Nicolas Maduro, investi par le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) dont il est président, va se rendre en grande pompe lundi au CNE pour officialiser sa candidature à un troisième mandat de six ans. La date limite d'inscription des candidats est fixée à lundi et l'opposition ne sait toujours pas si elle pourra présenter un candidat à la présidentielle du 28 juillet, dans un paysage électoral complexe et changeant.
Le président vénézuélien entend faire une démonstration de force et des milliers de partisans, encadrés par un important dispositif sécuritaire, devraient l'accompagner au CNE.
«Ici, il n'y a qu'un seul destin: la victoire du peuple (...), quoi qu'ils (l'opposition et ennemis) fassent, quoi qu'ils disent, ils n'ont pas pu et ne pourront jamais nous battre», a-t-il lancé la semaine dernière.
Nicolas Maduro, 61 ans, est l'héritier du «chavisme», la doctrine de son prédécesseur Hugo Chavez (1999-2013) pour un «socialisme du XXIe siècle» basé sur des nationalisations, une forte présence de l'Etat et de l'appareil militaire.
Plus de 60 pays, dont les Etats-Unis, n'avaient pas reconnu sa réélection en 2018, boycottée par l'opposition.
Une inconnue de 80 ans pour défier Maduro
Sa rivale María Corina Machado a remporté haut la main les primaires de la coalition Plateforme unitaire démocratique (PUD), et semblait pouvoir rallier derrière elle l'ensemble de l'opposition.
Mais elle a été déclarée inéligible, accusée par le pouvoir de corruption et de soutenir une invasion étrangère. Accusations qu'elle a toujours niées.
Pour pallier cette inéligibilité, elle a désigné vendredi une inconnue au même prénom pour la remplacer: Corina Yoris, philosophe et professeure d'université de 80 ans. «C'est un honneur d'être la 'candidate déléguée'. J'espère que je saurai répondre à la confiance accordée», a-t-elle déclaré. «Nous allons mener ce combat ensemble», a rajouté María Corina Machado, qui restera le visage de la campagne.
Toutefois, la PUD n'a toujours pas réussi à inscrire Corina Yoris. Même constat pour Manuel Rosales, gouverneur de l'État pétrolier de Zulia, candidat à la présidence en 2006 et qui aspire aussi à affronter Maduro.
De nombreux analystes estiment que le pouvoir entend favoriser une candidature qui pour lui ne présente pas de risques. Il pourrait donc bloquer la candidature de Yoris comme il a bloqué celle de Machado.
«La PUD tient des réunions permanentes d'évaluation», a confié l'opposante Delsa Solorzano, sans vouloir confirmer que l'opposition cherche un plan C après le plan B Yoris.
L'opposition portée par María Corina Machado se heurte à un mur
Pour le moment l'opposition se heurte à un mur administratif. Tout candidat doit normalement s'inscrire préalablement sur le site web du CNE. Or, l'opposition assure ne pas avoir réussi à enregistrer la candidature.
«En ne me permettant pas d'enregistrer ma candidature à la présidence, mes droits de citoyen vénézuélien sont violés», a déclaré lors d'une conférence de presse lundi, Mme Yoris, assurant que son équipe s'était rendue physiquement au CNE pour tenter de débloquer la situation.
De nombreux observateurs estiment possible que le CNE n'accepte pas une candidature pouvant déplaire au pouvoir.
Pour le moment, neuf candidats qui se présentent comme des opposants, mais sont considérés par l'opposition comme des «scorpions» collaborateurs du pouvoir, sont inscrits. L'opposition estime qu'ils cherchent à diviser les votes lors de ce scrutin à un seul tour. La liste définitive des candidats ne sera pas rendue publique avant la fin avril.
(ATS)