas assez d'armes, de gilets pare-balles, de sacs de couchage et de véhicules», explique une des sources.

C'est pourquoi on s'emploie désormais à «combler les trous» qui se sont formés lors de la préparation des biens de première nécessité pour les soldats ainsi que des armes et autres équipements. Parallèlement, des réformes sont en cours dans les bureaux de recrutement. La prochaine vague de mobilisation pourrait débuter juste après la fin de l'année.

Poutine s'arrêtera-t-il?

Le mécontentement de la population pourrait-il toutefois freiner Vladimir Poutine dans ses décisions? C'est une possibilité, suppute la politologue. «Nous voyons que le système politique russe aimerait survivre et ne pas se fracasser contre le mur. Même si nous observons également de telles tentatives.»

Elle fait tout de même remarquer que le Kremlin aurait pu supposer, même avant l'annonce de la première mobilisation, que la décision ne rencontrerait pas l'approbation de toute la population et qu'elle serait difficile à mettre en œuvre. Ce qui n'avait pas suffi à dissuader le chef du Kremlin. Une deuxième mobilisation n'est donc pas totalement exclue.

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