Nouvelle ère à Washington
Podcasteurs et influenceurs investissent la salle de presse de la Maison Blanche

La Maison Blanche ouvre ses portes aux nouveaux médias. Cette décision marque un tournant dans la communication présidentielle, reflétant la méfiance croissante envers les médias traditionnels et l'essor des plateformes alternatives.
Publié: 10:47 heures
«Les médias sont certainement déconnectés», estime Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche.
Photo: keystone-sda.ch
Post carré.png
AFP Agence France-Presse

Les médias traditionnels sont-ils «déconnectés des Américains»? Le gouvernement de Donald Trump, qui les conspue régulièrement, a d'ores et déjà ouvert la Maison Blanche aux nouveaux médias, qui ont contribué à son élection. La première question posée lors d'un briefing à la Maison Blanche vendredi l'a été par un animateur de podcasts politiques, média choisi pour occuper un nouveau siège très convoité réservé aux nouveaux médias. Il s'est empressé de tirer sur la presse généraliste.

La Maison Blanche a reçu plus de 10'000 candidatures pour cette place, a expliqué sa porte-parole Karoline Leavitt, après avoir dévoilé une nouvelle politique qui permet aux podcasteurs et autres créateurs de contenus sur internet de demander des accréditations pour le siège en question à tour de rôle. «Il se pourrait qu'on doive agrandir un peu cette pièce», a-t-elle poursuivi avant d'accorder la première question au Ruthless Podcast, qu'elle a décrit comme l'un des plus influents des Etats-Unis.

Le mépris de Trump pour les médias traditionnels

Son animateur, John Ashbrook, a accusé les médias traditionnels de s'en prendre à l'administration du président républicain en raison de sa politique d'expulsion des migrants sans papiers. «Pensez-vous qu'ils sont déconnectés des Américains qui exigent une action sur notre crise frontalière?», a demandé John Ashbrook. Et Karoline Leavitt de répliquer aussi sec: «Les médias sont certainement déconnectés».

Les conférences de presse de la Maison Blanche ont longtemps été la chasse gardée de la presse traditionnelle, confrontée ces dernières années au recul de la confiance de l'opinion publique à mesure que les podcasteurs gagnent en popularité. Donald Trump lui-même n'a jamais fait mystère de son mépris pour les médias traditionnels qualifiés «d'ennemis du peuple».

Les complotistes veulent leur accréditation

Durant la campagne électorale, le milliardaire républicain a préféré parler aux podcasteurs de droite et aux personnalités favorables à son programme «MAGA», pour «Make America Great Again» (Rendre sa grandeur à l'Amérique, en français), plutôt qu'aux grandes chaînes de télévision. Karoline Leavitt a dit qu'elle demanderait des comptes aux journalistes pour ce qu'elle appelle leurs «mensonges» sur Donald Trump. Elle n'a pas expliqué comment les occupants du siège tournant des «nouveaux médias» seraient attribués.

Ces derniers jours, des figures du mouvement «MAGA», dont beaucoup sont accusées de colporter des théories du complot, ont exprimé leur intérêt pour une accréditation à la Maison Blanche.

«Il s'agit de conférences de presse, pas de rassemblements de supporters

Selon un sondage Gallup publié en octobre, les Américains témoignent d'un «faible niveau de confiance record» dans les médias traditionnels. Les spécialistes estiment que les Américains, en particulier les jeunes, se détournent des journaux traditionnels et des chaînes de télévision pour s'informer par le biais des réseaux sociaux, des podcasts et des blogs. Selon une étude réalisée en novembre par le Pew Research Center, environ un Américain sur cinq déclarent s'informer régulièrement auprès d'influenceurs.

Face à cette dynamique, personne ne devrait s'offusquer que la salle de briefing de la Maison Blanche soit accessible à des médias non traditionnels, estime Tom Jones, membre de Poynter, une organisation de journalisme et de recherche basée aux Etats-Unis. «Le problème cependant, c'est si ces nouvelles places à la Maison Blanche sont attribuées en fonction d'une allégeance servile à Trump et à +MAGA+» et à des gens «qui s'appellent médias simplement parce qu'ils ont un microphone ou un ordinateur portable», ajoute Tom Jones. Mais «il s'agit de conférences de presse, pas de rassemblements de supporters».


Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la