Une camionnette blanche coupe la route à plusieurs voitures et se faufile sur la voie de gauche. Soudain, une première rangée allume ses feux de détresse. Les voitures freinent brusquement, et les portières s’ouvrent. Des activistes pour le climat du mouvement Soulèvement de la dernière génération («Letzte Generation», en allemand) sortent des véhicules. Mais cette fois-ci, ils ne courent pas se coller au sol... mais aux jantes de leurs voitures de location.
Grâce à cette stratégie audacieuse, les activistes ont réussi à paralyser lundi une autoroute à trois voies près de Berlin, l’autoroute A100. Et les automobilistes qui passaient par là ont bien sûr vu rouge, selon le quotidien allemand «Bild».
«Je dois passer par là!»
Des conducteurs ont sauté de leur quatre-roues dans l’espoir d’arrêter les manifestants. Certains sont devenus violents et ont même tenté de dégager les activistes de la route. Sans succès. Certains automobilistes ont complètement perdu les pédales. Sur une vidéo, on peut voir l’un des activistes se faire crier dessus. «Je dois passer par là!», hurle à pleins poumons un conducteur. Mais rien n’y fait. Fatalement, un embouteillage se forme.
La police a toutefois rapidement pu intervenir. Comme les activistes n’étaient pas sur la route, mais collés aux pneus, les forces de l’ordre ont simplement pu démonter les roues sur lesquelles les militants étaient collés. L'étape 1 a été exécutée en un clin d’œil. Mais les choses se sont ensuite un peu corsées lors de la seconde étape. Ils ont entrepris de les séparer des mains des activistes. Or, un mélange plutôt efficace de sable et de colle forte avait été utilisé, ce qui a rendu la tâche plus compliquée que prévu. Les agents ont néanmoins fini par réussir l'opération.
Précisons que le mouvement Soulèvement de la dernière génération n’a pas agi que sur l’autoroute A100 à ce moment-là. Des actions coordonnées ont eu lieu dans d’autres quartiers de Berlin afin de semer le chaos dans la circulation de la capitale allemande. De manière plus «classique», cette fois: des activistes se sont collés au bitume dans la rue, comme à leur habitude. Ils ont aussi été délogés par les forces de l’ordre berlinoises.
Les activistes du climat ne se laissent pas intimider par la prison
A quels risques s’exposent ces militants? Outre la colère des automobilistes, qui peut être violente – rappelons que l’un de leurs collègues s’était même fait rouler sur le pied à Berlin en février dernier –, ces activistes pour le climat peuvent écoper d’une peine privative de liberté. Mais ils s’accommodent en général volontiers de devoir faire un séjour derrière les barreaux pour leurs actions répétées. L’exemple de Carla Hinrichs, porte-parole du groupe climatique, le montre bien. Celle-ci a été condamnée la semaine dernière à deux mois de prison avec sursis. Mais elle et ses camarades ne se laisseront pas intimider, a-t-elle affirmé. Et ce ne sont pas que des paroles en l’air, ses actes le montrent: après le procès, elle est retournée fissa dans la rue.
De telles actions auront-elles bientôt lieu en Suisse? Pour l'heure, on l'ignore. Une demande de Blick auprès du mouvement de résistance climatique suisse «Renovate Switzerland» est restée sans réponse. L’un d’entre eux – le jeune Vaudois Nicolas, 30 ans – nous avait glissé l’an dernier que «c’était en prison qu’il se sentirait le plus utile».