Une élection influencée par la Russie, dénonce la présidente
La Moldavie dirait finalement oui à l'UE, de justesse

Après une longue course en tête du «non», le «oui» à une adhésion à l'UE a pris le dessus lundi matin en Moldavie, selon les résultats quasi finaux. La présidente moldave Maia Sandu a accusé plus tôt la Russie d'avoir influencé les élections.
Publié: 21.10.2024 à 02:55 heures
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Dernière mise à jour: 21.10.2024 à 09:37 heures
«Des groupes criminels, agissant de concert avec des forces étrangères hostiles à nos intérêts nationaux, ont attaqué notre pays» a déclaré Maia Sandu à la presse, le visage grave.
Photo: keystone-sda.ch
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AFP Agence France-Presse

Dans un scrutin assombri par des accusations d'ingérence russe «catégoriquement» rejetées par le Kremlin, les électeurs ont approuvé à 50,08% l'inscription dans la Constitution de l'objectif européen, après dépouillement de plus de 98% des bulletins.

Le «non» a gardé une nette avance pendant plusieurs heures mais le décompte des bulletins de la diaspora a permis de renverser in extremis la tendance.

Dans sa première réaction officielle en pleine nuit, la cheffe d'Etat a dénoncé «une attaque sans précédent contre la démocratie» et promis de «ne pas plier». «Des groupes criminels, agissant de concert avec des forces étrangères hostiles à nos intérêts nationaux, ont attaqué notre pays à coups de dizaines de millions d'euros, de mensonges et de propagande» pour «piéger notre pays dans l'incertitude et l'instabilité», a déclaré Sandu à la presse, le visage grave.

Un deuxième tour prévu

Parallèlement, la candidate de 52 ans est arrivée en tête du premier tour de la présidentielle avec près de 42% des voix. Elle affrontera le 3 novembre Alexandr Stoianoglo, ex-procureur de 57 ans soutenu par les socialistes prorusses, qui fait mieux que prévu avec quelque 26% des suffrages.

Maia Sandu, qui a tourné le dos à Moscou après l'invasion de l'Ukraine voisine et porté à Bruxelles la candidature de son pays, avait convoqué ce référendum pour valider sa stratégie. Et déterminer le «destin» de cette ex-république soviétique de 2,6 millions d'habitants. Mais son pari semble avoir échoué.

Victoire loin d'être assurée à la présidentielle

Car même si le «oui» l'emporte finalement de justesse, ce résultat, sans remettre en cause les négociations avec les Vingt-Sept, «affaiblit en quelque sorte l'image pro-européenne de la population et le leadership de Maia Sandu», commente pour l'AFP le politologue français Florent Parmentier, spécialiste de la région.

Première femme à occuper, en 2020, les plus hautes fonctions, cette ex-économiste de la Banque mondiale à la réputation d'incorruptible est devenue en quatre ans une personnalité européenne de premier plan. Dans un environnement géopolitique compliqué, avec l'Ukraine en guerre et la Géorgie accusée de dérive autoritaire prorusse, la Moldavie donnait à Bruxelles matière à espérer, souligne l'expert.

Une inflation record

Or après ce revers, une victoire de Maia Sandu au second tour est loin d'être assurée. Alexandr Stoianoglo peut compter sur les réserves de voix de nombreux petits candidats «et le piège terrible du 'Tous contre Sandu'» risque de se refermer sur elle, selon l'analyste. Pendant la campagne, cet homme à l'allure sévère a appelé à «restaurer la justice» devant un pouvoir prêt selon l'opposition à brimer les droits et a plaidé pour une politique étrangère «équilibrée», de l'UE à la Russie.

Tout au long de la journée, les Moldaves ont répondu présent, y compris ceux originaires de la région séparatiste de Transnistrie, qui héberge une garnison de militaires russes. «Je suis venue donner ma voix pour la prospérité, la paix et le bien-être de notre pays», a dit Olga Cernega, économiste de 60 ans, croisée par l'AFP à Chisinau.

D'autres, comme ce juriste sexagénaire ne souhaitant donner que son prénom, Ghenadie, s'inquiétaient du tournant «occidental» de la Moldavie, d'une perte d'identité et jugent que le gouvernement actuel «a aggravé la situation», alors qu'une partie de la population a été appauvrie par une inflation record.

Système massif d'achats de voix

Entre opérations de corruption et de désinformation, la police a mené ces derniers mois 350 perquisitions et procédé à des centaines d'interpellations de suspects accusés de vouloir perturber le processus électoral pour le compte de Moscou. Un système massif d'achat de votes a été révélé, visant jusqu'à un quart des électeurs attendus aux urnes dans le pays de 2,6 millions d'habitants.

D'après le groupe de réflexion WatchDog, la Russie a dépensé une centaine de millions de dollars pour influer sur le scrutin. Avec, à la manoeuvre, l'oligarque Ilan Shor, réfugié à Moscou après une condamnation pour fraude. Sur les réseaux sociaux, il a ironisé sur «la déroute» de Maia Sandu et son «échec lamentable».

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