Pire que le canal de Suez
En Chine, le Covid paralyse le quatrième port à conteneurs du monde

Après le blocage du commerce mondial par le cargo échoué Ever Given, un nouvel évènement pourrait provoquer des goulets d'étranglements: la paralysie du port de fret chinois de Yantian.
Publié: 07.07.2021 à 11:47 heures
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Dernière mise à jour: 07.07.2021 à 11:48 heures
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Les conteneurs sont empilés dans le port de marchandises de Yantian.
Photo: Barcroft Media via Getty Images
Sarah Frattaroli, Jocelyn Daloz (adaptation)

The Ever Given est enfin en route pour l'Europe, avec toutefois un retard de plus de trois mois. Le porte-conteneurs de 400 mètres de long qui s'était échoué de manière spectaculaire dans le canal de Suez en mars avait bloqué des centaines de navires pendant plusieurs jours, ce qui avait eu des répercussions massives sur le commerce mondial.

Après avoir été dégagé du canal, rien n'aurait dû entraver la poursuite de son voyage, si ce n'était la bureaucratie. En effet, un conflit entre les autorités et la compagnie maritime japonaise sur les coûts du blocage et qui les supporterait s'est prolongé jusqu'au mardi 6 juillet. Un accord a toutefois été trouvé et le navire vogue vers le nord.

Image satellite du cargo bloquant le canal de Suez en mars 2021.

Un nouvel embouteillage dans le commerce international de marchandises

Si cet embouteillage de navire avait déjà démontré la fragilité du commerce mondial à flux tendu, un nouvel épisode risque à nouveau de le mettre à rude épreuve: la paralysie du port de marchandises chinois de Yiantian. Une épidémie parmi les dockers paralyse en effet les opérations du quatrième plus grand port à conteneurs du monde. Après une interruption complète, les cargos sont à nouveau manutentionnés, mais à un rythme réduit en raison des règles sanitaires mises en place. En conséquence, d'énormes embouteillages se forment au large.

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Un nouveau rapport de l'Institut Kiel pour l'économie mondiale conclut que 5% de la capacité mondiale des porte-conteneurs est actuellement bloquée en Chine. Reto Föllmi, chercheur en commerce international de l'université de Saint-Gall, estime que «le blocage de Yantian est pire que celui du canal de Suez.»

Ce pourrait être particulièrement vrai pour la Suisse: «La plupart des gens dans ce pays n'a jamais entendu le nom de Yantian jusqu'à récemment. Mais nous sommes beaucoup plus impliqués dans l'économie mondiale que d'autres pays, y compris nos voisins européens. Nous ressentons donc plus vivement le blocage.»

Les consommateurs pour l'instant épargnés

L'industrie suisse de la construction est particulièrement touchée. Pandémie et confinements ont déjà entraîné des interruptions de production dans les usines chinoises. Le blocage de Yantian ne fait qu'exacerber la situation, qui conduit à des augmentations de prix.

Les consommateurs suisses, en revanche, ne doivent pas craindre de se retrouver devant des rayons vides au supermarché, rassure Reto Föllmi. Du moins pas encore. La situation pourrait être différente à l'approche des fêtes de Noël. Car si les produits de Noël n'arrivent sur les rayons qu'à l'approche de l'hiver, les grandes surfaces s'approvisionnent déjà en été. Si le blocage en Chine n'est pas résolu rapidement, il pourrait faire des déçus le 25 décembre.

La «Silicon Valley de la Chine» souffre

Le risque est réel pour les achats de téléphone portable, de tablette ou d'ordinateurs. En effet, le port est à un jet de pierre de Shenzen, la métropole technologique surnommée la «Silicon Valley de la Chine».

Erik Hofman, expert en gestion de la chaîne d'approvisionnement à l'université de Saint-Gall, conseille aux utilisateurs de commander les cadeaux de Noël déjà maintenant: «Sinon, il n'y a aucune garantie que le produit sera disponible dans quelques mois.»

Les entreprises de logistique peuvent théoriquement réorienter leurs marchandises vers le transport aérien ou terrestre, si le blocage du port chinois se prolonge. Mais le transport par avion est au moins dix fois plus cher que par bateau, explique Erik Hofmann. En outre, «un conteneur d'expédition ne peut pas simplement être chargé sur un avion. Les marchandises doivent d'abord être chargées dans un autre conteneur. Cela prend du temps et coûte de l'argent.» Il est donc fort possible que nous ressentions bientôt les effets du blocage portuaire chinois dans nos propres portefeuilles.

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