Le président serbe Aleksandar Vucic a revendiqué dimanche soir la victoire de son parti (SNS, droite nationaliste) aux élections législatives avec plus de 46% des voix, un score en hausse par rapport au dernier scrutin, en avril 2022.
«Nous aurons la majorité absolue au Parlement avec 127 sièges» a-t-il déclaré en conférence de presse, en se fondant sur 76% des bulletins dépouillés. Les résultats officiels ne sont pas attendus avant lundi soir.
Des soupçons de fraudes
Omniprésent dans les médias, le président était de toutes les affiches, faisant de ces élections législatives et locales un référendum sur sa personne.
En face, une grande partie de l'opposition s'est réunie en coalition, sous la bannière «La Serbie contre la violence», du nom du mouvement né des manifestations monstres qui ont secoué le pays dès mai, après la mort de 19 personnes dans deux fusillades - dont une dans une école primaire.
Mais son chef de file, Radomir Lazovic, a dès le matin évoqué des irrégularités - affirmant qu'il s'agissait peut-être «du processus électoral le plus sale». «Achat de voix, fausses signatures... Mais j'espère que la volonté du peuple sera plus forte que la fraude, que nous allons gagner et que la Serbie ira dans une autre direction».
L'opposition a aussi affirmé dans la journée que des bus entiers étaient arrivés à Belgrade pour y faire voter des non-résidents.
«La plus grande préoccupation est causée par le plus grand nombre d'électeurs amenés d'autres endroits à Belgrade», a indiqué le Centre pour la recherche, la transparence et la responsabilité (CRTA), dont une équipe d'observateurs a affirmé avoir été attaquée à Odzaci (nord-est); «après avoir enregistré un cas de corruption électorale, où des dizaines de bulletins de vote ont été apportés aux bureaux des partis politiques, situés en face du bureau de vote».
Des accusations que la Première ministre, Ana Brnabic a balayées dans un post sur X.
Pas d'accord entre la Serbie et le Kosovo
Un peu plus de 6,5 millions de Serbes étaient appelés à voter, dont des Serbes du Kosovo. Plusieurs centaines ont passé la frontière pour venir voter, Pristina et Belgrade n'ayant pu trouver d'accord pour qu'ils puissent le faire dans leurs villes et villages.
Au niveau national la participation était à très peu de choses près la même que lors des dernières législatives, en 2022. A 18h, le taux de participation s'élevait à 51,9%, selon la commission électorale.
Lors de dernières élections législatives, couplées à des présidentielles et des municipales en avril 2022, le SNS et ses alliés avaient remporté 120 des 250 sièges au parlement, et Aleksandar Vucic avait été réélu pour un second mandat.
Mais après les fusillades de mai, l'opposition a réclamé de nouvelles législatives, que M. Vucic a convoquée début novembre, en espérant renforcer sa mainmise.
«Une vie sans peur des puissants»
Dans une campagne très courte, l'opposition a prôné «une vie sans peur des puissants», une société apaisée et une amélioration de la situation économique, dans un pays durement frappé par l'inflation, en particulier sur l'alimentation.
Le taux d'inflation annuel a dépassé les 15% au printemps, avant de décroître jusqu'à 8% en novembre. Le président a lui aussi fait campagne sur la lutte contre la hausse des prix, et promis dans les années à venir une hausse du salaire moyen pour atteindre 1.400 euros, et une augmentation des pensions de retraites à 650 euros.
En septembre, le salaire médian dans le pays était de 560 euros.
L'émergence des ultranationalistes
Mais cette campagne a surtout fini de consacrer le retour en politique de figures ultranationalistes du passé, dont notamment Vojislav Seselj.
Ce dernier, qui fut un mentor politique d'Aleksandar Vucic quand il était encore membre du Parti radical serbe (extrême droite), a été condamné pour crimes contre l'humanité par la justice internationale.
Il est aujourd'hui allié du SNS pour les élections locales à Belgrade.
Autre allié du président, le ministre serbe des Affaires étrangères, Ivica Dacic, a lui fait applaudir, pendant la campagne le petit-fils de Slobodan Milosevic, Marko, membre de son parti, le SPS (Parti socialiste serbe, qui fut aussi celui de Slobodan Milosevic, ndlr).